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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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L’appel de Lawrence Lessig

dimanche 16 août 2015 à 21:04
Choses vues, sur le web et ailleurs
« En 1967, le sénateur démocrate Eugene McCarthy s’est présenté à la primaire du New Hampshire pour défier le Président sortant, issu de son propre parti, [Lyndon B. Johnson, ndlr], parce qu’il craignait que la question morale la plus importante de l’époque, la guerre du Vietnam, soit invisible dans cette élection.

En quatre mois, McCarthy passa de presque rien dans les sondages à réussir par mettre en danger Johnson dans la primaire, et il réussit à faire en sorte que la question dont personne ne voulait parler devienne la question que plus personne ne pouvait ignorer.

Au cœur de notre démocratie, il existe une inégalité profonde. Pas l’inégalité de la richesse, même si c’est un problème ; pas l’inégalité de l’accès à la parole, même si c’est également un problème ; mais l’inégalité des citoyens.

La vérité énoncée par Jefferson [Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis en 1776 et troisième Président du pays, ndlr], selon laquelle “nous sommes tous créés égaux”, est devenue la vérité d’Orwell [l’écrivain George Orwell, auteur de “1984” et “La Ferme des animaux”, ndlr] : “Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.”

Avec ce changement, l’engagement central d’une démocratie représentative a été perdu.

Cette inégalité se manifeste de mille façons.

   Pour cette raison, nous devons encore dire “Black lives matter” [les vies noires comptent, slogan contre la violence policière contre les Noirs, ndlr] ;
   pour cette raison, les membres du Congrès reculent à chaque fois au profit de ceux qui financent leurs campagnes ;
   pour cette raison, un grand nombre d’entre nous ne perdent même plus leur temps à voter ;
   pour cette raison, comme l’a dit Elizabeth Warren [sénatrice démocrate du Massachusetts, ndlr], “le système est truqué” ; faussé pour bloquer les réformes dont la plupart des Américains pourraient bénéficier, faussé pour aider une minorité qui a les moyens de financer les politiciens et leurs campagnes.

Nous devons défier ce système truqué, de la même manière que McCarthy avait défié la guerre.

Nous devons faire en sorte que réparer le système devienne la première priorité du prochain Président et du prochain Congrès. Car jusqu’à ce qu’il soit réparé, aucune réforme significative ne sera possible.

Et pourtant, chacun des principaux candidats dans la primaire démocrate pour la présidentielle a accepté cette corruption ; chacun d’entre eux, jusqu’ici, a mis cette question de côté, comme si, sans réparer le système, nous pouvions réellement obtenir des législations contre le changement climatique, ou limiter la prolifération des armes.

Comme si, sans changer d’abord le financement des campagnes électorales, nous pouvions réformer Wall Street, ou s’attaquer aux compagnies d’assurance.

Comme si cette corruption n’était qu’un détail, un problème à régler “à long terme” ; comme si réparer la démocratie pour parvenir à l’égalité pouvait tout simplement attendre.

Ça ne peut pas attendre. Ça doit s’arrêter, maintenant.

Nous avons besoin d’une campagne qui ne soit pas qu’un affrontement partisan. Nous avons besoin d’une campagne-référendum, un référendum qui exprime clairement le mandat :

   mettez fin à ces inégalités et à cette corruption ;
   donnez-nous un gouvernement libéré du pouvoir de l’argent ;
   donnez nous un Congrès libre de conduire et de diriger.

Voici donc l’idée que nous allons tester : celle d’un “Président-référendum”. Un candidat qui se présente à la présidence avec une seule promesse : que s’il est élu, il servira aussi longtemps qu’il faudra, mais seulement aussi longtemps qu’il faudra, pour faire passer les lois nécessaires pour parvenir, enfin, à l’égalité des citoyens.

Une fois que ces lois auront été adoptées, ce Président démissionnera, et le Vice-Président élu prendra sa place pour terminer son mandat.

Le candidat EST le référendum. La campagne est pour ce référendum.

Ce que je vous demande : aidez-moi à réunir par crowdfunding [financement participatif, ndlr] le financement de cette campagne pour un “Président-référendum”, pour que nous puissions donner au prochain Président extra-ordinaire, qu’il s’agisse de Hillary [Clinton, ndlr], Bernie [Sanders, ndlr], ou Joe [Biden, ndlr], ou qui que ce soit d’autre, un Congrès qui puisse nous représenter et qui soit libre de diriger.

Si nous atteignons notre objectif de financement [1 million de dollars, ndlr] et que les candidats déclarés ne s’engagent pas à faire de ces réformes fondamentales la priorité absolue de leur administration, alors je me déclarerai candidat en tant que “candidat-référendum”.

Je lierai tous les sujets de la campagne, du changement climatique à la dette des étudiants, à la question fondamentale de la corruption ; je ferai de l’égalité des citoyens le thème central de cette élection.

Et si ce référendum réussissait, son mandat serait aussi puissant que possible dans le cadre de notre système politique. Ce serait la manifestation pacifique pour une démocratie égalitaire la plus grande de notre vie.

Je sais que ça ne sera pas facile. Et sans nul doute, il y a des gens plus qualifiés que moi et j’ai tenté de les recruter. Et si quelqu’un de plus connu que moi s’engage de manière crédible à faire ce chemin, je suis prêt à me retirer.

Cette campagne ne porte pas sur un individu, mais sur un principe. Un principe américain que nous devons retrouver, selon lequel nous sommes tous égaux, et que notre démocratie doit tous nous respecter en tant qu’égaux.

S’il vous plaît, donnez ce que vous pouvez et, plus important encore, partagez ce message aussi largement que vous pouvez. Car avec Internet, nous pouvons changer le cours de cette élection. Et si nous y parvenons, nous aurons changé chaque future élection en même temps.

C’est notre tentative de faire que la démocratie soit possible. Nous devons le faire, maintenant. »
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