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Shaarli - Les discussions de Shaarli

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Site original : Shaarli - Les discussions de Shaarli du 23/07/2013

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Un troll ? Ou pas un troll ? Différentes lectures d’une capture des Simpsons | Aldarone.fr - Httqm's Links - Riff's Links

mardi 7 octobre 2014 à 00:29
Httqm > Riff, le 07/10/2014 à 00:29
Hello Riff,

> je vais tenter de répondre à deux trois points que tu lèves, en essayant de de pas envenimer la dispute.
Pas de dispute tant qu'on discute ;-)

Je saute direct à la fin de ton message :
> Après, si tu veux juste que l'on ferme nos gueules par ce qu'on te dérange et que tu n'aimes pas ce que l'on dit, ben... non, désolé.
Il y a effectivement certains trucs que vous dites que je n'aime pas (sinon, j'en aurais pas pondu une tartine pareille ;-). De là à dire que ça me dérange, non, faut pas pousser. Et de vouloir que vous fermiez vous gueules : SURTOUT PAS ! Toutes les opinions méritent d'être exprimées et écoutées, et que chacun y souscrive selon sa nature. Et comme dit récemment sur les Shaarlis concernant le fait de "débattre" avec des gens avec qui on est d'accord dès le départ : ça finirait par être chiant, non ?

L'exemple du gâteau me plaît bien, alors je continue là-dessus : si 4 bruns décident de ne pas partager le gâteau avec le roux, alors les 4 bruns sont racistes.
Mais si le pâtissier (brun) découpe une part de gâteau et en apporte une à chacun des 3 autres bruns mais pas au roux (sans que personne sache qui a eu une part de gâteau ou non), alors le seul raciste est le pâtissier, et pas les 3 bruns à qui il a apporté une part du gâteau.

> Et Alda rapproche le sexisme du racisme dans son article parce que ses mécanismes sont finalement assez proches, il suffirait dans mon exemple de remplacer le roux par une femme et les bruns par un homme...
On est d'accord ;-)

> Est-ce que si on le formulait autrement ça changerait quelque chose à ton point de vue, est ce que ce qui te dérange c'est plus la façon de dire les choses que les choses elles mêmes ? Parce que dans ce cas là, je veux bien essayer de faire un effort.
Avec toute la prudence de circonstance, je pense que le souci vient d'un a priori concernant les intentions des uns et des autres. C'est pour ça que j'ai cité Richelieu : "Qu'on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j'y trouverai de quoi le faire pendre."
Trouver dans une phrase, un mot, un geste, des intentions qui n'y sont pas est à mon sens quelque chose d'injuste. Ca revient à dire à l'autre "Je n'ai pas écouté ce que tu viens de me dire, mais je pense que tu as tort." Le maire de Springfield (?) voulait parler d'égalité entre hommes et femmes (peut-être maladroitement, peut-être pas avec les mots qu'il faut), mais il avait peut-être de bonnes intentions. Et en face de lui, ça réagit au quart de tour en lisant entre les lignes des choses qui n'y sont pas. Il essaie de se rattraper, et ce faisant, il s'enfonce en étant de plus en plus maladroit. Il est gêné de sa maladresse en même temps qu'il prend conscience de l'hostilité des femmes de l'assistance à son égard. Gêne devient peur. Peur devient agressivité et rejet : FIN DE LA COMMUNICATION, la suite ne peut être que la guerre.

La question n'est donc pas tant de formuler ses idées que d'éviter de sur-interpréter le moindre mot, la moindre virgule en classant automatiquement les gens en "gentils" et en "salauds" :
- les salauds resteront des salauds
- les gentils qu'on traite de salauds deviendront des salauds
Et au final, tout le monde est perdant : les femmes de Sprinfield vont penser que le maire est un sale macho (et il ne sera pas réélu ;-) et lui n'osera plus jamais évoquer le sujet de l'égalité en public. Victoire du "rien ne change".
(Permalink)

Kevin Merigot > Httqm, le 07/10/2014 à 00:56
Hop, je m'en mêle, mais juste sur un point (qui est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup, tout ça tout ça)

"Avec toute la prudence de circonstance, je pense que le souci vient d'un a priori concernant les intentions des uns et des autres."

=> la question n'est pas DU TOUT sur les intentions de qui que ce soit. Lorsqu'on parle de racisme, de sexisme, bref d'oppression en général, on parle d'un SYSTEME d'oppression, d'une société structurellement construite sur la négation de certains. C'est toute la bataille contre la dépolitisation de la société, qui consiste, comme Alda le résume très bien, à faire d'une structure d'oppression une histoire d'individualités qui ne s'entendent pas. Et tu es en plein dedans, non ?

Tes intentions, franchement, je m'en balance. Ce qui compte, ce sont les actions, les mots, les interactions. Pas pour moi, qui suis un grand privilégié du système, mais pour ceux qui n'ont pas la chance d'être bien nés. C'est précisément ça qu'il faut changer. Parce que ce qui te paraît anodin a des implications bien plus vastes. Ta personne, on s'en contrecarre, tout comme on se contrecarre de ma personne, lorsqu'on parle de racisme/sexisme/whatever en tant que système.

Et il n'y a pas "les gentils" et "les salauds". Tu crois vraiment que quiconque se casserait le cul à te répondre si tu étais déjà catalogué et enfermé dans une boite ? Si on se fout totalement des personnes lorsqu'on analyse un système, les personnes sont au centre des préoccupations lorsqu'il s'agit de faire quelque chose. Parce que ce ne sont pas les anti-racistes/anti-sexistes/whatever convaincus et militants qui feront seuls le travail. Et donc ça passe par le fait de faire COMPRENDRE aux autres le problème, de faire COMPRENDRE qu'on est pas là à pinailler sur des personnes, de faire COMPRENDRE comment tout ça marche et s'imbrique, de faire COMPRENDRE pourquoi quand tu dis que "je suis pas sexiste mais c'est vrai qu'une nana ça ne sait pas conduire" tu fais perdurer ce sexisme.

Il ne s'agit pas de convertir qui que ce soit à ce qui serait une nouvelle religion. Parce que ça, sans déconner, ça serait extrêmement facile : c'est du John Gray, par exemple, qui fait salle plus comble qu'une messe de Noël. Et ça serait d'autant plus facile que c'est le chemin que vous suivez déjà. Peut-être qu'une vraie remise en question en s'intéressant réellement aux arguments et au sujet arrangerait les choses.

Parce qu'après tout, il y a tellement de courants féministes ("tellement que ça en devient inaudible") qu'il doit bien y en avoir un qui te correspond.

(pro-tip : "l'égalitarisme" n'est pas un courant féministe) (ce n'est même pas une pensée construite ni concrète, c'est une échappatoire pseudo-humaniste)

Edit : je vais réagir aussi sur le "victoire du rien ne change" : c'est grâce à des mouvements que tu accuses de mener au "rien ne change" que les choses ont changé depuis la formation des premiers mouvements féministes. L'Histoire (une fois n'est pas coutume) te donne tort.
(Permalink)

Riff > Httqm, le 07/10/2014 à 02:56
Httqm,
>"L'exemple du gâteau me plaît bien, alors je continue là-dessus : si 4 bruns décident de ne pas partager le gâteau avec le roux, alors les 4 bruns sont racistes.
Mais si le pâtissier (brun) découpe une part de gâteau et en apporte une à chacun des 3 autres bruns mais pas au roux (sans que personne sache qui a eu une part de gâteau ou non), alors le seul raciste est le pâtissier, et pas les 3 bruns à qui il a apporté une part du gâteau."

Ce que j'essaye de te dire c'est que le problème n'est pas de savoir si les bruns partagent ou pas le racisme anti-roux du pâtissier. Le problème, c'est que même si les bruns ne sont pas au courant du racisme (et dans la réalité, ils le sont bel et bien), même si ils y sont opposés, ils profitent quand même de ses effets : eux ont eu une part de gâteau et pas le roux.

Ces analyse ne cherchent pas à accuser ceux qui profitent de ce type d'avantage, mais à identifier le fonctionnement du système, dans un but purement scientifique chez certains (les sociologues), dans un but militant chez d'autre : comprendre comment ce putain de gâteau est partagé pour pouvoir le partager au mieux et faire en sorte que le roux ne soit plus lésé par rapport aux autres.
(Permalink)

Httqm > Kevin Merigot, le 07/10/2014 à 10:42
http://www.seven-ash-street.fr/links/?QP5C-g

@Riff,

> Ces analyse ne cherchent pas à accuser ceux qui profitent de ce type d'avantage, mais à identifier le fonctionnement du système, dans un but purement scientifique chez certains (les sociologues), dans un but militant chez d'autre : comprendre comment ce putain de gâteau est partagé pour pouvoir le partager au mieux et faire en sorte que le roux ne soit plus lésé par rapport aux autres.

Dans ce cas, ok. A condition que personne n'aille montrer du doigt un brun qui a accepté une part de gâteau sans savoir que le roux n'en aurait pas. Présumer qu'une personne aurait accepté sa part tout en sachant comment a été effectué le "partage" me semble tout aussi injuste que le partage inégalitaire.







https://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?8xB8LQ

> la question n'est pas DU TOUT sur les intentions de qui que ce soit. Lorsqu'on parle de racisme, de sexisme, bref d'oppression en général, on parle d'un SYSTEME d'oppression, d'une société structurellement construite sur la négation de certains. C'est toute la bataille contre la dépolitisation de la société, qui consiste, comme Alda le résume très bien, à faire d'une structure d'oppression une histoire d'individualités qui ne s'entendent pas.

Voilà exactement là où je voulais en venir en disant que le sujet du féminisme (entre autres) est devenu un sujet passablement prise de tête (ceci n'engage que moi) : quel que soit le point de départ, on en arrive toujours aux mêmes arguments "système d'oppression", "société construite sur la négation", "dépolitisation de la société". Comme s'il devait y avoir un ministère de l'oppression, avec une administration organisant les inégalités. Il est fortement possible que je n'aie pas compris grand-chose à ta phrase précédente. Ce que je vois dans cet extrait des Simpsons, c'est un homme sur le point de se faire lyncher pour sa maladresse, des femmes prêtes à le lyncher, et le reste des hommes de la salle qui baissent les yeux en se disant "Dis rien, dis rien, bronche pas, et ça va passer." Vu d'ici, l'opprimé, c'est celui qui est derrière le micro.

> Et tu es en plein dedans, non ?
Possible ;-)

> Tes intentions, franchement, je m'en balance.
C'est un peu ce qui me gêne, finalement, car elles ne sont pas mauvaises (et qu'on ne me fasse pas le coup de la télépathie encore une fois, SVP). J'essaie de discuter avec toi et d'autres ici, pour me faire expliquer que je n'y comprends rien, que ce n'est pas comme ça qu'il faut voir le problème et que <insérer ici un argument d'un sociologue qui s'est penché sur la question>.
Comme les hommes au fond de la salle dans les Simpsons, je pourrais me dire "bouge pas, dis rien.", baisser les yeux et aller voir des photos de chatons sur les internets à la place. Si le moindre guignol dans mon genre qui essaie d'entrer dans le débat se fait cueillir à chaque fois par les mêmes arguments, faut pas non plus vous étonner de subir une certaine forme de rejet.
>Ce qui compte, ce sont les actions, les mots, les interactions.
Comment peux-tu interagir avec les autres si tu te méprends sur leurs intentions ? Si quelqu'un t'aborde dans la ue pour te demander l'heure mais que tu t'imagines qu'il veut juste te voler ta montre, penses-tu que ta réaction sera appropriée ?
> Pas pour moi, qui suis un grand privilégié du système, mais pour ceux qui n'ont pas la chance d'être bien nés.
Voici le couplet sur la culpabilisation : oui, j'ai la chance d'être né ici, dans telles et telles conditions. Oui, il y a des millions de gens qui n'ont pas eu cette chance. Mais je n'en suis pas responsable. Je ne dis pas non plus que je m'en fiche, mais je ne culpabilise pas à cause de ça.

> Parce que ce ne sont pas les anti-racistes/anti-sexistes/whatever convaincus et militants qui feront seuls le travail. Et donc ça passe par le fait de faire COMPRENDRE aux autres le problème, de faire COMPRENDRE qu'on est pas là à pinailler sur des personnes, de faire COMPRENDRE comment tout ça marche et s'imbrique,
Soit, mais je serais curieux de savoir si cela réussit réellement à convaincre les gens. En ce qui me concerne, prendre du "système d'oppression" et du "produit du patriarcat" à chaque discussion, ça a l'effet inverse.
> de faire COMPRENDRE pourquoi quand tu dis que "je suis pas sexiste mais c'est vrai qu'une nana ça ne sait pas conduire" tu fais perdurer ce sexisme.
Encore et toujours de la télépathie. Arrêtez de "lire" dans l'esprit des gens et écoutez-les uns peu. On est tous d'accord que "je suis pas sexiste mais c'est vrai qu'une nana ça ne sait pas conduire" est sexiste, mais peut-être qu'on ne est plus à ce niveau. Et peut-être que les gens à qui on ressert ce genre d'arguments en ont marre d'être pris pour des primates.

> Parce qu'après tout, il y a tellement de courants féministes ("tellement que ça en devient inaudible") qu'il doit bien y en avoir un qui te correspond.
Possible. Mais j'ai pas encore trouvé lequel :-/

> Edit : je vais réagir aussi sur le "victoire du rien ne change" : c'est grâce à des mouvements que tu accuses de mener au "rien ne change" que les choses ont changé depuis la formation des premiers mouvements féministes. L'Histoire (une fois n'est pas coutume) te donne tort.
Je faisais référence uniquement au micro-évènement montré dans l'extrait des Simpsons : les femmes sont en pétard contre le maire. Le maire évitera le sujet du féminisme en public.
Si pour des hommes, parler du féminisme est perçu comme un exercice de funambulisme, que va-t-il se passer ? Ils n'en parleront plus.
(Permalink)