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Gordon

source: Gordon

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[Traduction] Rajouter du napalm sur le feu

vendredi 1 mars 2013 à 00:00

« Je ne suis pas féministe, je suis égalitariste »

lundi 25 février 2013 à 00:00

Depuis quelques temps que je m’implique activement dans les débats sur le féminisme, il y a cet argument, qui revient souvent, et qui est non seulement inutile, mais surtout contre-productif. Je m’explique.

Lorsqu’on défend les valeurs féministes, par exemple en dénonçant un comportement sexiste, on a tendance à heurter la sensibilité des hommes, qui ne comprennent pas le problème. Se sentant attaqués, ils cherchent nativement à discréditer les attaques. Lorsqu’il s’agit de défenseurs de l’égalité, il est difficile de trouver des arguments cohérents. Alors ils attaquent la forme, à commencer par le nom « féminisme ».

« Je suis antiféministe ».

J’ai eu envie de mettre une très grosse paire de claques à l’auteur de cette phrase, que je considère comme un ami, et qui est très engagé dans les mêmes valeurs que moi : la défense des libertés, l’égalité, le partage. Se déclarer anti-féministe, ce n’est ni plus ni moins que de se déclarer contre l’égalité des genres. Parce que le féminisme n’a jamais été la lutte contre les hommes. Mais le fait est qu’avec des réactions spontanées comme celle-ci, il est vrai qu’on a rarement envie de faire un câlin à leur auteur.

Pourquoi se déclarer « antiféminisme », en fait ? Parce qu’on croit qu’il ne faut pas favoriser les femmes, et que la discrimination positive c’est mal ? Je suis assez d’accord, mais on ne parle pas de discrimination positive, ici.

Discrimination ?

Le féminisme, tel que je le vois (et tel qu’il est vu par celles et ceux qui partagent ces valeurs), c’est la lutte pour l’égalité des genres. Et, accrochez-vous bien, ça marche dans les deux sens. Les petites habitudes ancrées dans la société, comme celle qui veut qu’on paie le restaurant à une femme, sont aussi du sexisme, et sont aussi mal vues. Notez tout de même l’échelle : ce que les femmes vivent à cause du sexisme, c’est par exemple la peur constante d’être agressées lorsqu’elles se retrouvent dans la rue, tandis que ce que les hommes redoutent le plus, c’est de « devoir » payer le restaurant. Alors on combat toutes les formes de discrimination basées sur le genre, mais soyez honnêtes : ce sont les femmes, en immense majorité, qui en sont victimes.

Pourquoi on parle de féminisme, et pas d’égalitarisme ? Pour cette raison. Parce qu’on ne se voile pas la face, qu’on admet que le problème touche essentiellement les femmes, et parce qu’il ne faut pas l’oublier ni le nier. Ça s’appelle les « male tears », et c’est une réponse fort courante, quand on évoque des problèmes de sexisme : un homme répond « oui mais regardez-moi, j’ai des problèmes moi aussi », dans le but de détourner l’attention du problème initial (souvent en se cachant derrière un problème tout à fait minime). Demander à ce qu’on parle d’« égalitarisme » à la place de « féminisme », c’est la même logique : on détourne le regard du fait que ce sont quasi-exclusivement les femmes qui en sont victimes, on exige, en notre qualité de mâle, de profiter aussi de ce combat (alors que c’est déjà le cas), mais surtout, qu’on enlève cette référence exclusive aux femmes !

Alors on se dit « ho, faut pas le prendre comme ça, je cherche pas à mal, je veux juste qu’on soit précis sur le terme ». Mais l’effet concret est que l’on attaque les gens qui parlent de ces problèmes, qu’on les discrédite. Donc pour le coup, oui c’est antiféministe, parce qu’on utilise des arguments de forme pour dénigrer les arguments féministes. On se place contre eux, parce qu’on n’aime pas le nom. C’est ridicule, et c’est totalement contraire aux valeurs que la plupart de ceux que je connais défendent.

Féminisme VS masculinisme

Si vous avez suivi, on peut résumer bêtement « féminisme = lutte pour l’égalité ». Mais alors, quid du masculinisme, dont on entend parler ces derniers temps ? S’agit-il du pendant masculin de la lutte pour l’égalité ? C’est tout le contraire, en fait.

Pourquoi ne serait-ce pas le cas ? Parce que dans nos sociétés lourdement sexistes, l’homme est toujours en haut. C’est lui le privilégié, c’est lui qui a mis en place ce sexisme pour rester à la « bonne » place. Alors, lutter pour que les femmes soient mieux considérées, et appeler ça le masculinisme ? Ça n’a pas de sens. Par contre, lutter pour conserver, et même augmenter ses privilèges, ça ce sont les valeurs du masculinisme. Chercher à faire taire la lutte féministe, parce qu’on ne voudrait surtout pas partager le trône : « on n’est pas bien, entre couilles ? ». Le masculinisme, c’est la lutte pour le retour de la femme à la cuisine, pour revenir sur leurs droits. En somme, le culte du patriarcat.

Les privilèges masculins

Le simple fait d’être un homme a beaucoup d’implications en termes de sexisme. Vous pouvez être fervent féministe, il est important de ne pas ignorer cet état de fait : la société est construite sur des valeurs sexistes, et les hommes sont privilégiés. Par exemple, si vous êtes un homme :

Si vous avez répondu « oui » à ces affirmations, soit vous êtes d’une affligeante mauvaise foi, soit votre style de vie vous a certainement fait comprendre que, dans la majorité des cas, être un homme était mieux perçu en société. Les hommes ont le privilège de ne pas avoir peur en permanence dans la rue (une rue standard d’une ville standard d’un pays en paix, disons). Les hommes ont le privilège de ne même pas être conscients de ce privilège. Ce n’est pas un reproche, puisque ce n’est pas la faute des hommes, mais de la société. Seulement, il faut le savoir. Il faut savoir ce que peut être la vie d’une femme aujourd’hui. Je suis prêt à parier que ça fera relativiser certains qui trouvent que « les féministes en font un peu trop ».

« Je ne suis pas féministe, je suis égalitariste »

lundi 25 février 2013 à 00:00

« Je ne suis pas féministe, je suis égalitariste »

lundi 25 février 2013 à 00:00

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