La femme à qui un nez poussait dans le dos (Passeur de sciences)
lundi 14 juillet 2014 à 19:20 Nagumo, le 14/07/2014 à 19:20
Victime d'un accident, une jeune femme se retrouve paraplégique.
Quelques années plus tard, lui est proposé un traitement expérimental : greffe d'un peu de muqueuse de sa cavité nasale contenant des cellules souches au niveau de la vertèbre endommagée avec l'espoir de réactiver la liaison nerveuse. Résultat ? Nul.
Huit ans après cette opération, douleurs terribles dans le dos. Opération. Bilan : on lui retire une masse fibreuse de 4 centimètres contenant des muqueuses respiratoires, de l'os, du mucus, etc.
Citation des deux derniers paragraphes qui sont très intéressants :
"Pour les auteurs, le résultat aurait pu être meilleur ou, en tout cas, différent si, au lieu de greffer en bloc un morceau de la muqueuse nasale, les chirurgiens portugais avaient "écrémé" leur échantillon et uniquement conservé les cellules souches neuronales et les cellules engainantes olfactives. "De tels cas, dit la conclusion de l'étude, ne devraient pas dissuader les chercheurs de poursuivre leurs travaux sur les cellules souches. Cependant, ils alertent les communautés scientifique et médicale. Même si, dans des études menées sur l'animal, les résultats de l'implantation de cellules souches sont encourageants et ont démontré des améliorations neurologiques sur de nombreux modèles animaux, il est encore nécessaire de mieux comprendre comment contrôler la prolifération, la survie, la migration et la différenciation des cellules (...), afin de prévoir et de prévenir leur croissance anormale ou incontrôlée chez les patients humains."
On peut aussi aller plus loin. Par leur capacité à régénérer des tissus abîmés (ou des cellules détruites dans le cas du diabète de type 1, par exemple), les cellules souches ont fait naître des espoirs énormes et certains patients sont prêts à tenter des traitements expérimentaux qu'on leur présente comme révolutionnaires ou prometteurs mais dont les résultats demeurent imprévisibles. On a beaucoup entendu parler du scandale italien de la méthode Stamina, un protocole très controversé qui n'a pas empêché le décès de plusieurs personnes. D'autres thérapies à base de cellules souches ont abouti à la mort des patients. On sait moins que se développe un tourisme des cellules souches, notamment en Chine, où parfois pour des dizaines de milliers d'euros, des malades misent leurs derniers jetons de vie sur des traitements hasardeux non validés par la recherche et sur des médecins peu scrupuleux."
Etude publiée le 8 juillet dernier dans le "Journal of Neurosurgery : Spine" :
http://thejns.org/doi/abs/10.3171/2014.5.SPINE13992
(Permalink)
Victime d'un accident, une jeune femme se retrouve paraplégique.
Quelques années plus tard, lui est proposé un traitement expérimental : greffe d'un peu de muqueuse de sa cavité nasale contenant des cellules souches au niveau de la vertèbre endommagée avec l'espoir de réactiver la liaison nerveuse. Résultat ? Nul.
Huit ans après cette opération, douleurs terribles dans le dos. Opération. Bilan : on lui retire une masse fibreuse de 4 centimètres contenant des muqueuses respiratoires, de l'os, du mucus, etc.
Citation des deux derniers paragraphes qui sont très intéressants :
"Pour les auteurs, le résultat aurait pu être meilleur ou, en tout cas, différent si, au lieu de greffer en bloc un morceau de la muqueuse nasale, les chirurgiens portugais avaient "écrémé" leur échantillon et uniquement conservé les cellules souches neuronales et les cellules engainantes olfactives. "De tels cas, dit la conclusion de l'étude, ne devraient pas dissuader les chercheurs de poursuivre leurs travaux sur les cellules souches. Cependant, ils alertent les communautés scientifique et médicale. Même si, dans des études menées sur l'animal, les résultats de l'implantation de cellules souches sont encourageants et ont démontré des améliorations neurologiques sur de nombreux modèles animaux, il est encore nécessaire de mieux comprendre comment contrôler la prolifération, la survie, la migration et la différenciation des cellules (...), afin de prévoir et de prévenir leur croissance anormale ou incontrôlée chez les patients humains."
On peut aussi aller plus loin. Par leur capacité à régénérer des tissus abîmés (ou des cellules détruites dans le cas du diabète de type 1, par exemple), les cellules souches ont fait naître des espoirs énormes et certains patients sont prêts à tenter des traitements expérimentaux qu'on leur présente comme révolutionnaires ou prometteurs mais dont les résultats demeurent imprévisibles. On a beaucoup entendu parler du scandale italien de la méthode Stamina, un protocole très controversé qui n'a pas empêché le décès de plusieurs personnes. D'autres thérapies à base de cellules souches ont abouti à la mort des patients. On sait moins que se développe un tourisme des cellules souches, notamment en Chine, où parfois pour des dizaines de milliers d'euros, des malades misent leurs derniers jetons de vie sur des traitements hasardeux non validés par la recherche et sur des médecins peu scrupuleux."
Etude publiée le 8 juillet dernier dans le "Journal of Neurosurgery : Spine" :
http://thejns.org/doi/abs/10.3171/2014.5.SPINE13992
(Permalink)