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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Steve Albini, le problème est résolu | Mowno

jeudi 27 novembre 2014 à 20:41
Nekoblog.org :: Marque-pages 27/11/2014
Transcription d'un excellent discours de Steve Albini (Shellac, producteur de plus d'un millier de disques dont Nirvana, les Pixies, Neurosis, etc.) autour de l'état du marché de la musique pré et post internet. C'est très complet, tout y passe, les maisons de disques parasites et limites mafieuses, les artistes sous-payés, le CD qui devient un outil de promotion du live alors que c'était l'inverse auparavant, le copyright madness, le domaine public et j'en oublie.

C'est long mais c'est vraiment à lire. Et comme me le disait un pote, ce sont effectivement pas mal de choses dont bcp étaient déjà conscients, mais l'entendre de la bouche d'un professionnel de la musique aussi accompli qu'Albini, ça fait du bien.

Quelques extraits tout de même :

« (Les coûts) engendrés par la fabrication d’un disque n’étaient pas pris en charge par les labels, si ce n’est au tout début du projet, mais étaient amortis et récupérés sur les revenus que les groupes tiraient de leurs royalties. (...) En fait, toute dépense qui pouvait être associée à un groupe ou un disque était finalement payée par le groupe, et non par le label. En optant pour le CD plutôt que le vinyle comme support dominant, les labels ont pu facilement vendre un objet pratique, compact, que l’on puisse écouter sans problème. Leurs marges bénéficiaires ont alors explosé et – le CD se vendant deux fois plus cher que le vinyle alors que ses coûts de fabrication, d’envoi et de stockage étaient bien moindre – l’argent coulait à flot. »

« De deux choses l’une: soit l’argent était donné en termes de royalties au groupe qui l’aurait dépensé en dehors du système, dans des maisons, de l’alimentaire ou dans des études; soit il était offert à d’autres intervenants de l’industrie, ce qui ne faisait qu’accroitre l’influence et le prestige du généreux donateur. C’est comme si votre patron, plutôt que de vous donner votre salaire, le filait en votre nom à des amis ou des associés. »

« Vous avez peut être remarqué que, dans ma description du marché de masse et de l’industrie de l’ère pré-internet, j’ai peu fait allusion au public et aux groupes. Ces deux extrémités du spectre étaient alors difficilement considérées par le reste du business. »

« Il y a quelques années, mon groupe a monté une tournée en Europe de l’Est. Nous sommes allés en République Tchèque, en Pologne, en Croatie, en Slovénie, en Macédoine, en Bulgarie, jusqu’en Turquie. (...) On a joué devant des salles combles, de même taille qu’ailleurs, et le public semblait familier avec notre musique. La grosse différence est que chacune des villes visitées n’a littéralement jamais vendu le moindre de nos disques. 100% de notre renommée là-bas s’est faite de manière informelle, par le biais d’internet ou de la main à la main. »

« L’ancien système était pensé par l’industrie dans le but de servir ses propres pions. Le nouveau, celui ou la musique est partagée de manière informelle et ou les groupes sont en contact direct avec leurs fans, l’a été par les groupes et les fans, sur le modèle de l’ancien underground. »

« En parallèle, les revenus des groupes générés par le live ont également augmenté. Le mien, par exemple, joue depuis 20 ans dans quasiment toujours les mêmes salles. Je devine que vous vous dites que notre public en a marre, pourtant certaines d’entre elles nous payent plus qu’il y a 10 ou 15 ans. Il arrive qu’on nous paye maintenant 4000 ou 5000 quand elles nous payaient 400 ou 500. »

« Les consommateurs (...) est ce qu’ils ont déjà eu leur mot à dire quand leur musique a été compressée, taguée, protégée contre la copie, ou rendue effaçable? Est ce qu’ils ont eu le choix quand iTunes a automatiquement téléchargé le nouvel album de U2 dans leur discothèque? Bien sûr que non. Toutes ces choses ont été décidées, et nous avons dû nous y soumettre. N’avoir plus qu’à se plaindre ou se rebeller n’est pas la même chose que d’être impliqué dans des décisions. »

« Je ne pleure donc pas la perte de ces grands bureaux inefficaces qui ont disparu durant cette mutation, même si je suppose que certaines personnes sont au chômage. Mais il s’est passé la même chose quand l’automobile a remplacé le cheval: tous les forgerons ont dû s’adapter, passer leur temps à faire des portes de jardin plutôt de des fers de chevaux. »

(via http://links.aurem.org/?uPO2FQ)
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