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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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ELI5 : Le perpétuel mécontentement des Français : france

lundi 1 septembre 2014 à 13:47
Neros, le 01/09/2014 à 13:47
Il arrive que certains pays aillent jusqu'à concevoir l'esprit critique comme un manque de savoir-vivre. La moindre remise en question y est interprétée comme un accès narcissique ou une défaillance juvénile, voire un geste suspect. Cette position est évidemment condamnable, surtout sous la forme caricaturale que je viens de lui prêter, mais elle n'est peut-être pas totalement dénuée de fondement. Et si je le dis, c'est parce qu'en France, la critique me semble systématiquement négative, stérilisante et destructrice (comment traduire constructive criticism en français sans écorcher les oreilles ?). Sur le plan politique, surtout, j'ai parfois l'impression, en tant qu'observateur étranger, que votre principal critère d'évaluation en matière d'élections, c'est « tout ou rien » : soit c'est le surhomme providentiel qui, par définition, ne se pointera jamais, soit c'est un homme comme les autres – finaud ou loser, peu importe – qu'on finit par élire tout de même, faute de mieux. Et dans 99% des cas, c'est le deuxième cas de figure qui s'impose – quelle surprise !

Hollande est-il vraiment si affreux ? Najat Vallaud-Belkacem mérite-t-elle réellement l'ire d'une majorité de Français avant même de s'être attelée à la tâche ? Et comment ne pas lire ces dernières données en particulier, en admettant qu'elles soient représentatives d'une quelconque réalité, comme un aveu détourné de misogynie, de xénophobie et d'homophobie au vu de tous les pseudo-scandales qui ont vu le jour autour de la prétendue implantation de la « théorie du genre » dans les écoles, pour ne rien dire de la « manif pour tous » ? Certes, Hollande et son cabinet ne sont pas les dirigeants idéaux, mais le ton carrément haineux sur lequel en parlent la plupart des Français me semble déplacé. Autant j'aimerais que les Canadiens (dont je fais partie) mettent fin à leur quiétisme et s'insurgent davantage contre les décisions désastreuses de notre premier ministre, autant je trouve que la France « centralise » ses malaises sur la personne de Hollande à outrance, à un point tel que je serais tenté d'y voir le symptôme d'une névrose collective.

C'est la chronique d'un échec annoncé : les Français ont désigné la France et ses protagonistes politiques comme des perdants définitifs dans cette partie internationale de « redressement » économique. Rien de ce qui a été fait depuis le début du quinquennat n'est bon à prendre, y compris sur le plan social (« qu'est-ce qu'on en a à foutre ? l'économie : y' a que ça de vrai ») ; tout est à jeter, parce qu'en deux ans le grand miracle n'est pas advenu. Comme si tout dépendait intégralement de l'État, comme s'il n'y avait rien d'autre que ce minuscule noyau d'hommes et de femmes politiques, niché au centre d'une population de presque 70 millions d'habitants.

Et surtout : comment pouvez-vous être sûrs de vos jugements si tranchants ? 80% de « Hollande-haters » alors que Sarko est passé par là ? C'est proprement ridicule. Et le paradoxe ici, c'est que tout un chacun y va de sa petite opinion opiniâtre – toujours sans appel, toujours absolue – sans jamais vraiment se remettre soi-même en question. Au bout du compte, c'est peut-être l'esprit critique qui en ressort trahi.

Je m'arrête là. Du reste, je n'y comprends strictement rien. Alors, expliquez-moi : pourquoi les Français sont-il aussi mécontents ? Je pense avant tout à la situation politique, mais – vous l'aurez deviné – ma question ne s'y résume pas.

P.S. : oui, je sais que mes généralisations s'avéreront forcément fausses au cas par cas, mais il faut bien commencer quelque part.
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