PROJET AUTOBLOG


Shaarli - Les discussions de Shaarli

Archivé

Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

⇐ retour index

Le dernier blog » Blog Archive » La gratuité, c’est le vol, selon un livre gratuit

samedi 12 septembre 2015 à 13:47
Riff's Links
"Les mentions légales du site auteursendanger.fr ne le spécifient pas mais on supposera que l’agence pixies a réalisé ce site en échange d’une rémunération, ce qui signifierait que le site web qui accompagne le livre a coûté quelque chose. Donc non seulement le livre La gratuité c’est le vol est gratuit, mais en plus sa promotion est coûteuse. Il constitue donc certainement une forme d’investissement pour ceux qui l’ont commandité3, à savoir le Syndicat National de l’édition, association qui regroupe un certain nombre d’éditeurs, ou plus exactement, de sociétés d’édition (et notamment les poids-lourds de l’industrie du livre) et qui défend (ou pense défendre, car rien ne dit pour l’instant que la stratégie soit autre chose que l’expression d’une panique face à un avenir difficile à décrypter) les intérêts du secteur, mais n’a pas spécialement vocation à s’intéresser au point de vue des lecteurs, des auteurs ou des libraires. Ce n’est pas une critique : dans chaque domaine économique, il y a des rapports de force entre acteurs, les uns et les autres se regroupent pour coordonner leurs actions et défendre leurs intérêts, tout est normal.

Il est bien moins honnête en revanche de donner au site le titre « auteurs en danger » si ce sont les éditeurs que l’on défend. Bien entendu, les intérêts des maisons d’édition peuvent rejoindre ceux des auteurs, mais c’est loin d’être une fatalité, et les récents mouvements sociaux d’écrivains montrent que les éditeurs n’ont pas toujours de scrupules à faire baisser la rémunération des auteurs au minimum, à mal informer ces derniers, à glisser des clauses suspectes dans leurs contrats, etc. Et on comprend, dans ce bras-de-fer, qu’ils craignent les acteurs du Net : sur un livre numérique publié par un éditeur traditionnel français (un de ces éditeurs qui ont reçu des subventions publiques absurdes pour accompagner la « transition vers le numérique »), l’auteur percevra généralement le même pourcentage que pour un ouvrage papier (au mieux 10%), malgré l’absence des coûts habituels de diffusion (plus de 50% du prix d’un livre) et de fabrication (20%), tandis que chez Amazon, le prix d’achat du livre est divisé en trois parts plus ou moins égales : une pour l’éditeur, une pour le diffuseur et une pour l’auteur. Et si en plus d’être le diffuseur, Amazon est l’éditeur, la part de l’auteur monte à 70% !

Comme d’habitude dans les débats qui entourent le droit d’auteur, les groupes industriels ne se présentent pas comme tels, ils personnalisent la question, ils envoient au casse-pipe des écrivains, des musiciens, des acteurs, des artistes, des gens qu’on aime bien. Des arbres qui cachent la forêt, qui font croire que l’on parle d’art, de littérature, de culture, enfin de tout ce qu’on veut, sauf d’argent, et que si l’on parle quand même un peu d’argent, ce n’est que de celui des humbles créateurs."
(Permalink) (Profil)