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Auto-réductions ! Expériences d’auto-réductions dans le mouvement autonome italien des années 70 | Soyons Sauvages

lundi 10 août 2015 à 18:13
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« On parle d’un mouvement social “autonome”, car autonome des partis et des syndicats. Refusant la délégation et la représentation, les exploité-e-s se préoccupent de prendre en charge leurs besoins, sans médiation, sans confiance dans les institutions, ici et maintenant, sans attendre une hypothétique et lointaine révolution préparée par des élites.

En 1973, la crise apparaît en Italie comme dans les autres pays occidentaux. Le Parti communiste (PCI) et les syndicats appellent la population à se serrer la ceinture, mais les comités autonomes répondent que les prolétaires n’ont pas à se sacrifier pour la bonne marche de l’économie, et défendent plutôt le vol et l’auto-réduction. L’auto-réduction, ça consiste à refuser ensemble de payer le prix demandé pour différents services, l’électricité, le téléphone, les transports, les loyers, et même la nourriture et les autres biens de consommation. On paye soit l’ancien prix (lorsqu’il augmente), soit moitié prix, soit rien du tout. Cette forme de désobéissance va se répandre comme une traînée de poudre dans tout le pays, souvent soutenue par les ouvriers des services concernés.

Si le mouvement des auto-réductions a pu se développer à une échelle de masse, c’est qu’il existait en Italie des luttes d’usines particulièrement fortes et permanentes. Mais c’est aussi parce qu’à la différence de l’Angleterre, où les ouvriers restent souvent enfermés au seul niveau de l’entreprise, ici les conflits sortent de l’usine. Le capitalisme casse le modèle de l’usine, où les ouvrier-e-s sont rassemblé-e-s et relativement puissant-e-s. Il délocalise, sous-traite, disperse et réduit les unités de production. La lutte des classes est toujours moins centralisée dans l’habituelle usine, entre l’ouvrier-e et le patron, et se dilue de plus en plus dans beaucoup d’aspects de la vie quotidienne, et touche d’autres personnes. Les autonomes remarquent ce glissement, et se mettent à lutter sur tous les domaines de la vie : logement, accès aux fluides, information parallèle, patriarcat… Ils analysent la situation en parlant « d’usine diffuse », concept qui justifiait la sortie de l’usine au nom du fait que tout, en définitive, de la consommation de marchandises culturelles au travail domestique, contribuait désormais à la reproduction de la société capitaliste, et que donc l’usine était désormais partout. »
− Yvain
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