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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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mercredi 18 novembre 2015 à 15:04
OpenNews
Oui et non. Effectivement, limiter ainsi la définition de la guerre est une erreur. Pour autant, la définition de la guerre est un conflit armé entre deux états, et uniquement cela. Je m'explique.

En effet, la guerre est devenue un objet juridique avec l'émergence du droit de la guerre au 20e siècle. Comme tout objet juridique, elle a une définition formelle, que j'ai simplifiée, mais qui correspond à celle donnée plus haut.

Mon texte parle de la différence entre la définition sémantique et la définition philosophique. Je pointe les dangers de croire la première plus légitime ou plus objective que la seconde. La définition de droit positif (c'est à dire de droit applicable ici et maintenant) est encore différente, dans son statut comme ses effets.

D'abord, elle a des conséquences factuelles directes, contrairement aux deux autres, puisque le droit est appliqué par la force par l'état ou par la communauté internationale. En l'espèce, les terroristes arrêtés ne vont pas être jugés pour crimes de guerre par un tribunal international, mais en France selon la loi française. Ainsi, cela montre bien que le gouvernement ne pense pas à la condition juridique de guerre mais à une définition de nature philosophique de la guerre.

Pour autant, on parle du président qui s'adresse au congrès, il y a donc une confusion entre le juridique et le philosophique qui est dangereuse.

De plus, on peut critiquer la thèse philosophique selon laquelle un attentat terroriste est un acte de guerre.

Cette thèse fait indéniablement partie du corpus théorique de l'extrême droite islamiste de l'EI, comme de notre (extrême) droite bien de chez nous, au sein du bloc conceptuel de civilisation. Ainsi, des gens s'imaginent que deux grandes civilisations existent, l'une judeo-chretienne, l'autre musulmanes, et que leur état naturel serait d'être en guerre. L'utilisation du concept de guerre, même hors de ce contexte, est déjà problématique puisqu'elle tend à legitimer ces thèses ches les fachos des deux côtés.

Même si l'on ne se place pas dans une optique civilisationnelle, parler de guerre suppose une reponse militaire par définition. Or, nous vivons encore dans un état de droit : mélanger les pouvoirs de police et les pouvoirs militaires est un des interdits fondamentaux de l'ordre démocratique, au même titre que de supprimer la séparation des pouvoirs.

Donc quand le pouvoir parle de guerre alors même qu'il réclame que l'on modifie le texte fondateur de la République Française, il y a dans tous les cas un mélange de démagogie, de porosité idéologique avec l'extrême droite et la droite nationaliste, et de reniement des principes fondamentaux de la démocratie.

S'opposer à l'usage d'un mot dans un contexte n'est pas nécessairement une erreur ou fallacieux. Ce peut être philosophique ou politique. On peut dire sans se déjuger que la guerre doit rester le terme juridique qu'elle est devenue.
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