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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Discussion en cours autour de Bourdieu, Canguilhem, Loureau, etc...

vendredi 26 juillet 2013 à 11:39
bleupale, le 26/07/2013 à 11:39
Très intéressant, comme plongée dans les débats sur les théories critiques en France depuis les années 60.
A actualiser au fur et à mesure que ça se déploit.

(Copiepaste de facebook, anonymisée)  


-> R. Lourau 1972 : "Canguilhem (chien de garde de l'agrégation de philosophie, inspecteur général, etc) puis ses disciples et confrères Foucault, Althusser, puis la génération suivante de flics du concept, nous abreuvent depuis dix ou quinze ans de cette orthodoxie académique, inépuisable réservoir de sujets de "logique" au baccalauréat, à l'agrégation et dans divers examens et concours. C'est à cette source que les normaliens (de l'ENS de la rue d'Ulm, à Paris, pépinière des intellectuels ou semi-intellectuels de la classe dirigeante, du côté de l'opposition ou du côté de la majorité), ou leurs disciples de l'école française de sociologie de l'éducation nous invitent, nous contraignent à boire depuis les livres à succès que sont Les mots et les choses, Lire le Capital, Les Héritiers et deux ou trois autres."
J’aime · · il y a 47 minutes ·

-> La question de la terreur qu'ils ont fait régner est intéressante, non ?

-> Heureusement René Lourau a pu développer une oeuvre de génie dans des conditions aussi adverses.
 
-> Il semble en effet que Cang n'y allait pas avec le dos de la cuiller.
   
-> Traiter le vénérable Georges Canguilhem de chien de garde de l'agrégation est une calomnie imbécile insupportable au regard de la moindre justice. Ei faut-il attendre une justice ou même une justesse quelconque de la part des adeptes de l’analyse institutionnelle est aussi vain que d'espérer récolter du miel au cul d'un faux bourdon: "Elle est née en France vers 1943 sur le terrain de la psychiatrie, lorsque F. Tosquelles créa à Saint-Alban (Lozère) la thérapeutique institutionnelle pour lever les freins bureaucratiques qui pèsent sur les hôpitaux psychiatriques. Il fut relayé par Jean Oury et Félix Guattari à la clinique de La Borde à Cour-Cheverny, près de Blois, dans les années cinquante (J. Oury, Psychiatrie et psychothérapie institutionnelle , 1976; F. Guattari, Psychanalyse et transversalité , 1973). Cette expérience s’est située dès le départ au carrefour de la psychanalyse, de la psychosociologie et de la politique.

   Entre 1958 et 1963, un courant pédagogique — s’appuyant sur les premières recherches institutionnalistes — émerge du mouvement Freinet sous l’impulsion de R. Fonvieille et Fernand Oury. Alors que ce dernier est plus influencé par la psychanalyse (F. Oury et A. Vasquez, Vers une pédagogie institutionnelle , 1967), R. Fonvieille et les membres du Groupe de pédagogie institutionnelle s’inscrivent dans une perspective plus politique et autogestionnaire (M. Lobrot, La Pédagogie institutionnelle , 1966; G. Lapassade, L’Autogestion pédagogique , 1971; R. Lourau, Analyse institutionnelle et pédagogie , 1971).

   Entre 1964 et 1968, G. Lapassade et R. Lourau transposent le modèle institutionnaliste dans le domaine de l’intervention psychosociologique et sociologique. Se crée alors la socianalyse institutionnelle, forme de l’analyse institutionnelle qui se fonde sur l’intervention, celle-ci jouant un rôle de laboratoire en vue de la conceptualisation de l’analyse (G. Lapassade, Groupe, organisation, institution , 1966; R. Lourau, L’Analyse institutionnelle , 1970).

   Alors que Cornelius Castoriadis a introduit en 1965 les concepts d’«instituant» et d’«institué» (L’Institution imaginaire de la société , 1975) permettant de «dialectiser» l’approche de l’institution, Lourau a travaillé essentiellement la question de l’institutionnalisation sociale, qui apparaît comme un «principe d’équivalence élargi» (R. Lourau, L’État inconscient , 1978) et M. Authier et R. Hess ont montré que l’on pouvait voir dans l’institution la tentative de définition (et donc la falsification ) d’un mouvement social initial (L’Analyse institutionnelle , 1981)." Alors "voilà pourquoi votre fille est muette"!!!


-> Il n'est pas trop question de terreur je pense dans ce passage polémique. Si je me trompe pas, 72 c'est le moment où Rancière écrit "La leçon d'Althusser" aussi, encore bien plus virilent, rupture tardive d'ailleurs puisque Les héritiers font déjà l'objet d'une réception très critique de la part des étudiants politisés avant 68, dont certains ont milité contre la guerre d'Algérie, et participaient à La Borde ou à des mouvements d'expérimentation pédagogique (Fernand Oury, Raymond Fonvieille, René Lourau) pendant que des sociolgues écrivaient des livres pour expliquer qu'à l'école il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade, et à qui l'idée qu'il n'était que des petits bourgeois reproduisant leur capital culturel à pu un peu déplaire... Bon bien sûr B et P ont pu aussi motiver de la pensée critique à l'époque je ne dit pas le contraire ... Mais il faut relire les textes d'Althusser sur les "problèmes étudiants de 64", se souvenir aussi de l'alliance qu'il passe à l'époque avec Bourdieu et Passeron pour remettre les étudiants à leur place au nom de la science marxiste, pour simplement ne pas oublier que ce qui nous est présenté comme de la "pensée critique" de façon rétrospective n'a pas toujours été perçu comme tel. Boltanski, dans "Ce dont les gens capables" dira d'ailleurs des choses pas très éloignés de ce constat que les institutionnalistes (Lourau, Lapassade) faisaient dès 64, mais quand lui le dit, bizzare, c'est pas reçu pareil. Donc oeuvre de génie ? Je ne sais pas, mais en tout cas impliquée dans des expérimentation qui ne passaient pas à l'époque beaucoup les portes de l'école normale...Et puis ceci ne prejugeait pas de l'évolution ultérieure de Bourdieu en 95, très intéressante, alors que le même était flippé dans les années 70 que ses "petites mains" puissent organiser une grève. Je ne dis pas ça pour distribuer les bons et les mauvais points, mais comme souvent les gens de ma génération ont été marqués par le Bourdieu de 95, et ont tendance à relire son oeuvre à partir de cette implication tardive, il n'est pas mauvais je pense de rappeler la manière dont il pouvait être perçu par les instituteurs libertaires qu'il toisait du haut de sa digne pédagogie rationnelle.

-> quand Rancière dit qu'Althusser produisait une "philosophie de l'ordre bourgeois" il ne disait pas des choses moins virulente et n'allait pas non plus avec le dos de la cuiller. Et puis les choses sont plus compliquées puisque Canguilhem a énormément compté dans la formation de G. Lapassade, puisque son livre L'entrée dans la vie approfondit une conférence de Canhuilhem sur la notion d'adulte, et qu'ils ont co-signé une étude "Du développement à l'évolution". Et puis les textes sur le normal et le pathologique de C. comme ceux de Foucault n'ont pas été totalement ignorés de Guattari et des militants du CERFI. Donc c'est évidemment plus compliqué. Après, simplement ce texte, parmi beaucoup d'autres, est l'archive d'une époque ... Sur la justesse ou la justice de l'AI, à l'époque, de La Borde aux établissements de banlieue de Fonvieille et Fernand Oury, force est de dire qu'on a peu rendu justice à leurs tentatives et au modeste récit qu'ils ont pu en faire...

-> Le réflexe habituel irrésistible d'une certaine sphère intellectuelle très parisienne est de favoriser sans vergogne des polémiques interminables qui finissent par lasser et ne même plus "noyer le poisson". Mais il y a polémique et polémique: celle des "tristes sires" campés dans dans leur liturgie de dissidence de vitrine (se rappeler la gifle magistrale assénée par Michel Foucault à ce pauvre Georges Lapassade qui ne l'avait même pas vue venir, enivré qu'il était de "damer le pion" à une vedette médiatique comme le philosophe de Touraine). Et il a heureusement les polémique créatives interactives comme celles de Gilles Châtelet ou Guy Hocquenghem.



-> Hocquenghem... bof, ça dépend quoi ... mais on en reparlera

-> Là dans ce texte la polémique - qui concerne la sociologie de l'éducation- est exactement la même qui occupe rancière en 1972 : le problème de Lourau est, comme Rancière, le rapport d'une certaine sociologie aux pratiques qui essaient de transformer la relation pédagogique. Enfin à ce qu'il me semble et au-delà des insultes et autres polémiques parisiennes, de surface de vitrine ou d'arrière boutique.

-> Je pencherai plutôt vers le capharnaüm de l'arrière boutique s'agissant des "fonds" idéologiques différents et des différences entre ces "techniciens de la santé" et urgentistes de la réforme pédagogique et les penseurs qui prennent fait et cause pour l'école "buissonnière" de la société: La prison, l'usine,la campagne laitière et viticole etc...Jules Ferry a commencé par coloniser les provinces avant de mettre un pied dans l'école franco-arabe coloniale où l'on nous apprenait effrontément que nos ancêtres étaient aussi gaulois!!!

-> pas très parisien pourtant tout ça : Bourdieu, Lourau, Lefebvre, Lapassade, Althabe... c'est la Béarn connexion qui monte à Paris se castagner.
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