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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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« Mais qu’est-ce que vous foutez, à part vous plaindre ? » | Rural rules | Rue89 Les blogs

mercredi 17 juin 2015 à 13:41
Liens en vrac de SimonLefort 17/06/2015
Je cite :
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« Moi, je dis qu’il n’y a qu’un seul principe dans la vie. Qu’un seul ! C’est de savoir – en toutes circonstances – faire la différence entre ce que tu peux accepter et ce que tu dois refuser. Tout le reste… »
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C'est assez vrai... J'ai souvent suivi ce principe pour choisir vers où aller. Ça n'empêche pas de faire des trucs cons parfois mais ça donne une ligne directrice à rattraper quand on peut, un idéal à suivre. Et les fois où j'ai dis "non", malgré les mises en gardes, je ne l'ai jamais regretté. Il faut évidemment aussi pouvoir dire "oui" aux bonnes opportunités !
(Permalink)

GuiGui's Show - Liens 17/06/2015
À lire absolument. Sur l'autonomie des individus, les choix, les "arrêtons de nous plaindre, bougeons-nous", les "c'était le bon temps",...

« « C’est pas qu’il n’y a pas de raisons de se plaindre. Mais je trouve qu’on se plaint trop. Trop et tout le temps. Et encore : vous, vous êtes jeunes… Mais si vous voyiez les gars de mon âge… Quand c’est pas le dos, c’est le cœur. Quand c’est pas le cœur, c’est le fils. Et quand c’est pas le fils, c’est les impôts, les patrons, ou bien les employés. A jet continu, ça se plaint. Merde ! Epargnez-nous ça dans les fêtes, quoi. C’est pas ici, ni comme ça qu’on va les résoudre les problèmes... »

[...]

« Qu’on n’ait pas grandi à la même époque, vale ! C’est clair. Mais va pas me parler de conflit de générations. Tel que tu me vois, je me targue de participer à toutes les fêtes que je peux, de sympathiser sans souci avec des gens plus jeunes que moi et de n’être jamais tombé dans le piège de l’âge. Ce que je te raconte, ça n’a rien à voir avec ça. »

[...]

« Dix ans, on a fait ça. Dix ans : et jamais un seul problème. Même pire, je vais te dire : ça nous arrivait de décider spontanément de payer plus tel ou tel pote parce qu’il était dans une impasse. On réduisait nos parts. On s’en tapait du pognon : on menait les vies qu’on voulait. »

[...]

« Je sais pas si tu peux te représenter. Imagines : t’as 20 piges, t’es entre potes. Tu bosses – bon – un peu mais pas trop. Le soir, c’est pèche, baignade, et déconnade. Le top. »

[...]

« Je te connais. Dans deux minutes, tu vas me sortir que c’était le bon temps et toutes ces conneries. C’était pas le bon temps. C’était un temps. Il a passé. Il se trouve juste que nous, on a eu la chance ou l’instinct de se trouver un planque parfaite. Et des planques, t’en as partout. A toutes les époques. Il suffit juste de savoir d’y mettre. »

[...]

Puis des gars sont venus trouver Francis un jour sur un chantier de coupe. Ils ouvraient une école de foresterie quelque part dans le Forez et ils étaient à la recherche de formateurs. Des directeurs de scierie l’avaient poussé.

Lui qui n’avait jamais été formé à rien.

Salaire fixe. Boulot calme. La vie rêvée telle qu’on te la vend dans les journaux. Il a accepté, Francis. Fermant la porte à dix années de règne pépère au fond de la forêt. Il est parti enseigner.

Cinq année sont passées. Puis le voile a cédé. La supercherie lui a sauté au visage.

  « Y avait un truc qui m’allait pas, tu vois. Je devenais maussade. Plus ça allait, moins je comprenais ce que je foutais là, à enseigner un truc que je n’avais jamais appris, à des jeunes qui de plus en plus me parlaient un jargon imbitable à base d’annuités, de “ sécurité de l’emploi ” et de plans de formation. Largué, j’étais. Je me sentais minable. Un garde-chiourme, envoyé pour faire rentrer la jeunesse dans les rangs. Faire en sorte qu’ils fassent docilement ce qu’on attendait d’eux. »

[...]

  « La retraite. J’ai cru rêver la première fois qu’un jeune m’a sorti ça… Il devait avoir 18 ou 20 ans et il se souciait de sa retraite… La retraite… Putain de domestication, ouais ! »

Lui, jamais il ne serait rentré dans les bois s’il avait fait ces calculs. C’est le plaisir et rien d’autre qui l’y avait conduit. Et le plaisir, dans le centre de formation, il n’en était jamais question. Pas une seule seconde on tentait de le susciter. De l’encourager. Pas une seule fois on ne disait à ces jeunes que la vie, c’est pas le salaire. Que quitte à passer des plombes sous des arbres, à faire des métiers dangereux, coupant, glissant, autant qu’on y aille par goût. Par aspiration.

Il fallait être un peu inconscient. Un peu déséquilibré. Un peu fou, quoi. Pas calculateur. En tous cas : surtout pas pour ce métier précis.

Après des mois d’insomnies, il a fini par démissionner. Et depuis : terminé la forêt ! Francis s’est mis à enchaîner les boulots les plus rudimentaires avec une délectation d’homme libre. Maintenance. Réparation. Chauffe. Récoltes. Il choisissait ses boulots en fonction de son seul plaisir. De ce qu’il avait envie de faire. Et non seulement il s’en est sorti, mais il s’est même mis à prospérer. A vivre non seulement serein, mais à l’abri du besoin.

  « Moi, je dis qu’il n’y a qu’un seul principe dans la vie. Qu’un seul ! C’est de savoir – en toutes circonstances – faire la différence entre ce que tu peux accepter et ce que tu dois refuser. Tout le reste… »

Tout le reste ça suit. Il en était convaincu. Le boulot, l’argent. Les relations sociales. Les bonnes décisions. Tout vient naturellement à celui qui sait refuser de faire ce qui – au fond – le révolte.

  « Si ça te révolte, les pruneaux… Et toi, le couvreur, si tu le trouves tant malhonnête, ton patron… Mais qu’est-ce que vous foutez, à part vous plaindre dans des fêtes ? Faut arrêter ça, les gars ! Soit c’est bien et ça vous convient, quitte à retoucher des trucs, soit c’est intolérable.

  Et si c’est intolérable au point que vous vous sentiez obligé d’en parler un verre de gnôle à la main, alors moi je vous donne un conseil, hein, c’est : cassez-vous en, de vos tafs... Et choisissez-vous une autre vie ! »

« Mais pour ça, il faut jamais s’arrêter d’apprendre. Jamais s’arrêter de lire, de se renseigner, de connaître. Moi, c’est pour ça que je réponds “ présent ” dès qu’on m’annonce une fête. Même une fête où les gens ont 30 ans ou plus de moins que moi. C’est comme ça que j’apprends. En écoutant vos vies. En écoutant vos musiques. En vous voyant faire la java et être con… Si j’arrête ça, si j’arrêtais de côtoyer pour de vrai les gens avec qui je vis… Je crois que je me mettrais à ne plus comprendre ce qui m’entoure. Et je finirais aigri. » »

Via http://korben.info/news/mais-quest-ce-que-vous-foutez-a-part-vous-plaindre-rue89
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