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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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CNES sur Twitter : "Ça vous dirait, une petite tweetstory ?"

lundi 15 décembre 2014 à 20:19
Nekoblog.org :: Marque-pages 15/12/2014
Le CNES raconte une histoire sur Twitter, je me permet de copier tous leurs messages ici :

« Ça vous dirait, une petite tweetstory ?

Allez. On va dire que oui.

Ce soir, nous sommes il y a 35 ans. Oui, 35 ans exactement, le 15 décembre 1979. À Kourou, la première fusée Ariane doit décoller. C’est déjà la fin d’une longue histoire, cette fusée Ariane. Il y a eu avant elle la française Diamant, l’anglaise Black Arrow. Il y a eu les fusées Europa, qui n’ont jamais tout à fait fonctionné. Il y a eu des déménagements, des changements de continent au gré des tumultes de l’histoire. Il y a eu des routes, des ponts, des bâtiments construits, des milliers d’hommes et femmes mobilisés.Une maquette puis une répétition générale ont permis de s’exercer. Mais maintenant, il faut la lancer, Ariane.

À l’église Sainte-Catherine, à Kourou, les cierges se multiplient soudainement. Ce jour-là, la météo est moyenne. C’est la petite saison des pluies en Guyane. Il faut retarder un peu le lancement. Les satellites météo ne sont pas d’une grande aide. Mais la femme du météorologiste guette les nuages à quelques km. Ariane attend sur une aire de lancement débarrassée de toute présence humaine. Plus de 100 ingénieurs sont cachés dans un bunker, à moins de 200 mètres du pas de tir. Retenez-le, ce bunker. Seuls restent les oiseaux, qui tentent vainement de se poser sur les bras glacés qui alimentent la fusée.

Un couloir maritime a été dégagé, sous la trajectoire prévue, pour éviter tout incident. Deux navires américains, maquillés en russes, ont été fermement invités à quitter la zone. Le compte à rebours se déroule sans problème. Plus qu’une heure. Plus que dix minutes. Plus qu’une. Trois, deux, un, feu, les moteurs d’Ariane crachent leurs flammes. Ariane doit décoller quatre secondes après. Elle ne décollera pas. On le saura un peu plus tard, deux capteurs ont trompé l’ordinateur qui a coupé automatiquement les moteurs. Commence alors une course contre la montre. Dans dix jours, les réservoirs d’Ariane, rongés par le carburant, seront inutilisables. Ah, aussi, les ingénieurs dans le bunker sont à quelques mètres d’une bombe géante. Bunker hermétiquement clos, évidemment. De rares équipes pourront sortir, quelques minutes, récupérer des vivres. Car il faudra plus de 20 heures pour vidanger les réservoirs. Les ingénieurs peuvent alors sortir… pour entamer un phénoménal travail de remise en état. À deux par poste, ils se relaient jour et nuit. Il n’y a de toute façon qu’une douzaine de lits sur place. Il faut dormir deux heures quand c’est possible. Des renforts sont envoyés de métropole. Sur la route de Roissy, un bus vide suit le bus plein, pour ne pas perdre de temps en cas de panne. Car il faut inspecter la fusée et le pas de tir, réparer ce qui doit l’être. Et donner un petit coup de peinture. Il faut qu’Ariane soit belle sur la photo.

Tout cela dans une ambiance indescriptible, qui marque les souvenirs à jamais. Le lancement est fixé au 23 décembre. Mais une fuite d’hélium et la pluie obligent, encore une fois, à reporter le lancement. Va pour le 24 Décembre. Ce lancement est la dernière tentative : hommes et matériel sont épuisés, les dernières gouttes de carburant ont été utilisées. Si Ariane ne part pas, ce sera dans plusieurs semaines. Au mieux. Et là, à 14h14, Ariane décolle enfin. Elle déposera quelques minutes après une capsule sur orbite.

Ce sera un beau réveillon. Avec embrassades, bataille de boule de neige, sauts habillés dans la piscine. Un peu de ti-punch aussi. Depuis, 220 fusées Ariane se sont envolées de Kourou. Seules 9 n’ont pas intégralement remplis leur mission. C’est un immense succès. Sans ces hommes, leur dévouement, leur travail acharné, peut-être en aurait-il été autrement. Alors, ce soir, deux images : le lancement, évidemment, mais aussi l’équipe au grand complet, quelques jours avant. (Les photos : https://twitter.com/CNES/status/544557053189324800).

En entamant la bûche, ces hommes et quelques femmes auront probablement une pensée pour ce Noël pas comme les autres. Peut-être que vous aussi ? En attendant, merci à eux. Merci en particulier à Yves Beguin et Michel Mignot pour leurs témoignages.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le récit de Jean-Pierre Morin. C’est passionnant http://nospremieresannees.fr/lanceurs/laj-Ariane/laj4-morin/page-01.html
Aussi, ne manquez pas ces courts témoignages, rassemblés il y a cinq ans http://www.cnes.fr/automne_modules_files/standard/public/p8185_e1dfd528a2caba6d29ff2a4f774e9711livret_30_ans_Ariane.pdf

Bonne soirée :) Promis, nous répondrons à vos questions ! »
(Permalink)

Choses vues, sur le web et ailleurs 16/12/2014
J'adore ces "histoires de science", avec des rebondissements, du suspens et de l'émotion... Bref, des vrais morceaux d'humain dedans. Merci Neko de nous l'avoir retranscrit.
La version sur Twitter : https://twitter.com/CNES/timelines/544635049069772800

Je recopie ici Neko :

« Ça vous dirait, une petite tweetstory ?

Allez. On va dire que oui.

Ce soir, nous sommes il y a 35 ans. Oui, 35 ans exactement, le 15 décembre 1979. À Kourou, la première fusée Ariane doit décoller. C’est déjà la fin d’une longue histoire, cette fusée Ariane. Il y a eu avant elle la française Diamant, l’anglaise Black Arrow. Il y a eu les fusées Europa, qui n’ont jamais tout à fait fonctionné. Il y a eu des déménagements, des changements de continent au gré des tumultes de l’histoire. Il y a eu des routes, des ponts, des bâtiments construits, des milliers d’hommes et femmes mobilisés.Une maquette puis une répétition générale ont permis de s’exercer. Mais maintenant, il faut la lancer, Ariane.

À l’église Sainte-Catherine, à Kourou, les cierges se multiplient soudainement. Ce jour-là, la météo est moyenne. C’est la petite saison des pluies en Guyane. Il faut retarder un peu le lancement. Les satellites météo ne sont pas d’une grande aide. Mais la femme du météorologiste guette les nuages à quelques km. Ariane attend sur une aire de lancement débarrassée de toute présence humaine. Plus de 100 ingénieurs sont cachés dans un bunker, à moins de 200 mètres du pas de tir. Retenez-le, ce bunker. Seuls restent les oiseaux, qui tentent vainement de se poser sur les bras glacés qui alimentent la fusée.

Un couloir maritime a été dégagé, sous la trajectoire prévue, pour éviter tout incident. Deux navires américains, maquillés en russes, ont été fermement invités à quitter la zone. Le compte à rebours se déroule sans problème. Plus qu’une heure. Plus que dix minutes. Plus qu’une. Trois, deux, un, feu, les moteurs d’Ariane crachent leurs flammes. Ariane doit décoller quatre secondes après. Elle ne décollera pas. On le saura un peu plus tard, deux capteurs ont trompé l’ordinateur qui a coupé automatiquement les moteurs. Commence alors une course contre la montre. Dans dix jours, les réservoirs d’Ariane, rongés par le carburant, seront inutilisables. Ah, aussi, les ingénieurs dans le bunker sont à quelques mètres d’une bombe géante. Bunker hermétiquement clos, évidemment. De rares équipes pourront sortir, quelques minutes, récupérer des vivres. Car il faudra plus de 20 heures pour vidanger les réservoirs. Les ingénieurs peuvent alors sortir… pour entamer un phénoménal travail de remise en état. À deux par poste, ils se relaient jour et nuit. Il n’y a de toute façon qu’une douzaine de lits sur place. Il faut dormir deux heures quand c’est possible. Des renforts sont envoyés de métropole. Sur la route de Roissy, un bus vide suit le bus plein, pour ne pas perdre de temps en cas de panne. Car il faut inspecter la fusée et le pas de tir, réparer ce qui doit l’être. Et donner un petit coup de peinture. Il faut qu’Ariane soit belle sur la photo.

Tout cela dans une ambiance indescriptible, qui marque les souvenirs à jamais. Le lancement est fixé au 23 décembre. Mais une fuite d’hélium et la pluie obligent, encore une fois, à reporter le lancement. Va pour le 24 Décembre. Ce lancement est la dernière tentative : hommes et matériel sont épuisés, les dernières gouttes de carburant ont été utilisées. Si Ariane ne part pas, ce sera dans plusieurs semaines. Au mieux. Et là, à 14h14, Ariane décolle enfin. Elle déposera quelques minutes après une capsule sur orbite.

Ce sera un beau réveillon. Avec embrassades, bataille de boule de neige, sauts habillés dans la piscine. Un peu de ti-punch aussi. Depuis, 220 fusées Ariane se sont envolées de Kourou. Seules 9 n’ont pas intégralement remplis leur mission. C’est un immense succès. Sans ces hommes, leur dévouement, leur travail acharné, peut-être en aurait-il été autrement. Alors, ce soir, deux images : le lancement, évidemment, mais aussi l’équipe au grand complet, quelques jours avant. (Les photos : https://twitter.com/CNES/status/544557053189324800).

En entamant la bûche, ces hommes et quelques femmes auront probablement une pensée pour ce Noël pas comme les autres. Peut-être que vous aussi ? En attendant, merci à eux. Merci en particulier à Yves Beguin et Michel Mignot pour leurs témoignages.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le récit de Jean-Pierre Morin. C’est passionnant http://nospremieresannees.fr/lanceurs/laj-Ariane/laj4-morin/page-01.html
Aussi, ne manquez pas ces courts témoignages, rassemblés il y a cinq ans http://www.cnes.fr/automne_modules_files/standard/public/p8185_e1dfd528a2caba6d29ff2a4f774e9711livret_30_ans_Ariane.pdf

Bonne soirée :) Promis, nous répondrons à vos questions ! »
(Permalink)