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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Simple divertissement ? - Merlanfrit

jeudi 24 septembre 2015 à 22:47
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"Le cinéma et le jeu vidéo sont tous deux porteurs d’idéologie, dans le sens où leurs images et leurs récits ne reproduisent pas le réel tel quel, mais résultent d’un processus de fabrication qui est déterminé par des a priori esthétiques, économiques et/ou idéologiques. Par exemple, la construction du récit autour d’un (ou plusieurs) protagoniste(s), qui est une convention dans la quasi-totalité de la production occidentale, peut être interprétée comme le relais de l’idéologie de notre société selon laquelle ce sont les individus – les « grands hommes » – qui font l’histoire. Il serait pourtant possible d’imaginer des récits sans protagoniste, mettant en scène des groupes ou des foules, comme a pu le faire le cinéma russe post-révolutionnaire.

Si le jeu vidéo est un aussi bon conducteur d’idéologie, c’est parce qu’il plonge le joueur dans un état de concentration et d’investissement émotionnel, atténuant son recul et sa distance critique, le rendant d’autant plus sensible à ces schématisations. L’idéologie, en tant que système de représentation, n’a pas besoin d’être verbalisée, et peut donc être transmise sans récit. Le jeu vidéo y substitue nombre d’autres supports, moins perceptibles, tels que le level design, le décor, le graphisme, voire le gameplay.

Ce qui choque de premier abord dans l’analyse du médium comme construction idéologique, c’est qu’elle infirme le « naturel » de certains processus. En effet, la pensée libérale portée par les industries culturelles [6] se veut universelle et transparente, car c’est bien connu, les entreprises ne font pas de politique [7]. Elles n’y auraient aucun intérêt, puisqu’un message à caractère politique pourrait les couper d’une partie de leur public. L’idéologie prônée est donc imperceptible, non seulement parce qu’elle est niée par les concepteurs et par une partie du public, mais surtout parce qu’elle s’accompagne d’une esthétique de la transparence."
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