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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Les douze enfants de Paris

jeudi 21 mai 2015 à 15:31
Choses vues, sur le web et ailleurs 21/05/2015
J'ai déjà parlé de La Religion, ce roman narrant les aventures guerrières et sexuelles de Mattias Tannhauser durant le grand siège de Malte. (là http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?X5FNGQet et là http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?eSG9Lg#eSG9Lg)
J'ai donc lu la suite, qui m'a un peu déçue.

Le pitch : le 24 août 1572, Mattias arrive à Paris, pour rejoindre sa femme, invitée au mariage d'Henri de Navarre et enceinte jusqu'aux yeux. Passons déjà sur le côté moyennement crédible qu'une femme enceinte de 8 mois ait traversé toute la France (ils vivent dans le sud-ouest, ils font du gavage de canard ou chais pas trop quoi) en pleine guerre de religions. Très vite, il se rend compte que :
1/ sa femme a disparue
2/ son fils a disparu
3/ on tente de lui mettre des bâtons dans les roues, omondieucomcbizar !!!
Résumé : Mattias tue tout le monde et retrouve sa femme.
Subtilités : vagues réminescences hugoliennes, mais c'est sans doute parce que je suis bon public. Sinon, on apprend les multiples manières d'occire son voisin à l'arc et à l'arme blanche, ainsi que la constitution interne d'icelui.

Nan, mais c'est bien quand même, on est content qu'il s'en sorte bien, mais ça laisse un goût étrange. Dans le précédent roman, Mattias Tannhauser, embringué par amour dans une histoire qui le dépassait, se retrouvait dans une île assiégée, ça avait un petit peu de sens. Le récit collait aux péripéties du siège et durait sur plusieurs mois. Là, l'histoire dure 36 heures (sans manger, sans dormir, sans baiser, rien. Ah, dur, dur) et on a vraiment l'impression que non, non, à part massacrer tout le monde il n'y avait vraiment pas d'autres solutions.

Bref, l'auteur nous montre la face la plus sombre de Tannhauser, présenté comme "une silhouette barbare", je dirais même un dieu du carnage. On sent d'ailleurs une véritable jubilation de l'auteur à démembrer et étriper des fanatiques, se retrouvant du coup en train de subir ce qu'il étaient en train de faire aux protestants (oui, je précise pour ceux qui ne suivent pas : le 24 août 1572, c'est la Saint Barthélémy). "Il était contrarié par ces pauvres imbéciles. Leur manque total d’adresse l’offensait. Leurs vies ne valaient pas les secondes qu’il passait à les massacrer. [...] Ces chiens n’étaient pas des adversaires, ils n’étaient que des victimes."

Il devient la plus terrible part de lui-même, ce jeune père de 44 ans (si, si, j'ai fait le calcul, et c'est confirmé dans le texte), exerçant jusqu'au vertige l'art qu'il maîtrise le mieux : tuer. "Pas de peur, pas de doutes, pas de pitié. Juste des mouvements - des décisions - courant vers là où ils devaient, comme une hirondelle utilisait ses ailes. Avec la même beauté."

La couverture originale semble d'ailleurs faire de cette hyper-violence un argument de vente : https://d7mx03fbraf30.cloudfront.net/blog/wp-content/uploads/2013/02/One-Hard-Bastard.jpg
La couverture française est plus sobre, une femme en blanc tâchée de sang, rappelant assez fortement l'affiche du film "La Reine Margot" : http://www.sonatine-editions.fr/base/livres/-Willocks-Enfants-Ok.jpg / http://fr.web.img3.acsta.net/pictures/210/034/21003409_20130506103228559.jpg

Au final; on ne sait même pas pourquoi sa femme a été enlevée. On explique bien qu'il y a un complot, que quelqu'un voulait se venger de lui, mais il trucide (abominablement) le commanditaire. Le pourquoi ne l'intéresse pas. Ok, c'est cool, ça fait gros badass, mais ça donne surtout l'impression que l'auteur n'avait pas trop d'idées sur ce coup...


Une citation qui m'a fait marrer :
"- Toutes ces administrations - civiles, criminelles, militaires - ainsi que d’autres, dont les noms et les fonctions m’échappent, empiètent les unes sur les autres à tout moment en autorité, responsabilité et juridiction.
- Ainsi, on peut toujours blâmer quelqu’un d’autre."
(Permalink)