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Le Hollandais Volant

source: Le Hollandais Volant

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L’espace privatisé… Et ça vous gêne ?

mardi 1 décembre 2015 à 16:21
Alors qu’avant l’espace n’était pas privatisable par quelque État que ce soit (selon divers traités), maintenant il va explicitement devenir possible pour des entreprises d’aller dans l’espace et de miner les astéroïdes ou les autres ressources qui s’y trouvent.

Déjà, contrairement à ce qui semble dit, l’espace n’est pas privatisé, ce sont les ressources minières qui peuvent l’être maintenant.
Exactement comme les océans en fait : l’océan n’est à personne, mais si j’y pêche un poisson, il est à moi.

Alors si ça vous gêne qu’une entreprise puisse récupérer l’or et le platine se trouvant entre les orbites de Mars et Jupiter (à 500 000 000 km d’ici), ok.
Mais alors expliquez moi pourquoi ça ne gêne personne que les océans (n’appartenant à personne) puissent être exploités de la même façon ? Idem pour l’eau. Idem pour l’air (la société Air Liquide vous vend des bouteilles remplies avec de l’air ou d’autres gaz : argon, CO2, hélium…) ou le vent. Idem pour le pétrole. Idem pour des cailloux.

Si on veut rester logique, ça ne devrait pas gêner plus que les frontières à nos pays ou les barrières autour de notre jardin.


Ensuite, il est clair, aujourd’hui, que les gouvernements ne veulent plus se lancer dans les conquêtes spatiales : les budgets diminuent, les projets sont abandonnés, le public y voit un désintérêt (qui n’a pas lieu d’être pourtant) avec l’excuse faussée du coût (alors que la Nasa en 50 ans a reçu moins que l’Armée US en 2014).

Alors pourquoi ne pas laisser les entreprises et quelques autres milliardaires créer une économie basée sur les ressources de l’Univers : déjà ça va faire avancer la recherche et la technologie, et ça va générer des emplois (il semble que tout le monde n’ait que ça à la bouche) et enfin, les ressources minières rapportées sur Terre vont permettre de créer de nouvelles choses.

Un astéroïde rempli d’or — et il y en a — qui va être miné et dont l’or sera rapporté sur Terre va rendre cet or bien plus abondant pour l’industrie, et de nouvelles applications vont naître (pensez à l’aluminium : en 1850, il était plus rare et précieux que le platine ; aujourd’hui, on s’en sert pour protéger nos sandwich, alléger les voitures et faire des cannettes de soda).
Oui, il est certain qu’à cause de ça, le cours de l’or va s’effondrer (c’est pour ça qu’il me semble une très mauvaise idée de placer son capital dans de l’or aujourd’hui), mais vu les nouvelles applications qui vont naître, il va également remonter après.



Enfin, il faut faire face à des pénuries sur Terre : certains métaux ou éléments utilisés dans la vie de tous les jours (lithium, néodyme, samarium — ces deux derniers ne faisant pas partie des « terres rares » pour rien) sont de plus en plus rares. On peut toujours se passer des smartphones quand il n’y aura plus rien pour les faire, mais est-ce vraiment ce que vous voulez ?
Je parle de métaux rares ou de lithium, mais il en va de même pour l’énergie solaire ou autres : la Lune contient par exemple de l’hélium 3, qui pourrait être utilisée dans des centrales à fusion, propres.
Rester sur Terre devient vite limité : la preuve, c’est qu’on se fait la guerre pour des dinosaures décomposés enfouis dans le sol, alors que de l’énergie on en a plus dans l’espace qu’on ne pourra jamais en consommer.

Que ce soient des entreprises privées qui s’en chargent, c’est normal aussi : la Nasa et l’Esa ne sont pas là pour faire du profit. Ils sont là pour repousser les frontières du possible, justement pour relancer l’économie et montrer aux investisseurs qu’il y a un potentiel économique à prendre. Ce sont les agences gouvernementales (Nasa, Esa…) qui prennent les risques pour envoyer des hommes sur la Lune ou pour faire atterrir un engin sur une astéroïde. Ce sont eux qui montrent que c’est possible. Ce sont après les entreprises privées qui se lancent et font en sorte de rentabiliser tout ça, pour eux et pour le consommateur. C’est de cette façon que l’économie de la recherche et ici de l’exploration spatiale fonctionne.

Après tout, la découverte de l’Amérique il y a 500 ans ne s’est pas faite tout seule non plus : c’est le gouvernement Espagnol qui a lancé Colomb sur les mers.
Et si elle s’était faite sans intérêt, le retour sur l’investissement a été énorme : ils ont rapporté des Amériques tout ce qui est cacao, tomates, pomme de terre. Et aujourd’hui, grâce à l’investissement et le risque initial pris par le gouvernement, ce sont des entreprises privées qui font fonctionner l’économie du chocolat, du ketchup ou de la frite.

De ce point de vu là, la recherche est très lucrative de façon indirecte : pour la conquête spatiale, chaque dollar investi par la Nasa a permit d’en gagner trois. Pour le Cern et d’autres projets similaires, la rentabilité est encore plus grande (le Cern a inventé le world wide web, et sans elle, toute l’économie qui en découle ne serait pas là).


La privatisation des ressources spatiales n’est donc pas un problème à mes yeux : c’est pas si quelqu’un déclarait que telle ou telle astéroïde était à lui. Non, ce sont les minerais qu’il va extraire qui lui appartiennent. Exactement comme on fait sur Terre avec n’importe quelle ressource. Logiquement donc, il ne devrait pas y avoir de problèmes avec ça. Ce qui se passera avec l’espace, c’est ce qui a déjà lieu sur Terre.

Alors si vous voulez partager l’espace et les choses qu’il est actuellement impossible à utiliser, ok. Mais restez cohérent et logiques et commencez par appliquer le même esprit de partage et d’humanité ici sur Terre.