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Démocratie. Histoire politique d'un mot | Lux éditeur

samedi 24 janvier 2015 à 19:06
Nekoblog.org :: Marque-pages 24/01/2015
Je viens de commencer ce bouquin. Je cite des extraits de l'intro.

« Le mot «démocratie», d’origine grecque, a conservé la même définition pendant plus de deux mille ans, de la Grèce antique jusqu’au milieu du XIXe siècle, à savoir un régime politique où le peuple se gouverne seul, sans autorité suprême qui puisse lui imposer sa volonté et le contraindre à l’obéissance. Aux yeux de l’élite politique et intellectuelle, un tel régime est une aberration ou une catastrophe politique, économique et morale, puisque le peuple serait par nature irrationnel. [...]

Ceux qui sont connus comme les «pères fondateurs» de la démocratie moderne aux États-Unis et en France étaient tous ouvertement antidémocrates. [Ces pères fondateurs] ne prétendaient pas être démocrates, ni fonder une démocratie. Au contraire, ils affirmaient que la démocratie «est un gouvernement arbitraire, tyrannique, sanglant, cruel et intolérable», selon les mots de John Adams, qui deviendra vice-président du premier président des États-Unis, George Washington, puis président lui-même. [...]

Si «démocratie» est d’abord un terme repoussoir, l’élite politique commence à s’en réclamer vers le milieu du XIXe siècle, mais en lui attribuant un sens nouveau. Il ne fait plus référence au peuple assemblé pour délibérer librement, mais désigne au contraire le régime libéral électoral, jusqu’alors nommé «république». Dans ce régime maintenant appelé démocratie, une poignée seulement de politiciens élus détiennent le pouvoir, même s’ils prétendent l’exercer au nom du peuple souverain. Déclaré souverain, ce dernier n’a plus d’agora où s’assembler pour délibérer des affaires communes.

Or comment expliquer que le régime électoral libéral soit aujourd’hui perçu comme l’ultime modèle «démocratique», alors qu’il a été fondé par des antidémocrates déclarés? Et comment expliquer ce changement de sens vers le milieu du XIXe siècle, à la fois concernant l’objet désigné par le mot «démocratie» (régime électoral plutôt que régime d’assemblées du peuple) et la valeur de ce mot, qui est passée de négative (un régime détestable et détesté) à positive (le meilleur des régimes politiques) ? »

Et il explique dans la foulée que pour son bouquin, il a décortiqué, je cite, « pamphlets, manifestes, déclarations publiques, articles de journaux, lettres personnelles, poèmes et chansons populaires, et même les noms de journaux et d’associations politiques. » Les références sont données en notes.

Ça promet d'être intéressant.

EDIT : Une interview de Francis Dupuis-Déri à propos du bouquin : https://www.youtube.com/watch?v=KVW5ogGDlts que j'avais déjà linkée ici : http://links.nekoblog.org/?u7kruA
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