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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Attentats de Paris : la conjuration des imbéciles : Reflets

mercredi 18 novembre 2015 à 00:29
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« Les massacres parisiens perpétrés par des terroristes fanatiques sont politiques. La classe politique française tente, à l’aune de l’ampleur du drame, d’évacuer ses responsabilités. L’unité affichée a un objectif principal : camoufler les raisons purement politiques de cette attaque, et surtout, les racines de celles-ci.

Analyse de la construction d’une « guerre » intérieure en cours, et des guerres extérieures fabriquées par des politiques françaises désastreuses.

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Une autre origine de cette politique pro-arabe, parfaitement établie, et importante, est la spécificité française en termes d’immigration.

La France s’est servie de millions de personnes des colonies et protectorat au sortir de la seconde guerre mondiale pour reconstruire le pays, puis après les indépendances, pour assurer sa suprématie économique nécessitant une main d’œuvre nombreuse, docile et francophone. Après le choc pétrolier de 1974 la population d’immigrés issus des ex-colonies et protectorats du Maghreb était suffisamment importante pour compter, tant d’un point de vue économique que politique. Procéder à une politique pro-Israël, anti-arabe avec des millions de personnes d’origine arabe sur son territoire — et naturellement favorables aux Palestiniens colonisés, ou aux populations des pays arabes en général — est une mauvaise idée. Dont l’Etat français ne s’est pas emparée durant plusieurs décennies.

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1991 aurait pu devenir un moment politique très difficile en France, de par la participation du « pays des droits de l’Homme » aux bombardements en Irak. La population française d’origine arabe voyait, en partie, d’un très mauvais œil l’ingérence française causant de nombreux morts parmi des populations arabophones irakiennes. L’invasion illégitime du Koweit par l’armée de Sadam Hussein, l’arrêt des hostilités suite à son retrait militaire permirent de calmer le jeu. Les choses en restèrent là. Mais ce fut un premier accroc dans la politique arabe de la France. L’accroc fut d’ailleurs temporairement effacé par l’intervention à l’ONU de Dominique de Villepin en 2003, refusant de faire participer la France à une guerre illégitime en Irak, ayant pour vocation de détruire un Etat arabe afin de s’y imposer. Jacques Chirac, ami des grands dirigeants du monde arabe savait très bien ce qu’il faisait. Chirac savait aussi ce qu’aurait pu déclencher sur le territoire français, au sein des population françaises d’origine arabe, un tel message politique, un tel engagement forcément meurtrier et totalement injustifié.

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La loi sur le foulard musulman (et non le voile islamique), avec son débat interminable, menant à celle des « signes distinctifs religieux » en 2004, entame alors une longue et douloureuse modification en profondeur de la société française. Les émeutes de 2005 viennent marquer cette orientation,  le clivage social, politique, menant entre autres à la « poussée religieuse » des ghettos français. Si des tendances à des formes de radicalisation religieuses pouvaient exister, les provocations politiques marquées par des lois stigmatisantes et hypocrites n’ont eu qu’un seul effet : l’amplifier.

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Les lignes rouges à ne pas franchir l’ont toutes été par ce président. L’accueil de Mouhamar Khadafi en grande pompe à L’Elysée en est une première : le chef d’un Etat terroriste, ennemi juré de la plupart de ses voisins arabes, dictateur infréquentable et isolé sur la scène internationale, devient l’ami de la France… Suivra Bachar El Assad, chef d’Etat autoritaire s’il en est, de confession chiite et ami des Iraniens eux-mêmes isolés par un embargo international et honnis par la France. [...] Jusqu’au sauvetage des infirmières bulgares par la visite en Libye de l’épouse du président français, avec au final, le déclenchement de la guerre… de Libye.

La France devient à cet instant, alors qu’elle tente de soutenir en parallèle le président tunisien despotique Ben Ali — jusqu’à sa destitution et sa fuite grâce à la première révolution populaire du monde arabe — un acteur de la « scène politique arabe » totalement différent. Sarkozy continue le clivage incohérent de sa politique extérieure en apportant son soutien marqué à Israël à plusieurs reprises. [...]

La création d’un djihad international bien armé dans la région du Sahel devient possible par la destruction de la Libye et de toutes ses structures institutionnelles. La France se retire et laisse dans les cendres libyennes encore fumantes se déployer des groupes armés profitant d’un chaos généralisé. Viendra la réponse militaire française, encore une fois, au Mali pour endiguer… une situation créée par l’intervention française libyenne. Mais la Syrie a déjà commencé à être déstabilisée.

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La ruée sunnite-wahhabite pour déboulonner le pouvoir chiite syrien est en cours depuis 2011. Al Quaïda est de la partie, et personne, parmi les grandes puissances, France en tête, ne veut avouer cette réalité. Les massacres ordonnés par Bachar el Assad s’additionnent à ceux des factions salafistes. François Hollande, fort de ses victoires militaires au Mali, en Centrafrique, ayant approuvé l’intervention en Libye de son prédécesseur, se précipite avec l’intention de bombarder Damas suite au gazage de la population. Laurent Fabius affirme vouloir « armer les factions rebelles ». La France est en train de se mêler d’une guerre civile, religieuse et activée par ses alliés des monarchies pétrolières du Golfe… alors que personne ne lui demande rien.

Le refus de Barak Obama empêchera les bombardements français.

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A l’été 2014, François Hollande soutient le chef du gouvernement israélien Benyamin Netanyahu qui ordonne le massacre de plus de 2000 civils de la bande de Gaza par des bombardements. La politique arabe de la France n’existe plus. Les relations diplomatiques et économiques avec les plus grandes théocraties du Golfe s’intensifient : les banquiers des milices intégristes de Syrie (l’Arabie Saoudite et le Qatar) sont des interlocuteurs privilégiés de la France, qui pourtant, soutient leur ennemi, Israël. La France qui soutient aussi les rebelles salafistes, mais qui devient leur ennemie lorsque ceux-ci deviennent des membres de l’Etat islamique. Le Calife auto-déclaré de l’EI avait prévenu : les pays qui se mêleraient de les attaquer, en aidant les Etats-Unis, deviendraient des ennemis à abattre.

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Les Français qui ont massacré plus de 130 personnes à Paris vendredi 13 novembre ont lancé un message politique : sur l’action de François Hollande en Syrie et plus globalement sur la politique étangère de la France dans le monde arabe. La revendication du Califat vient appuyer les mots des tueurs. Une infime fraction de la population occidentale s’est fanatisée, puis vassalisée à un projet politique, celui du Califat islamique. Les dirigeants français ont choisi, depuis plusieurs années, de pratiquer une politique étrangère similaire à celles des Etats-Unis, basée sur l’ingérence, la manipulation diplomatique avec des parties opposées, et la domination étrangère par l’action militaire.

Le risque d’engendrer des réponses violentes et aveugles, lorsqu’un pays participe lui-même à des actions violentes et aveugles pour renforcer ses seuls intérêts, est grand. Si jusqu’alors l’ennemi était lointain, ne pouvait réagir, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les forces radicales de l’islam politique wahhabite ont trouvé des failles. Et celles-ci sont simple. Elles s’appellent le désespoir. La rage. La folie meurtrière. L’aveuglement. La conviction de « partager un projet commun », même s’il est destructeur et monstrueux. Toutes ces possibilités présentes dans une partie de la jeunesse occidentale, la plus influençable, la plus manipulable.

Les prêcheurs de mort du wahhabisme sont financé par les mêmes à qui l’on déroule le tapis rouge à l’Elysée. L’argent des wahhabites fait vivre une partie des agents terroristes intérieurs (et leurs proches), des agents illuminée, prêts à se sacrifier au nom de leur « cause ». Le message du Califat est terriblement clair. Les citoyens devraient demander à leur classe politique de faire son devoir d’inventaire. Pactiser avec le diable ne peut que vous jeter en enfer.

Un enfer de balles et de sang, qui comme d’habitude en politique, ne touche que la population, innocente et impuissante. »
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