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source: Maniac Geek

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Nous sommes des chiens avec une grande laisse

mardi 4 septembre 2012 à 14:16

 

Dans une immense cour bordés d’arbres et de belles plantes en tout genre, un chien gambade gaiement. Il peut aller où il veut et quand il veut. Il pense qu’il est totalement libre. Un jour, ses maitres partent en voiture et quand la porte s’ouvre, il voit qu’il y a une immense forêt qui entoure la cour. Il y a bien plus d’arbres, de plantes et de fleurs qu’il n’y en aura jamais dans sa cour. Pensant qu’il est totalement libre, il se précipite vers la sortie quand une douleur brutale le prend à la gorge. C’est là qu’il voit la laisse en acier qui fait de lui un prisonnier. Quand il se rend compte qu’on l’a pris pour un con toute sa vie, le chien a deux choix, soit il se fait violence en se disant que peu de liberté vaut mieux que rien du tout, soit il se dit qu’il veut à tout prix sortir de la cour.

repression

 

Le monde reprendra son cours s’il choisit la première solution, mais s’il choisit la seconde, alors il devra aboyer pour se faire entendre. D’abord, ce sera des gémissements, puis des hurlements à la mort. Finalement, quand il verra que rien ne fonctionne, il va tenter de mordre un des enfants du maitre pour enfin attirer son attention. Cette fois, le maitre le détachera pour le mettre dans sa voiture et le chien pensera qu’il a obtenu ce qu’il voulait. Mais la balade le conduira simplement dans une clinique vétérinaire où un mec en blouse blanche va le piquer.

Si vous ne l’avez pas encore compris, l’internaute ou même le citoyen est le chien dans le monde actuel. Il pense qu’il peut dire et faire tout ce qu’il pense. Il pense qu’il est libre avec l’Internet. Il poste sur des blogs, des forums en se croyant comme un de ceux qui changent le monde. Mais s’il arrive à gratter la surface et à voir derrière la cour, il se rendra qu’il est surveillé en permanence. Etre totalement anonyme ou totalement libre est une utopie. Aujourd’hui, c’est l’affaire du piratage de 12 millions de compte appartenant à des utilisateurs d’Apple que les Anonymous ont piqués chez le FBI. Les fans d’Apple qui ont autant de jugeotte que les adeptes d’une secte se déchainent contre les pirates. Ils sont comme l’idiot qui regarde le doigt quand on lui montre la lune, car la véritable question est qu’est-ce que le FBI foutait avec ce type de données. Et si c’est possible avec des informations provenant d’Apple, pourquoi ce ne sera pas la même chose avec d’autres systèmes ?

L’une des avocates de Julian Assange s’est vue interdite de vol, car elle était dans la liste noire des autorités américaines. Son crime n’était pas de s’être entrainé dans un camp de terroristes en Afghanistan ou d’avoir encastré un avion dans un immeuble, mais juste le fait qu’elle avait prise la défense du fondateur de Wikileaks. Les gouvernements oublient rapidement la loi Miranda qui stipule que même le pire des criminels a droit à un avocat. On peut nous traiter de paranoiaques ou de théoriciens du complot qui croient à une surveillance globale, mais les faits sont là. Chaque jour, on lit des dérives de gouvernements démocratiques. En fin de compte, on nous assène une pseudo liberté, mais uniquement dans les limites acceptables dans notre société. On nous dit de prendre autant de plaisir qu’on veut dans la cour, mais gare à nous si nous cherchons à sortir sous peine d’une visite chez le vétérinaire.

Mais on peut se demander pourquoi une telle cabale contre Julian Assange ? Après tout, il n’a publié que des cables diplomatiques et non les emplacements secrets de missiles ou d’autres documents ultra-confidentiels. Mais le fait est que ces documents ont permis en partie de comprendre comment les gouvernements fonctionnent réellement. Cette initiative a désacralisée le gouvernement ce qui implique qu’on ne le respecte plus comme la parole d’Evangile et qu’on lui demandera des comptes pour tout. La puissance d’un gouvernement réside dans sa capacité à jouer parfaitement au Docteur Jekyll et My Hyde. Pour Mr et Mme Michu, c’est le gouvernement qui le protège des méchants, mais ce même gouvernement pactise avec ces mêmes méchants pour être tranquille.

L’esclave dans les chaînes est libre ; cela veut dire que le sens même de ses chaînes lui apparaîtra à la lumière de la fin qu’il aura choisie : rester esclave ou risquer le pis pour s’affranchir.

Jean Paul Sartre