PROJET AUTOBLOG


Shaarli - Les discussions de Shaarli

Archivé

Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

⇐ retour index

Colombes, de l’asphalte sur les salades | La Ruche qui dit Oui !

lundi 21 septembre 2015 à 12:55
GuiGui's Show - Liens
« Il devrait avoir le sourire, Constantin Petcou. Son Agrocité, un lieu d’agriculture urbaine expérimentale installé à Colombes, en banlieue parisienne, est célébrée dans le monde entier. Des experts viennent d’Australie et de Hong-Kong pour l’étudier. Il a eu droit à un séminaire à Harvard. Si on rassemblait tout ce qui a été écrit sur lui dans les revues d’architecture, d’urbanisme ou d’ESS, ça ferait un vrai manuel de ville en transition.

Mais voilà. Sur sa table, un courrier de la mairie, propriétaire du terrain, qui lui demande d’aller planter ailleurs ses salades et ses expériences écolo. Parce qu’elle veut y mettre… un parking provisoire, madame le maire. De l’asphalte à la place d’un maraichage ? Voilà un sacré rappel au réel, à quelques semaines de la COP 21. Laquelle se tiendra à quelques kilomètres de là, soit dit en passant. On mesure la distance.

[...]

Tout a (bien) commencé en 2011. Le maire de la ville (celui d’avant : ceci explique-t-il cela ?) confie un terrain municipal en friche à l’Atelier d’Architecture Autogéré (AAA) [...] Leurs premières expériences de tiers lieux associatifs à Paris ont bien marché, leur réputation est bonne et ils viennent de gagner une (grosse) bourse européenne pour mener un projet urbain écolo. Là, dans un quartier très populaire du nord de Colombes, l’équipe d’AAA a dessiné et fait construire l’Agrocité, superbe bâtiment en bois qui est à la fois hangar, cuisine collective, séchoir à graines, lieu de distribution pour l’Amap du coin, salle d’expo et de débats.

C’est aussi un laboratoire écolo avec chauffage au compost, unité de phytoépuration, ferme à lombrics… Il y a aussi les 3.000 mètres carrés de maraichage répartis entre jardins partagés, plantations expérimentales et production dédiée à la vente – pour payer les charges. Plus le poulailler et les ruches. Et sans oublier l’atelier de recyclage, à quelques centaines de mètres de là. Un sacré dispositif !

Surtout, ne dites pas à Constantin qu’ils ont construit une ferme urbaine modèle. Sa réponse est toute prête, elle fuse. « Notre objectif, ce n’est pas de produire des tomates mais du lien social et de l’éducation. Le métier d’agriculteur urbain, c’est un mixte entre production alimentaire et animation sociale. » Et ça se vérifie ! Plus de quarante familles y viennent biner. Des universitaires et des experts de haut niveau y partagent régulièrement leur savoir. Une association donne des cours de compostage hebdomadaires. Des grands-mères du quartier, mais pas seulement, préparent chaque jeudi un repas partagé. Bref, c’est un lieu de vie.

En revanche, il est intarissable sur la crise qui vient. « Tous les problèmes environnementaux proviennent de notre mode de vie. Nous utilisons trop d’eau, trop d’énergie. Nous produisons trop de déchets, trop de gâchis. Ce n’est pas soutenable. Le problème c’est que l’écologie fait peur aux gens parce qu’ils pensent qu’ils doivent abandonner leur vie pour moins bien. Du coup ils disent que c’est un truc de bobos, que ce n’est pas pour eux.

Et son maitre mot est « résilience », c’est-à-dire la capacité à encaisser les chocs à venir, qui pour lui seront aussi bien sociaux qu’environnementaux. Il pense que l’Etat Providence est en bout de course et que les caisses de l’Etat sont vides. Que la crise environnementale ce n’est pas de la politique fiction. Bref, qu’il va nous falloir apprendre à nous débrouiller autrement, « au ras du sol », avec les moyens de chacun et de chaque collectivité. A viser l’autonomie et le circuit court. En l’écoutant, on repense au repas partagé dans la bonne humeur, il y a quelques semaines, avec des habitants du coin qui avaient cuisiné leurs propres légumes. On repense aussi à la lettre du maire, et on soupire.

Heureusement, le modèle mis en place ici, à Colombes, fait des petits. Un partenaire est en train de dupliquer l’expérience à Londres. Des berlinois sont dans le coup. Et les AAA ont signé un contrat de trois ans avec l’ADEME pour essaimer en Ile-de-France. L’expérience sera probablement lancée à Bagneux, autre petite ville des Hauts-de-Seine. Il a aussi un projet d’immeuble écolo et collaboratif à Paris, avec la Nef, SOS, Etic, REI, Le6B, EcoDesign Lab, Etamine, Biocoop, Enercoop, Terre de liens, MIT et bien d’autres.

[...]

Décidément, ce n’est pas tous les jours facile de faire avancer le monde… »

Gros +1 ... Encore une démonstration qu'il ne suffit pas de faire/make quelque chose pour que ça s'impose sans douleur et sans lutte (par opposition à ça : http://shaarli.guiguishow.info/?b3DQ9Q) pour la simple raison que le Système n'attend pas le changement, bien au contraire.

Via http://korben.info/news/colombes-de-lasphalte-sur-les-salades
(Permalink)