« Faire bloc autour de nos valeurs ».... - Guillaume Champeau | Facebook
mercredi 20 juillet 2016 à 00:03Je défacebookise ce court texte de Guillaume Champeau:
> « Faire bloc autour de nos valeurs ». Oui, mais lesquelles ?
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> Ce soir je pensais me changer les idées en jouant à Overwatch mais le patch de 1,7 Go fait que je me retrouve à regarder le débat parlementaire sur l'état d'urgence, et donc à attendre Manuel Valls lors de la discussion générale.
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> Je passe sur les détails du discours, attendu, mais une phrase dite l'air de rien résume pour moi tout le problème qu'on a en France et en Europe face au terrorisme. C'est un peu ça que je voulais dire d'ailleurs dans un article récent sur l'attentat de Nice (www.numerama.com/…/183067-lattentat-de-nice-limpossible-rem… ). « Nous devons faire bloc autour de nos valeurs ».
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> Valls dit ça comme si c'était une évidence, qu'on a des valeurs, et qu'on les connaît tous. Or tout le problème, à mon avis, est bien justement qu'on n'a pas de valeurs communes.
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> Les communistes de l'époque léniniste, stalinienne, maoiste,... oui, ils avaient des valeurs à eux, qu'ils voulaient défendre contre le reste du monde. Les libéraux américains qui promeuvent l'économie de marché et la liberté des mœurs et des opinions, ils ont des valeurs communes, qu'ils tentent d'imposer au monde. Les djihadistes islamistes qui combattent pour Allah, pour leur vision de l'islam, ou plus prosaïquement pour l'idée d'un état islamique stratégiquement bien implanté au Moyen-Orient, ils ont des valeurs qui leur sont propres, et pour lesquels ils sont prêts à mourir. Mais nous ?
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> Qui, ici, peut dire quelles sont les « valeurs » de la France qui nous rassemblent, pour lesquelles nous sommes prêts à mourir ?
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> Liberté, égalité, fraternité ?
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> Liberté ? On dit défendre les libertés et les droits de l'homme mais on se laisse endormir depuis des années par une succession de lois sécuritaires, et "on" (les électeurs) en réclame toujours plus à chaque attentat. On n'accepte pas que des femmes musulmanes puissent être libres de porter le voile si elles le souhaitent, ou que certains propos qui dérangent ou qui choquent puissent être écrits sur Internet ou prononcés à la télévision. Nous vivons une époque de censure et d'auto-censure intense, sans même vraiment s'en rendre compte.
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> Égalité ? Notre cœur reste attaché à des idéaux égalitaires, mais on s'est rallié par pragmatisme au libéralisme à l'américaine. Je cherche quelle est la défense de l'égalité lorsqu'on laisse s'installer sans mot dire une mutuelle privée obligatoire qui fait que la sécurité sociale universelle n'est plus qu'un souvenir du 20e siècle.
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> Fraternité ? Je n'ai jamais senti la France aussi divisée, suspicieuse des uns qui profiteraient trop d'aides, des autres qui frauderaient pour en avoir,...
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> Clairement la France a ses valeurs perdues, le cul entre plein de chaises. Je ne sais pas ce que je pourrais dire à mon fils, s'il me demandait pourquoi il faut être fier d'être Français. Et putain, ça me fait chier. La dernière fois que j'ai ressenti vraiment cette fierté d'être français c'était avec Chirac, et le discours de Villepin à l'ONU contre la guerre en Irak (https://www.youtube.com/watch?v=RNxU-tN8qNc ). Il y avait tout dans ce discours. C'était avant nos interventions.
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> Donc si moi je ressens ça, si moi qui suis un légaliste je suis un mauvais patriote qui ne sait pas pourquoi je devrais être davantage fier d'être français aujourd'hui (et pas simplement en se référant à notre histoire glorieuse), je comprends que d'autres qui n'ont pas la chance d'être à mon niveau d'insertion sociale, et qui vivent une forme d'intolérance et d'absence totale d'espoir dans un avenir meilleur, cherchent à trouver d'autres valeurs à défendre, ailleurs, voire contre nous.
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> C'est pour ça que je suis très pessimiste sur l'avenir, surtout s'il n'y a pas d'embellie économique qui pourrait apaiser les tensions.
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> Dès qu'on a des valeurs aujourd'hui, on est taxé d'être utopiste, ou populiste. Comme si chercher à construire le meilleur monde possible, ou s'intéresser à ce que demande le peuple, était grotesque, ridicule, voire dangereux.
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> Tant qu'on pensera ça, on ne construira pas ces valeurs qui permettront de nous fédérer. En tout cas j'espère qu'on ne se fédérera pas uniquement contre un ennemi, surtout s'il est plus motivé que nous…, mais qu'on saura se fédérer, effectivement, pour « faire bloc autour de nos valeurs ».
(Permalink)
> « Faire bloc autour de nos valeurs ». Oui, mais lesquelles ?
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> Ce soir je pensais me changer les idées en jouant à Overwatch mais le patch de 1,7 Go fait que je me retrouve à regarder le débat parlementaire sur l'état d'urgence, et donc à attendre Manuel Valls lors de la discussion générale.
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> Je passe sur les détails du discours, attendu, mais une phrase dite l'air de rien résume pour moi tout le problème qu'on a en France et en Europe face au terrorisme. C'est un peu ça que je voulais dire d'ailleurs dans un article récent sur l'attentat de Nice (www.numerama.com/…/183067-lattentat-de-nice-limpossible-rem… ). « Nous devons faire bloc autour de nos valeurs ».
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> Valls dit ça comme si c'était une évidence, qu'on a des valeurs, et qu'on les connaît tous. Or tout le problème, à mon avis, est bien justement qu'on n'a pas de valeurs communes.
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> Les communistes de l'époque léniniste, stalinienne, maoiste,... oui, ils avaient des valeurs à eux, qu'ils voulaient défendre contre le reste du monde. Les libéraux américains qui promeuvent l'économie de marché et la liberté des mœurs et des opinions, ils ont des valeurs communes, qu'ils tentent d'imposer au monde. Les djihadistes islamistes qui combattent pour Allah, pour leur vision de l'islam, ou plus prosaïquement pour l'idée d'un état islamique stratégiquement bien implanté au Moyen-Orient, ils ont des valeurs qui leur sont propres, et pour lesquels ils sont prêts à mourir. Mais nous ?
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> Qui, ici, peut dire quelles sont les « valeurs » de la France qui nous rassemblent, pour lesquelles nous sommes prêts à mourir ?
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> Liberté, égalité, fraternité ?
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> Liberté ? On dit défendre les libertés et les droits de l'homme mais on se laisse endormir depuis des années par une succession de lois sécuritaires, et "on" (les électeurs) en réclame toujours plus à chaque attentat. On n'accepte pas que des femmes musulmanes puissent être libres de porter le voile si elles le souhaitent, ou que certains propos qui dérangent ou qui choquent puissent être écrits sur Internet ou prononcés à la télévision. Nous vivons une époque de censure et d'auto-censure intense, sans même vraiment s'en rendre compte.
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> Égalité ? Notre cœur reste attaché à des idéaux égalitaires, mais on s'est rallié par pragmatisme au libéralisme à l'américaine. Je cherche quelle est la défense de l'égalité lorsqu'on laisse s'installer sans mot dire une mutuelle privée obligatoire qui fait que la sécurité sociale universelle n'est plus qu'un souvenir du 20e siècle.
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> Fraternité ? Je n'ai jamais senti la France aussi divisée, suspicieuse des uns qui profiteraient trop d'aides, des autres qui frauderaient pour en avoir,...
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> Clairement la France a ses valeurs perdues, le cul entre plein de chaises. Je ne sais pas ce que je pourrais dire à mon fils, s'il me demandait pourquoi il faut être fier d'être Français. Et putain, ça me fait chier. La dernière fois que j'ai ressenti vraiment cette fierté d'être français c'était avec Chirac, et le discours de Villepin à l'ONU contre la guerre en Irak (https://www.youtube.com/watch?v=RNxU-tN8qNc ). Il y avait tout dans ce discours. C'était avant nos interventions.
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> Donc si moi je ressens ça, si moi qui suis un légaliste je suis un mauvais patriote qui ne sait pas pourquoi je devrais être davantage fier d'être français aujourd'hui (et pas simplement en se référant à notre histoire glorieuse), je comprends que d'autres qui n'ont pas la chance d'être à mon niveau d'insertion sociale, et qui vivent une forme d'intolérance et d'absence totale d'espoir dans un avenir meilleur, cherchent à trouver d'autres valeurs à défendre, ailleurs, voire contre nous.
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> C'est pour ça que je suis très pessimiste sur l'avenir, surtout s'il n'y a pas d'embellie économique qui pourrait apaiser les tensions.
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> Dès qu'on a des valeurs aujourd'hui, on est taxé d'être utopiste, ou populiste. Comme si chercher à construire le meilleur monde possible, ou s'intéresser à ce que demande le peuple, était grotesque, ridicule, voire dangereux.
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> Tant qu'on pensera ça, on ne construira pas ces valeurs qui permettront de nous fédérer. En tout cas j'espère qu'on ne se fédérera pas uniquement contre un ennemi, surtout s'il est plus motivé que nous…, mais qu'on saura se fédérer, effectivement, pour « faire bloc autour de nos valeurs ».
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