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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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À propos de “Projet Crocodiles”

dimanche 12 avril 2015 à 14:23
Les liens de Kevin Merigot 12/04/2015
(mâle blanc cisgenre valide qui écrit ci-dessous, lisez et diffusez plutôt le lien original hein)

Oui, on fait des erreurs. Oui, il faut les relever, et s'en excuser le cas échéant. Ce n'est pas un exercice facile, mais c'est, à mon sens, le seul moyen de construire, ensemble, la société. Et la déconstruction de l'existant est un processus lent, qu'on accomplit chacun⋅e à un rythme différent (et, a priori, plus rapidement en fonction du nombre d'oppressions qu'on subit).

Nous sommes tous humains et nous avons tous une manière particulière de comprendre les choses. C'est aussi pour ça qu'on s'organise "en réseau", car on côtoie naturellement les personnes avec qui l'expression des idées et arguments correspond à notre façon de les recevoir (c'est d'ailleurs en cela le travail de fourmi du militantisme : faire passer un message de la manière dont l'interlocuteur est le plus susceptible de le prendre en compte, et ça ne se fait pas en 15 secondes, et c'est d'autant plus long que l'idée va à contre-courant du système en place).

Bien évidemment, la trahison est un des sentiments qui déclenche le plus de violence, parce que c'est l'un des plus durs. Et lorsqu'on voit quelqu'un se tromper dans sa lutte, on a tendance à penser qu'il s'agit d'infiltration, de trahison, de dévoiement. Parce que ça existe, que c'est destructeur, que ça rajoute à la souffrance. Parce que lorsque le système en place te fait sentir moins humain, il est difficile de considérer l'humanité de l'Autre, et que cette humanité, c'est fournit avec tout plein d'erreurs. Et lorsque c'est un dominant qui se trompe, ça renvoie à tout ça (là j'extrapole à partir de ressenti personnel, ça peut tout à fait être différent hein).

Lorsqu'on fait une erreur, on s'explique, on s'excuse, et on passe à autre chose (et on ne recommence pas !). Et on continue d'avancer ensemble, vers l'objectif commun, chacun⋅e avec son apport, sa vision, sa façon d'être, de parler, de comprendre, de transmettre. Ça n'exclue pas les prises de bec, les oppositions de courants farouches, les débats animés. Mais ça exclue de s'entre-déchirer.

Alors oui, c'est une vision presque de hippie, très certainement emprunte d'une vision des luttes du point de vue d'un dominant, et je peux très certainement me tromper, c'est même sûr, je me trompe tous les jours. C'est même une vision très personnelle, et qu'on ne peut donc pas détacher de ma propre condition, et de la façon dont j'aimerai, bien égoïstement, que soient traitées mes erreurs, mais je pense sincèrement, profondément, qu'à partir du moment où quelqu'un a "eu le déclic", ce n'est pas forcément la peine de lui tomber dessus aussi violemment qu'un oppresseur affirmé, d'autant plus lorsque l'erreur a été admise, comprise, expliquée et corrigée. On ne peut pas faire l'impasse sur cette question dès l'instant où on parle de Justice sociale. Même s'il ne faut cependant pas nier l'impact (je parlais du sentiment de trahison plus haut, par exemple) qu'une telle erreur peut avoir et donc la violence que ça peut être pour les opprimé⋅e⋅s (et de ce que ça implique dans la réparation de l'erreur).

C'est pourquoi je relaie cet "appel" à la "bienveillance radicale".
(Permalink)