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Signal « Blog Archive » EU.org, les métadonnées et la loi renseignement

samedi 18 juillet 2015 à 11:02

Après avoir écrit ce billet http://signal.eu.org/blog/2015/04/18/pourquoi-la-loi-renseignement-instaure-une-surveillance-de-masse/ sur la surveillance de masse comparée aux écoutes téléphoniques classiques, je ressens la nécessité de revenir en détail sur le communiqué de eu.org http://eu.org/fr/loirens.html , en particulier l’extrait ci-dessous sur ses motifs :

   En effet, cette loi — dont le texte http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta-pdf/2697-p.pdf doit encore être voté définitivement à l’assemblée le 5 mai 2015, puis au sénat — instaure une surveillance légale systématique du trafic Internet par les services de renseignement français, dans des conditions d’opacité complète, sous la seule responsabilité de l’exécutif, sans contre-pouvoir.

   Ce trafic inclut notamment des requêtes de résolution DNS des utilisateurs accédant aux 28 000 domaines délégués par Eu.org.

   Eu.org ne peut moralement laisser en toute connaissance de cause le trafic de ses utilisateurs — incluant des sites d’activisme politique dans le monde entier — et, par ricochet, le trafic d’accès de leurs propres utilisateurs, exposé à de telles écoutes.

Ces éléments méritent d’être développés car ils ne touchent pas tout à fait aux mêmes sujets que l’hébergement web proprement dit. Ils concernent :

   le trafic DNS, et la question de son chiffrement
   les méta-données
   la localisation des serveurs EU.org

Elles sont au cœur du projet de loi sur le renseignement.

[...]

Les spécificités de la loi renseignement française

La plupart des pays démocratiques pratiquent des écoutes, mais ce sont généralement des écoutes légales ciblées, sur le modèle déjà évoqué des écoutes téléphoniques, et encadrées par une décision judiciaire préalable.

En aucun cas — dans les pays démocratiques — il ne s’agit, comme le gouvernement souhaite le faire en France, d’écoutes légales et sans autorisation judiciaire a priori et systématiques (en masse), et même destinées à détecter des comportements parfaitement légaux mais “déviants”.

Je parle bien ici de la loi et non des décrets et mises en œuvre techniques, qui promettent à ce jour un cadre plus restreint que ne le permettra la loi elle-même, mais ne disent rien de mesures encore plus intrusives qui pourraient être déployées ultérieurement sans nécessité de retour au parlement.

Il peut exister parfois, n’importe où, et comme l’affaire Snowden/NSA l’a montré, des écoutes illégales ou découlant d’une interprétation très extensive de la loi, contre lesquelles il est difficile de se prémunir.

Mais mieux vaut, à mon avis, risquer ce genre d’écoute dans un pays où elles sont explicitement illégales que dans un pays où elles sont explicitement légales.
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