UMPS — image - 426x367px - Le Hollandais Volant - Choses vues, sur le web et ailleurs - Le Hollandais Volant
jeudi 11 décembre 2014 à 10:07Choses vues, sur le web et ailleurs 11/12/2014
J'aime bien l'ironie de ta dernière phrase.
Mais sinon, non, une vérité proférée par un connard n'a pas la même portée que la même vérité proférée par quelqu'un d'autre. Je vais plagier Kevin mais tant pis : en trouvant des vérités dans les propos des connards (je vais être plus précis : dans les propos des frontistes et autres droitistes de l'extrême, nazillons, complotistes, soraliens...), cela légitime leurs propos et incite à se demander si les autres idées qu'ils avancent, finalement, n'auraient pas un peu de vrai aussi et, de proche en proche, à trouver du bon dans certains de leurs arguments. Et ainsi légitimer et renforcer leur position, etc. C'est même une assez bonne stratégie de leur part : glisser des choses vraies dans un discours truffé d'erreur et d'approximation, pour "semer le doute" : si A est vrai, alors sans doute B est-il vrai aussi, est peut-être que C est vrai... en bout de chaîne, on se dit que Z n'est peut-être pas si mal. Je ne dis pas que TOI tu vas être convaincu, mais c'est plus subtil que ça : on propage petit à petit ce type d'idées, elles se diffusent, elles infusent, elles finissent par être acceptées comme des évidences incontestables. Un pied dans la porte, puis une main...
Je pense que ton erreur est d'appliquer un mode de raisonnement scientifique, mathématique (si je dis que (a + b)² = a² + b² + 2ab, c'est vérifiable et ça reste vrai dans toutes les circonstances, même "sorti de la bouche d'un connard"), à des idées politiques où l'important n'est pas tant de savoir ce qui est dit, mais QUI le dit, ("d'où on le dit" dirait Kevin), de quelle position, dans quel but c'est dit. Les propos politiques ne sont jamais avancés pour faire progresser la science ou la société, mais pour faire triompher une idéologie.
Revenons à l'exemple "UMPS" : je pense moi-aussi que la politique économique menée par le PS au pouvoir et l'UMP sont sensiblement les mêmes, que leurs politiques migratoires ont sensiblement les mêmes conséquences, que leur vision d'internet, leur mépris des libertés individuelles sont tout aussi désastreuses et que la moralité/l'éthique de *certains* dirigeants de l'un et de l'autre parti est sujette à caution, pour ne pas dire autre chose. Pour résumer, nous avons affaire à deux partis de gouvernements qui partagent les mêmes "valeurs", le drame étant qu'une part croissante de la population qui les élit ne se reconnait plus dans ces valeurs.
Je peux très bien penser ceci, l'affirmer haut et fort pour le déplorer, mais pas souscrire pour autant aux idées de MLP et du FN. Par contre, si pour le dire je reprends la rhétorique frontiste ("tous pourris", "UMPS"), j'accorde de fait du crédit au discours du FN, et je le rends légitime sur ce point. Et si je sous-entend que le FN a raison sur ce point, pourquoi n'aurait-il pas raison sur autre chose, etc. (Cf. mon premier paragraphe.) Si je rejette les politiques menées par le PS et l'UMP, ce n'est pas la démocratie parlementaire que je rejette, ni le modèle républicain. Tout au plus je déplore l'absence de sens du devoir des représentants du peuple. Ce n'est un secret pour personne que l'objectif du FN est de remettre en cause les modèles républicain et parlementaire, les engagements européens et internationaux de la France et quelques joyeusetés racistes et liberticides qui nous ferons regretter amèrement la gabegie actuelle.
Quand le FN utilise l'expression "UMPS", c'est pour dire que ces deux partis n'en formeraient finalement qu'un seul, dont les deux entités se partageraient le pouvoir à tour de rôle et qu'on est bien cons de voter pour l'un ou pour l'autre... le sous-entendu étant évident : si vous voulez du vrai changement, votez pour le FN. Et c'est exactement ce que disent cette image et sa légende. Les reprendre telles quelles ne fait qu'aider à leur diffusion, et donc à leur légitimation, et donc à la légitimation des idées du FN, et donc de son inexorable progression vers le pouvoir, qui surviendra le jour où une majorité sera convaincue que "ils ne disent pas que des conneries".
(Permalink)
J'aime bien l'ironie de ta dernière phrase.
Mais sinon, non, une vérité proférée par un connard n'a pas la même portée que la même vérité proférée par quelqu'un d'autre. Je vais plagier Kevin mais tant pis : en trouvant des vérités dans les propos des connards (je vais être plus précis : dans les propos des frontistes et autres droitistes de l'extrême, nazillons, complotistes, soraliens...), cela légitime leurs propos et incite à se demander si les autres idées qu'ils avancent, finalement, n'auraient pas un peu de vrai aussi et, de proche en proche, à trouver du bon dans certains de leurs arguments. Et ainsi légitimer et renforcer leur position, etc. C'est même une assez bonne stratégie de leur part : glisser des choses vraies dans un discours truffé d'erreur et d'approximation, pour "semer le doute" : si A est vrai, alors sans doute B est-il vrai aussi, est peut-être que C est vrai... en bout de chaîne, on se dit que Z n'est peut-être pas si mal. Je ne dis pas que TOI tu vas être convaincu, mais c'est plus subtil que ça : on propage petit à petit ce type d'idées, elles se diffusent, elles infusent, elles finissent par être acceptées comme des évidences incontestables. Un pied dans la porte, puis une main...
Je pense que ton erreur est d'appliquer un mode de raisonnement scientifique, mathématique (si je dis que (a + b)² = a² + b² + 2ab, c'est vérifiable et ça reste vrai dans toutes les circonstances, même "sorti de la bouche d'un connard"), à des idées politiques où l'important n'est pas tant de savoir ce qui est dit, mais QUI le dit, ("d'où on le dit" dirait Kevin), de quelle position, dans quel but c'est dit. Les propos politiques ne sont jamais avancés pour faire progresser la science ou la société, mais pour faire triompher une idéologie.
Revenons à l'exemple "UMPS" : je pense moi-aussi que la politique économique menée par le PS au pouvoir et l'UMP sont sensiblement les mêmes, que leurs politiques migratoires ont sensiblement les mêmes conséquences, que leur vision d'internet, leur mépris des libertés individuelles sont tout aussi désastreuses et que la moralité/l'éthique de *certains* dirigeants de l'un et de l'autre parti est sujette à caution, pour ne pas dire autre chose. Pour résumer, nous avons affaire à deux partis de gouvernements qui partagent les mêmes "valeurs", le drame étant qu'une part croissante de la population qui les élit ne se reconnait plus dans ces valeurs.
Je peux très bien penser ceci, l'affirmer haut et fort pour le déplorer, mais pas souscrire pour autant aux idées de MLP et du FN. Par contre, si pour le dire je reprends la rhétorique frontiste ("tous pourris", "UMPS"), j'accorde de fait du crédit au discours du FN, et je le rends légitime sur ce point. Et si je sous-entend que le FN a raison sur ce point, pourquoi n'aurait-il pas raison sur autre chose, etc. (Cf. mon premier paragraphe.) Si je rejette les politiques menées par le PS et l'UMP, ce n'est pas la démocratie parlementaire que je rejette, ni le modèle républicain. Tout au plus je déplore l'absence de sens du devoir des représentants du peuple. Ce n'est un secret pour personne que l'objectif du FN est de remettre en cause les modèles républicain et parlementaire, les engagements européens et internationaux de la France et quelques joyeusetés racistes et liberticides qui nous ferons regretter amèrement la gabegie actuelle.
Quand le FN utilise l'expression "UMPS", c'est pour dire que ces deux partis n'en formeraient finalement qu'un seul, dont les deux entités se partageraient le pouvoir à tour de rôle et qu'on est bien cons de voter pour l'un ou pour l'autre... le sous-entendu étant évident : si vous voulez du vrai changement, votez pour le FN. Et c'est exactement ce que disent cette image et sa légende. Les reprendre telles quelles ne fait qu'aider à leur diffusion, et donc à leur légitimation, et donc à la légitimation des idées du FN, et donc de son inexorable progression vers le pouvoir, qui surviendra le jour où une majorité sera convaincue que "ils ne disent pas que des conneries".
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