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Blog d'un condamné

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J-14

mercredi 19 juin 2013 à 16:25

Les soins palliatifs sont un endroit à part de l'hôpital. Il n'y a que des chambres individuelles, les visites sont autorisées à toute heure du jour ou de la nuit. Les infirmières sont accueillantes, prévenantes, attentives. Immédiatement, elles ont engagé la conversation, elles m'ont encouragé à me raconter. Qui suis-je ? Quelle est mon histoire ?

Il n'y pas d'urgence, pas de stress. Après tout, nous savons tous ce qui nous attend. En rigolant, j'ai dit que, dans ce service, rares devaient être les anciens patients qui se plaignaient. Une infirmière m'a très sérieusement expliqué que, contrairement à ce qu'on pourrait croire, certains patients rentraient chez eux voire allaient mieux et vivaient encore plusieurs mois ou plusieurs années.

Peut-être tentait-elle de m'encourager ? Quoiqu'il en soit, j'ai immédiatement perçu une impression de sérénité. Ici, les médicaments sont accessoires. On ne soigne pas la mécanique, on se contente de soulager la douleur. Le personnel s'occupe essentiellement de notre bien-être, de notre psychisme.

N'est-ce pas étonnant qu'il faille attendre que le corps soit définitivement condamné avant de s'occuper du bonheur personnel ? Les hôpitaux ne sont que le reflet de notre société, à l'image de la mécanique course après le confort matériel que furent mes 58 années de vie.

Oh, bien sûr, un certain confort est certainement nécessaire. Je ne suis pas de ces ascètes qui se nourrissent d'aumône et de prières. Peut-être que le sens de la vie est justement de trouver ce juste milieu, de se placer sur le continuum entre l'austère anachorète et le flamboyant milliardaire, celui pour qui chaque tressaillement de la bourse représente un ulcère.

J'arrive assez à bouger ma main pour que la frappe au clavier soit confortable. Finalement, être à l'hôpital, loin du quotidien, n'est pas une délivrance ? Une forme de vacances ? À moins que ce ne soit la morphine…

À demain…