PROJET AUTOBLOG


Shaarli - Les discussions de Shaarli

Archivé

Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

⇐ retour index

Technologie : avons-nous raison d’être critiques ? « InternetActu.net

mardi 31 mars 2015 à 00:17
Riff's Links 31/03/2015
Analyse par Hubert Guillaud d'un article récent (http://www.thebaffler.com/salvos/taming-tech-criticism) d'Evgueny Morozov, où celui-ci, pourtant connu pour ses positions critiques envers le solutionnisme technologique, cogne à raison sur une certaine forme de la critique techno...  Sérieux rappel à la réalité du monde social que peut parfois cacher les débats sur la techno :

"Morozov a longtemps cru que la critique de la technologie avait un sens. Elle pourrait révéler les slogans simplistes des gourous du secteur, leur penchant pour l’absence de friction, leur culte de la commodité et de la transparence totale, leur célébration de l’autonomie et de l’immédiateté… Au lieu d’avoir des envolées lyriques sur l’utilité de telle ou telle application, la critique de la technologie pourrait pointer du doigt les programmes politiques et économiques que la techno a aidé à adopter…

Mais Morozov ne semble plus y croire. “Aujourd’hui, il est évident pour moi que la critique de la technologie, si elle n’est pas couplée à un projet de transformation social radical, n’atteint pas son but”. Il est plus simple de discuter sans fin de notre dépendance excessive à nos téléphones et à leurs applications. Comment pouvons-nous être si aveugles aux effets profondément aliénants de la technologie moderne ?, répètent les critiques de la technologie. Leurs réponses qui visent à nous culpabiliser se révèlent être insupportablement moralisatrices et oublient de regarder les raisons qui nous poussent à utiliser la technologie, c’est-à-dire les rapports économiques, sociaux et politiques à l’oeuvre. En fait, l’édifice même de la critique de la technologie repose sur la réticence de cette critique à reconnaître que chaque gadget ou application n’est qu’un élément d’une matrice plus large de relations sociales, culturelles, économiques et politiques. Pour trop de critiques, nos problèmes ne viennent que de mauvaises idées que nous pouvons avoir sur la technologie, jamais des erreurs de notre organisation sociale et politique. Si tout le monde critique les gadgets, qui s’intéresse aux conceptions politiques et économiques qu’ils recouvrent ?"

[...]

"En fait, l’expertise technologique s’avère périphérique, marginale, pour répondre à cette question. La plupart des experts des technologies ne sont pas intéressés par ces réponses. “Libérés de toute inclination radicale, ils prennent la réalité institutionnelle et politique telle qu’elle est”, mais, sentant que quelque chose ne va pas, ils proposent des solutions ingénieuses ou demandent à chacun d’internaliser les coûts de toutes les horreurs qui sont autour d’eux, parce que celles-ci proviennent probablement de leur manque de maîtrise de soi… “En reléguant les problèmes sociaux et politiques au seul niveau des individus (il n’y a pas de société, seulement des individus et leurs gadgets), la critique de la technologie est finalement à l’avant-garde théorique du projet néolibéral” que porte le système technique."

[...]

"Au mieux, le projet de Carr et de nombreux autres critiques de la technologie, de prendre mieux en compte l’humain, pourrait réussir à produire un autre Google. “Mais son manque d’ambition est lui-même un témoignage du triste état de la politique aujourd’hui. C’est principalement dans le marché des fournisseurs de technologie, et non plus dans le domaine politique que nous cherchons des solutions à nos problèmes. Un Google plus humain n’est pas nécessairement une bonne chose, au moins, pas si ce projet d’humanisation ne cesse de nous distraire de tâches politiques plus fondamentales. Mais les critiques de la technologie ne s’en soucient pas. Leur travail consiste juste à écrire sur Google”… Pas à remettre la marche du monde en question. "
(Permalink)