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Simenon le facho

lundi 28 septembre 2015 à 17:14
Choses vues, sur le web et ailleurs
Dans la série "le saviez-tu", l'information du jour : Simenon avait un frère. Un salaud, un collabo, un assassin, qui a participé l'arme à la main à des représailles aux côtés des nazis.

L'écrivain belge Patrick Roegiers lui consacre un livre qui sort ces jours-ci, fort judicieusement intitulé "l'autre Simenon", tant il est vrai que peu de personnes avaient entendu parler du cadet maléfique (ce n'est pas forcément une référence, mais la fiche Wikipédia de Simenon ne l'évoque même pas) ; et que le Simenon connu a aussi sa part d'ombre.

Le salaud d'abord : "Engagé, dès le début de l’Occupation allemande en Belgique, dans la collaboration avec le parti catholique d’extrême droite Rex, que Léon Degrelle avait fondé afin de «rendre toute sa pureté à la race wallonne», il participa, un revolver à la main, au massacre de Courcelles, en août 1944." Condamné à mort par contumace, il s'engage dans la Légion, et meurt en Indochine à 41 ans.

Mais le si respectable grand frère vaut-il mieux ?
"Georges Simenon a fait preuve durant la guerre d’un opportunisme accablant, et d’une habileté redoutable. Il mène la vie de château en Vendée, avec sa femme et sa maîtresse. Il reçoit des officiers de la Wehrmacht au château de Terre-Neuve, il apprend l’allemand en 1942, il gagne plus d’argent pendant la guerre qu’avant, il est l’auteur le plus adapté au cinéma durant cette période avec cinq films, il cède les droits d’exclusivité de Maigret à la Continental pour 500 000 francs et une durée de trois ans, il accorde des interviews à La Légia, journal collaborationniste, publie les bonnes feuilles de Pedigree, et pose souriant à côté de ses melons. Il fréquente des bordels de luxe où paonnent collaborateurs et gestapistes de la rue Lauriston. A la fin de la guerre, il est sévèrement menacé et craint pour sa vie. Il s’en sort miraculeusement grâce à ses appuis. Il quitte l’Europe en 1950 et aboutit en Suisse où il restera trente-deux ans."

Comprenons-nous bien : ce ne sont ni les putes, ni le fric, ni les belles bagnoles qui sont choquantes, Simenon n'ayant jamais caché ni écrire pour devenir célèbre et riche, ni être un baiseur compulsif (faut quand même dire les choses comme elles sont). Ce que cet extrait de l'interview de l'auteur fait plus que suggérer, c'est que Simenon, pas engagé dans un parti pro-hitlérien comme son cadet, était a minima extrêmement tolérant vis à vis du nazisme, pour ne pas dire autre chose.

Cependant, les Siméoniens fervents, junior en tête, s'emportent sur ce qu'ils considèrent être des "contre-vérités" et des affabulations. Alors ? L'auteur a t-il des comptes à régler avec Simenon, ou toutes les vérités ne sont-elles pas bonnes à entendre ? Affaire à suivre.

Sources :
http://www.tdg.ch/culture/livres/Il-y-avait-deux-Simenon-le-cadet-fasciste-et-l-ecrivain-ambigu/story/20915904
http://bibliobs.nouvelobs.com/critique/20150828.OBS4879/simenon-le-collabo.html
http://culturebox.francetvinfo.fr/livres/polemique-autour-du-roman-de-patrick-roegiers-sur-le-frere-damne-de-simenon-228203
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