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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Outils de considération de la prostitution | postblue

mercredi 3 juin 2015 à 13:30
Liens des pleutres 03/06/2015
Copie de mon commentaire :
« Je suis assez d'accord sur le fait qu'a priori, le travail du sexe pourrait être vu comme "un travail comme un autre". Les travailleu⋅r⋅se⋅s vendent leur temps et leur force de travail à leur patron, les prostitué⋅e⋅s vendent leur temps et leur corps à leurs client⋅e⋅s. Je suis également partisan de se méfier de la notoriété publique.

Mais d'après les chiffres de http://www.ouvertures.net/prostitution-en-france-portrait-en-chiffres-et-en-lettres/, la réalité de la prostitution est loin de se conformer à un idéal de l'exercice de liberté dans l'utilisation de son corps par des individus.
Au contraire, elle confirme l'écrasante majorité de la prostitution des femmes (et la minorité masculine serait majoritairement transgenre), une domination des réseaux d'exploitation sexuelle, une écrasante majorité de prostituées étrangères.
Donc l'analogie entre la prostitution et un quelconque autre travail salarié ou indépendant a ses limites qu'il serait indécent de nier. L'hypothèse selon laquelle les prostituées ne font qu'exercer leur "liberté sexuelle" et leur "liberté d'entreprendre" se heurte à la réalité sociale.

« Faire travailler mon sexe ou mes bras m'est égal, je ne sacralise pas la sexualité comme si jamais elle ne pouvait être l'œuvre d'un travail et de professionnels, j'aurais peut-être même tendance à préférer le travail le plus rentable et le moins harassant, cela ne serait-il pas logique ? »
C'est bien beau de mener cette réflexion qui se veut rationnelle, mais là encore j'ai l'impression que ça se cantonne à "en théorie, la prostitution ça pourrait être pas pire qu'autre chose". Oui, en théorie, peut-être. En réalité, c'est une pratique considérée comme dégradante par la société, faisant largement l'objet d'une exploitation criminelle, et où la séparation des rôles hommes/femmes que tu voudrais imaginer absente atteint pourtant son paroxysme, avec d'un côté la vente de son corps comme marchandise, et de l'autre une justification de l'ordre du "besoin sexuel masculin irrepressible".
Alors oui, en ignorant cette réalité on peut tenir un discours relativiste où la prostitution vaut bien autre chose, mais alors ce discours ne devrait pas avoir la prétention de tirer des conclusions devant s'appliquer à cette même réalité.

Ayant dit ça, je ne tire pas de conclusions particulières. J'estime simplement qu'il faut prendre en compte le contexte réel, et les conséquences de nos actes et décisions au sein de celui-ci. Concrètement, si les mesures criminalisant les prostitué⋅e⋅s ont pour effet d'empirer leurs conditions d'existence (donc contreproductif), alors je suis contre. Si la légalisation de ce statut a un effet productif, en revanche, ça m'intéresse.
La difficulté étant de savoir ce qu'on va juger productif ou contre-productif. Il peut même s'agir d'une question de temporalité.
Enfin, s'il s'agit d'être radical, et donc de prendre le problème à la racine, je pense que l'existence de la prostitution dans sa forme actuelle majoritaire (exploitation) s'inscrit dans notre système capitaliste et patriarcal, et que la solution passera plutôt par la destruction de ce dernier. »

Sur le même sujet voir aussi http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2012/08/lutte-contre-la-prostitution-lutte.html (et les commentaires)
− Yvain
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