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Tunisie: Chokri Belaïd, une figure de l’opposition assassinée à Tunis

mercredi 6 février 2013 à 11:43
Chokri Belaïd le 29 décembre 2010 à Tunis (AFP/Archives, Fethi Belaid)

Chokri Belaïd le 29 décembre 2010 à Tunis (AFP/Archives, Fethi Belaid)

Une figure de l’opposition tunisienne, Chokri Belaïd, a été tuée par balles mercredi à Tunis et ses proches ont accusé les islamistes au pouvoir du crime, alors que le Premier ministre dénonçait "un acte de terrorisme" dans un contexte d’instabilité croissante en Tunisie.

Quelque 200 personnes manifestaient pour dénoncer le meurtre devant le ministère de l’Intérieur sur l’avenue Habib Bourguiba, l’axe central de Tunis et haut lieu de la révolution de janvier 2011 qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali.

"Mon frère a été assassiné, je suis plus que désespéré", a indiqué à l’AFP le frère du défunt, Abdelmajid Belaïd.

Selon l’épouse de l’opposant et secrétaire général du parti des Patriotes démocrates, s’exprimant sur la radio Mosaïque, il a été touché par plusieurs balles alors qu’il sortait de chez lui.

Son frère a immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, d’être responsable du meurtre. "J’accuse (le chef d’Ennhada) Rached Ghannouchi d’avoir fait assassiner mon frère", a-t-il déclaré, sans plus d’explication pour étayer cette accusation.

Chokri Belaïd, 48 ans, critique acerbe du gouvernement actuel, avait rejoint cette année une coalition de partis de gauche, le Front populaire, qui se pose en alternative au pouvoir en place.

Le Premier ministre islamiste, Hamadi Jebali a immédiatement dénoncé le meurtre y voyant un "acte de terrorisme". "C’est un acte criminel, un acte de terrorisme pas seulement contre Belaïd mais contre toute la Tunisie", a-t-il dit à la radio Mosaïque FM, promettant de tout faire pour que le tueur soit arrêté rapidement.

"Le peuple tunisien n’est pas habitué à ce genre de choses, c’est un tournant grave (…) notre devoir à tous, en tant que gouvernement, en tant que peuple c’est de faire preuve de sagesse et de ne pas tomber dans le piège du criminel qui vise à plonger le pays dans le désordre", a-t-il déclaré.

Selon M. Jebali, Belaïd a été tué de trois balles tirées à bout portant par un homme portant un vêtement de type burnous, sorte de long manteau traditionnel en laine avec une capuche pointue.

Ennahda a de son côté dénoncé "un crime odieux visant à déstabiliser le pays".

Devant l’hôpital du quartier Ennasr de Tunis, où la dépouille de Belaïd se trouve, une foule s’est aussi réunie hurlant sa colère et accusant Ennahda scandant: "Le peuple veut une nouvelle révolution". "Ghannouchi sale chien", criait notamment le père de la victime, en larmes.

Hamma Hammami, le chef du Front populaire et proche de Belaïd, a dénoncé un "crime politique". "Il a été commis par des partis politiques qui veulent enfoncer le pays dans le meurtre et l’anarchie. Tout le gouvernement, et tout le pouvoir assume la responsabilité de ce crime odieux car les menaces contre Chokri et d’autres ne datent pas d’aujourd’hui", a-t-il dit à l’AFP.

La Tunisie a vu se multiplier les violences sociales et politiques ces derniers mois.

Plusieurs partis d’opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes, la Ligue de protection de la révolution, d’orchestrer des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux. Les partisans de ce mouvement sont accusés notamment d’avoir tué en octobre un dirigeant régional du parti d’opposition Nidaa Tounès à Tataouine (sud).

Par ailleurs, la Tunisie est plongée dans une impasse politique, faute d’un compromis sur la future Constitution qui bloque l’organisation de nouvelles élections.

Enfin, la coalition au pouvoir dominée par Ennahda traverse une grave crise, ses deux alliés de centre-gauche Ettakatol et le Congrès pour la République, réclamant un remaniement d’ampleur du gouvernement pour retirer aux islamistes des ministères régaliens.

AFP