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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Colère Militante — À propos de la toxicité et des abus en milieu...

vendredi 12 juin 2015 à 10:17
Les liens de Kevin Merigot 12/06/2015
Un gros problème concernant les milieux militants numériques... Et comment éviter ces erreurs.

"Paradoxalement, nous devons être “opprimé.e.s” sans toutefois porter les marques de cette oppression dans notre conscience; nous ne pouvons avoir ni bagages, ni cicatrices; en tant que personnes de couleurs, nous ne pouvons jamais lever le voile sur notre double conscience (cf. W.E.B. Du Bois). Parfois, cela donne le sentiment que nous devons entrer complètement formé.e.s dans le monde du militantisme, être de parfait.e.s agent.e.s du changement, lucides d'une manière ou d'une autre sur le bourbier changeant de règles, de mots, de phrases, d'argot, et de pensées prescrits et proscrits.

Mais cela suppose qu'il existe une espèce de Perfection Platonique à laquelle nous devons inconditionnellement aspirer. Il ne faut pas mettre de côté le problème lancinant mais important du désaccord. Notre identité ne définit pas entièrement notre humanité et nous sommes nombreux⋅ses, femmes et/ou trans et/ou racisées, à pouvoir fournir des arguments de bonne foi contre la reproduction de paradigmes de stratégies, de cultures, normes et règles dominantes. J'échange régulièrement des murmures avec les personnes que je croise à propos de « se planter », d'être accusé.es de collaboration ou d'être un.e vendu.e pour avoir simplement osé suggérer de telles critiques. Même lorsque de tels murmures ont l'audace d'évoluer en une conversation bruyante (en huis-clos), ils se transforment rarement en débats publics – nous sommes trop nombreux à craindre d'être seul.e.s."

"La justice ne prend pas la forme d'une punition avidement administrée. Engageons-nous à nouveau envers le principe juste qui nous a sommé.e.s de nous mettre au travail: un appel du clairon qui résonne avec notre humanité commune et nous presse vers une compréhension plus sensible et clémente de la justice - ce qui est assurément un devoir envers nous-mêmes."
(Permalink)

Liens des pleutres 12/06/2015
Critique d'une certaine forme de "rage" qui peut exister dans les milieux militants, particulièrement sur Internet.

« cette théorie - qui veut que nous soyons éduqué.e.s à considérer Internet comme n'étant pas vraiment réel, ce qui multiplie et excuse les comportements agressifs - explique aussi la tendance, moins violente mais tout aussi inquiétante, de certain.e.s militant.e.s SJW [social justice warrior] qui se délectent d'attaques au vitriol contre les personnes de leur propre camp, lorsque celles-ci sont perçues comme étant dans l'erreur. Les déchaînements d'insultes et de dénigrement public de la part de nos allié.e.s illustrent aussi cette théorie. Nous aussi, nous échouons à garder à l'esprit que les personnes que nous attaquons sont des êtres humains, et que les mots sont une arme. »

« Selon les termes de Mattie Brice, nous “devons garder en tête que nous nous battons contre le système qui utilise les gens pour en marginaliser d'autres, pas contre les gens eux-mêmes.” »

« Il n'est pas raisonnable de comparer le discours de colère d'une minorité sans pouvoir au “discours haineux” (au sens légal et sociologique du terme) d'un groupe privilégié, mais un argument doit être avancé. Nous ne désavantageons peut-être pas matériellement les personnes cis lorsque nous nous exprimons d'une manière ouvertement agressive, mais nous faisons quelque chose de tout aussi répréhensible - et tu illustres cela - nous isolons les membres de notre communauté et corrodons cette même communauté dont l'objectif est d'être un refuge pour nous contre un monde souvent indifférent. Je ne veux pas être dans une communauté où le dépit et la colère sont les émotions prédominantes, peu importe qu'elles soient justifiées par un quelconque sens cosmique. Plus que les personnes cis, nous nous le devons à nous-mêmes pour rendre notre communauté plus constructive. »

Sur l'"argument de l'intonation" :
« Il y a des chances que, si vous appartenez à un groupe marginalisé, vous soyez accablé.e.s par un stigmate sur votre colère. Femmes, personnes de couleur, personnes handicapées, personnes trans, classes ouvrières et pauvres… tous.t.e.s sont confronté.e.s à des stigmates divers et spécifiques parce qu'illes sont “trop bruyant.e.s” ou “trop énervé.e.s”. Il y a d'ailleurs des stéréotypes paradigmatiques spécifiques : “Angry Black Wo/Man,” “Angry Tranny,” “Feisty Latina,” “Dragon Lady,” “Class Warrior,”3 et ainsi de suite, auxquels nous nous sommes douloureusement familiarisé.e.s d'une façon ou d'une autre. Nombreux.ses parmi nous ont rallié avec de nobles intentions l'idée que la “police de l'intonation” était une construction oppressive visant à nier notre humanité éminente et à nous expurger du feu de notre colère. Nous avons le droit d'être en colère, tout comme n'importe qui; même davantage. L'oppression devrait mettre en colère.

Mais en cours de route, “l'argument de l'intonation” a été moins compris comme un fragment complexe du mécanisme social que comme un trope facilement identifiable; par la suite il est devenu un badge que l'on pouvait agiter à loisir dans n'importe quelle discussion pour s'absoudre de la responsabilité de ses mots. Même si, en tant que militant.e.s de gauche, nous avons littéralement écrit les livres sur l'importance du langage, nous suspendons cette compréhension lorsqu'il s'agit des membres de notre propre communauté, car nous en sommes venu.e.s à valoriser la sainteté de leur colère au détriment de l'intégrité du groupe plus large. Certain.e.s d'entre nous excusent cela prétextant que nous assurons un espace sûr pour que certaines personnes puissent exprimer leur colère sans qu'on le leur reproche, et parce que vivre sous l'oppression nous laisse avec une rage étouffée qui nécessite d'être exprimée.

Dès lors, la catharsis individuelle finit par compter plus que le collectif, et la responsabilité envers une communauté plus large devient vague, voire se perd complètement. »

Concernant la thématique de la "radicalité militante", voir aussi https://negreinverti.wordpress.com/2012/06/17/2656/ , http://sh.ack.red/?iCpmkQ , http://unbruitdegrelot.herbesfolles.org/?p=852

Via Kevin (http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?OBqykg) (qui, contrairement aux préceptes décrits dans cet article, profère des menaces de morts : http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?MRFWVg :p)
− Yvain
(Permalink)

Les liens de Kevin Merigot > Liens des pleutres 12/06/2015
"Via Kevin (http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?OBqykg) (qui, contrairement aux préceptes décrits dans cet article, profère des menaces de morts : http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?MRFWVg :p)"

Alors, non. Je parle d'un constat : Dukan est en train de crever (médiatiquement, etc.), et je suis surpris qu'il bouge encore. Mais du coup, j'aimerai qu'il aille crever ailleurs que sur des sujets sociaux en venant attiser les braises encore bien vives d'un sujet qui a fait énormément de mal à beaucoup de monde.

Et c'est une ordure, ça c'est aussi un constat.

^^
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