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▶ Le Sang des Martyrs - Les amis d'ta femme - YouTube

vendredi 1 mai 2015 à 16:31
Nekoblog.org :: Marque-pages 01/05/2015
Quand un 1er mai, tu retombes un peu par hasard (les joies des playlists aléatoires de Clémentine) sur cette reprise d'une chanson de Jules Jouy (1887) en hommage aux pendus de Chicago (https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Haymarket_Square).

L'album "Noir... et rouge aussi un peu" (2003) des Amis d'ta Femme est un album de reprises de « chansons d'esprits libertaires » composées entre 1870 et 2000. Dans le livret du CD, chaque chanson est accompagnée d'un texte qui la replace dans son contexte historique. Je me permets de recopier celui qui accompagne ce "Sang des Martyrs" (somme toute assez similaire au texte de la page Wikipedia du massacre en question).

« Les pendus de Chicago

En 1868, une loi américaine reconnaît, sans l'appliquer, le principe syndical des 3x8, c'est à dire 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de détente. À partir de 1869, les ouvriers américains luttent pour la mise en pratique de cette loi, afin d'obtenir de meilleures conditions de travail, mais aussi pour l'abolition du salariat. La première grève a lieu en 1877 à Pittsburgh. En octobre 1884, une date est choisie pour la mobilisation massive des ouvriers, alors que les usines licencient en bloc.

Ainsi, le samedi 1er mai 1886, les syndicats de la Fédération Américaine du Travail et le journal anarchiste "The Alarm" appellent à la grève générale, qui est largement suivie, mobilisant près de 340.000 salariés et bloquant au moins 12.000 usines dans tout le pays. À Chicago, alors que la manifestation se disperse, deux cents policiers font irruption et chargent les ouvriers : un mort et des dizaines de blessés. la violence policière suscite un appel à un rassemblement de protestation pour le 4 mai au Haymarket Square. Mais la veille, lors d'un meeting dans les usines Mac Cormick (où 1200 salariés viennent d'être récemment licenciés), les policiers tuent six travailleurs et en blessent une cinquantaine pour protéger les "jaunes", des ouvriers embauchés pour casser les grèves. Aussi le 4 mai, tout Chicago est paralysé par une grève générale. La manif de protestation a lieu dans la soirée, rassemblant 15.000 personnes. Le maire Carter Harrison y assiste, convaincu que rien ne va se passer, et demande au chef de la police John Bonfield de lever le dispositif de sécurité. Les gens se dispersent, il n'en reste que quelques centaines au Haymarket, quand soudain 180 policiers foncent vers la foule. Aussitôt, venue d'on ne sait où, une bombe à mèche est lancée sur les flics, y faisant un mort et des dizaines de blessés. Les forces de l'ordre ripostent immédiatement en tirant sur la foule, tuant cinq ouvriers.

L'État décrète la loi martiale. Huit militants, dont trois seulement présents au Haymarket, sont arrêtés. Leur procès commence le 21 juin 1886. Le procureur Julius Grinnel déclare au jury : « Il n'y a qu'un pas de la République à l'anarchie. (...) Ces huit hommes ont été choisis parce qu'ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent.
Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d'eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C'est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l'anarchie, ou non. »
Cinq d'entre eux sont condamnés à mort et pendus le 11 novembre 1887 : August Spies, George Engel, Albert Parsons, Adolph Fischer, et Louis Lingg qui se pend dans sa cellule. Plus de 500.000 personnes se pressent aux funérailles des "martyrs du Haymarket". Le 26 juin 1893, les rescapés Oscar Neebe, Michael Schwab et Samuel Fielden sont officiellement libérés, leur innocence étant reconnue, ainsi que le fait qu'ils ont été les victimes d'un procès hystérique, biaisé et partial.

C'est en leur mémoire, et pour rappeler ces événements, que le congrès de l’Internationale Socialiste réuni à Paris en 1889, choisira le 1er mai comme journée de lutte sociale pour les travailleurs du monde entier. Bien évidemment, le 1er mai sera immédiatement contesté par les autorités et les premières manifestations en France prennent une tournure violente. Comme à Vienne le 1er mai 1890, où la manifestation tourne à l'émeute, s'achève par l'arrestation des "meneurs" et le déclenchement de grèves pendant une semaine. Le 1er mai suivant à Fourmie, l'armée tire sur la foule : 10 morts. Le même jour, quelques dizaines de militants réunis place de la République à Levallois-Perret improvisent, drapeau rouge en tête, une manifestation en direction de Clichy. Profitant de l'arrêt du cortège, des policiers cherchent à confisquer le drapeau. Une bagarre, puis une fusillade éclatent. Le rassemblement se disperse, mais la police arrête trois manifestants blessés par balle. Jugés, ils sont lourdement condamnés le 28 août 1891.

Cet acharnement des autorités contre les anarchistes et les mouvements populaires décidera Ravachol, Auguste Vaillant et Émile Henry à commettre des attentats. Jusqu'au début du XXe siècle, le 1er mai conservera son aspect revendicatif et libertaire avant d'être finalement récupéré par la révolution bolchevique, puis par les nazis, et enfin par le régime de Vichy qui le travestira en "Fête du travail". »
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