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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Définir la Révolution - Rencontre avec Yannis Youlountas | Le Monde Libertaire

mardi 14 avril 2015 à 16:51
Liens des pleutres 14/04/2015
Extrait d'un entretien avec Yannis Youlountas :

« […] Croyants, votants, réformistes, partisans de la non-violence absolue ou, à l’inverse, d’une violence révolutionnaire sans limite : les positions comme les nuances sont infinies. Sur le front des luttes, nous sommes fréquemment entourés de personnes qui, pour la plupart, ne sont pas sur la même longueur d’ondes, bien qu’actives, généreuses ou déterminées dans un projet commun. Ce qui pose le problème des limites de notre acceptation d’autrui et réciproquement. Où les poser ? De quelle façon ? Et que signifie une limite ? Comment ne pas tomber dans la compromission et le fourvoiement, ni, à l’inverse, basculer dans le sectarisme et le clanisme d’une énième avant-garde éclairée ?

Bien sûr, je ne nie pas la nécessité de se regrouper par affinités, mais je regrette certaines formes de frilosité et, en particulier, la tentation de rester sagement entre nous en attendant que tous les autres se rendent compte spontanément, un beau jour, de leurs erreurs passées et nous rejoignent miraculeusement. D'une part, c'est stérile parce que ça nous maintient dans une marginalité dont s'amuse le pouvoir. Et, d'autre part, c'est en totale contradiction avec les projets d'éducation populaire et de lutte aux côtés des plus démunis contenus dans la pensée anarchiste.

Combien de nos compagnons libertaires, aussi dévoués et sympathiques soient-ils, reproduisent sans s'en rendre compte des comportements élitistes, hautains, parfois même intolérants et malveillants à l'égard de certaines luttes et initiatives pas ou peu orthodoxes. Non contents de s'exclure du reste du "mouvement social", ils vont parfois jusqu'à se déchirer entre eux pour savoir qui "pisse le plus noir". Pourtant, à quoi peut bien servir un petit club anonyme de trois personnes qui détient l'absolue vérité anarchiste et qui propose brutalement la conversion ou l'ostracisme à tous ceux qui s'en approchent ? On ne peut pas cultiver le jardin de l'utopie sans se salir les mains, expérimenter et oser prendre le risque de faire des erreurs. »

Ce passage me taraude, il soulève un problème qui est difficile : faut-il s'unir, s'opposer, s'ignorer, quand nos idées divergent très peu, un peu, beaucoup ? Quand tombe-t-on dans la compromission ? Quand notre isolement nous rend-il inaudible, impuissant ?
− Yvain
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