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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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L’État livré aux financiers ? - La Vie des idées

mardi 1 juillet 2014 à 11:39
Riff, le 01/07/2014 à 11:39
Vincent Duchaussoy revient sur l'analyse très fréquente de la loi du 3 janvier 1973 sur la banque de france (dite "loi pompidou" ou "loi pompidou-rotschild" pour certains) comme source de tout les maux économiques de la France. Selon lui celle ci n'à pa eu l'impact qu'on (certains à gauche, beaucoup très à droite) lui attribue, et le véritable basculement vers le financement par le marché n'interviendrait que suite aux décisions de politiques économiques des années 80, et à la loi du 4 août 1993, qui interdit effectivement le financement de l'état par la banque centrale... C'est long et très technique, mais ce que j'en ai compris me semble assez cohérent comme analyse, surtout la conclusion qui mets l'accent sur l'instrumentalisation nationaliste du débat sur la monnaie et l'économie :

"Ainsi, la loi du 3 janvier 1973 sur la Banque de France n’a pas modifié profondément les conditions du financement de l’État par la banque centrale. Elle a simplement rationalisé et simplifié les relations de trésorerie entre le Trésor et la Banque, sans modifier significativement les ordres de grandeur du système précédent. Ce n’est que plus tardivement, dans les années 1980 et alors qu’à la suite des nationalisations de 1982 la quasi-intégralité des banques françaises sont passées dans le giron public, que le financement du déficit – donc la dette – s’est réorienté vers les marchés financiers, dans le but de limiter la part de la croissance monétaire due au Trésor dans l’inflation. Il est par ailleurs intéressant de constater que le débat se focalise sur cette loi de 1973 et non sur celle du 4 août 1993 qui, on l’a vu, consacre l’indépendance de la Banque de France et met un terme à toute possibilité de financement de l’État par la banque centrale, que la loi 1973 ne fait que réguler et rationaliser, sans y mettre fin. Il est ainsi abusif de prétendre que cette loi mineure a modifié durablement les conditions du financement de l’État. Son utilisation erronée dans le débat public doit davantage être analysée comme le symbole de la méconnaissance relative, en France, des questions liées à la monnaie, dont les débats relatifs aux dernières élections européennes viennent de fournir de nouveaux et éclairants exemples. Pour autant, certaines des critiques émises deviennent de fait valides à partir de 1993. Pourtant, cette loi, qui fit alors l’objet d’âpres débats, n’est plus du tout mentionnée. Pourquoi ? Sans doute parce dater nos problèmes économiques de 1973 suggère l’idée que la réintroduction d’un financement monétaire de la dette permettrait de renouer avec l’ère bénie des Trente glorieuses. En revanche, identifier en 1993 le véritable tournant majeur de cette histoire reviendrait à reconnaître que cette rupture souhaitée de permettrait pas nécessairement d’échapper aux vicissitudes ayant marqué les années 1980 qui, d’un point de vue économique comme des indicateurs sociaux, n’incitent guère à la nostalgie. L’utilisation d’une rupture inventée en 1973 permet ainsi aux nostalgiques du franc d’associer de manière démagogique le caractère national de notre devise et la prospérité économique."
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