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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Quand les nazis annexaient l’Antiquité - La Vie des idées

samedi 21 mars 2015 à 12:59
Riff's Links 21/03/2015
Pour aller avec les réflexions de Nicolas Lebourg sur la construction et les usages de la mémoire (cf http://www.seven-ash-street.fr/links/?qNW9Ng)...

"L’histoire va jouer un rôle central dans la représentation que le nouveau régime donne de lui-même : le paradoxe d’un « troisième humanisme » élaboré pour l’occasion illustre toute sa force performative. C’est en effet l’histoire elle-même et, à travers elle, la corporation des historiens qui se trouvent ici interrogées et mises sur la sellette. Les historiens se prêtèrent sans difficulté aux divagations du nouveau régime, là où les spécialistes des langues classiques et quelques philosophes opposèrent parfois une résistance plus durable, même si les prémisses existaient depuis les débuts de la République de Weimar qui contribuèrent à asseoir sans trop de difficultés la férule du nouveau pouvoir sur l’Université. Mais, plus encore, la force performative du discours historique le transforme en redoutable allié d’une idéologie totalitaire dès lors que celle-ci le dépouille de ses instruments critiques. Ce sont ces dangers que met en lumière le travail de Chapoutot. Une fois la réalité historique épurée, une fois l’histoire privée de son fondement scientifique basé sur la validation des faits, rien ne s’oppose plus à la voir réduite au seul pouvoir interprétatif, d’autant plus puissant qu’il se met au service d’une force politique. Elle se réduit alors à n’être plus qu’un simple réservoir de maximes disponibles à tout moment pour l’homme d’État, tandis que la politique se veut l’illustration de l’« histoire en devenir ». Elle cesse d’être le récit d’un passé révolu mais devient le modèle du présent et le moule de l’avenir."
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