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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Peine de mort : les couloirs de l’angoisse (ACAT France)

mardi 21 octobre 2014 à 09:06
Nagumo, le 21/10/2014 à 09:06
Iwao Hakamada a été remis en liberté au bout de 46 ans. 46 ans à attendre la mort. 46 ans pendant lesquels il a perdu la raison.
Traitement ignoble et indigne de la part d'un pays tel que le Japon.

Il faut savoir qu'au Japon ce sont les aveux qui passent avant les preuves. Et pour avoir des aveux, les policiers japonais ont un bel arsenal à leur disposition, le système des Daiyo Kangoku (« prisons de substitution » : centres de détention provisoire gérés par les forces de police et non par l’administration pénitentiaire).

Pour en savoir davantage sur la peine de mort au Japon :
http://www.unmondetortionnaire.com/Japon#lire

"Le système des Daiyo Kangoku (« prisons de substitution » : centres de détention provisoire gérés par les forces de police et non par l’administration pénitentiaire) permet aux policiers de détenir un suspect jusqu’à vingt-trois jours, avec un accès limité à un avocat et sans contrôle judiciaire, et de l’interroger sans restriction de durée afin d’obtenir des aveux. Les cellules qui se trouvent dans les postes de police ne sont pas adaptées à un long séjour et ne peuvent garantir des conditions de détention satisfaisantes. La torture physique reste rarement employée, même si l’utilisation de méthodes telles que les coups de pieds, la privation de sommeil, les positions de stress, la privation d’eau et de nourriture ont été rapportées. En revanche, les pressions psychologiques, les interrogatoires prolongés, les humiliations, les menaces – notamment sur la réputation, dans un pays où il est insupportable de « perdre la face » – sont largement répandus.

Cette procédure mène à des faux témoignages, ce qui pose d’autant plus problème que les tribunaux japonais ont tendance à accorder une très grande importance aux aveux. Le cas d’Iwao Hakamada, qui attend son exécution depuis quarante-cinq ans, est exemplaire. Condamné sur la base de confessions faites après vingt jours de détention sans avocat, il clame que son aveu lui a été arraché sous les coups et les menaces, lors de séances d’interrogatoire qui ont parfois duré plus de seize heures par jour. Par ailleurs, il semble aujourd’hui que les preuves retenues contre lui ont été fabriquées par la police. Govinda Prasad Mainali, Népalais condamné en 1997 pour meurtre, a expérimenté la même situation. Lors de sa détention, il n’a pas eu accès à un avocat et a avoué le crime après avoir été frappé à coups de poing et de pied. Il n’a été reconnu innocent qu’après quinze ans de prison.

Le gouvernement japonais n’a jusqu’à présent pris aucune mesure pour réformer le système des Daiyo Kangoku. En juin 2013, seize ONG ont demandé au gouvernement d’instaurer l’enregistrement audio et vidéo des interrogatoires."

EDIT du même jour :
Vous êtes étranger et vous avez maille à partir avec la police japonaise. Même si vous maîtrisez le japonais à la perfection, ne le dites pas et demandez l'assistance de votre ambassade qui enverra un traducteur.
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Sammy Fisher Jr > Nagumo, le 21/10/2014 à 15:26
Lisez ce que dit Nagumo :/
(Permalink)

Kevin Merigot > Nagumo, le 21/10/2014 à 17:48
Moi qui m'insurge contre le régime de la garde à vue en France, je dois bien avouer que là je reste un peu sur le cul.

Je connais assez mal la culture japonaise, et je tenais le Japon pour un pays civilisé (avec un grand fossé entre les anciennes et les nouvelles générations, que l'on veut faire passer pour un conflit de générations mais qui est bien plus profond que ça et amène des questions bien plus globales, mais c'est une autre histoire dont des camarades parlent beaucoup mieux que moi).

C'est affligeant.

Là il ne s'agit pas d'arriver à se taire pendant 24h (ce qui est déjà assez compliqué, l'humain étant un animal social) mais pendant 23 jours, dans des conditions de détention atroces, dans un pays où les aveux semblent compter plus que les preuves.

Comme le souligne Nagumo donc : si vous devez avoir à faire à la police japonaise, demandez un interprète (à votre ambassade) même si vous parlez parfaitement le japonais : l'interprète devra toujours être là lors des interrogatoires, vous conférant une petite protection.

(globalement, ça marche pour tous les pays : vous ne parlez pas la langue, vous avez besoin de traduction dans votre langue maternelle, point)

Et ça vaut aussi pour les étrangers en France : demandez un interprète. Un document vous informant de vos droits est disponible en 16 langues (allemand, anglais, arabe, cantonais, espagnol, hongrois, italien, mandarin, néerlandais, peul, polonais, portugais, roumain, russe, slovaque et tchèque) et la police dispose d'un accès à des interprètes dans toutes ces langues et de nombreuses autres.
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