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Gordon

source: Gordon

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[Traduction] Merci

vendredi 24 février 2012 à 00:00

[Traduction] Je ne vous installerai plus de logiciels

mercredi 8 février 2012 à 00:00

Ce texte est une traduction d’un billet très intéressant du camarade Okhin, de Telecomix. L’original est sous licence WTFPL, ainsi que cette traduction.

Je ne vous installerai plus de logiciels

Oui, vous l’avez bien lu. Je ne vous installerai plus aucun logiciel. Jamais. À une époque, j’étais déjà payé pour le faire, et c’était la partie la plus naze de mon job, celle que je détestais le plus : faire fonctionner des choses pour les gens qui ne voulaient pas savoir comment elles marchaient. Mon boulot, en tant qu’informaticien, est de faire mon possible pour que le flux d’informations soit continu dans la société dans laquelle je travaille. Ça comprend la mise à jour et la maintenance d’architectures systèmes complexes, mais également l’interaction avec des gens qui ne veulent pas s’emmerder à comprendre. Ils pensent qu’ils sont au-dessus de ça, que leur boulot est de vendre des trucs et que l’informatique traîne juste sur leur chemin vers leur objectif, ou qu’il existe une sorte de groupement secret d’ordinateurs dont le but est de saboter leur job.

Je serais fier que ça soit le cas ; au moins, les ordinateurs pourraient essayer de faire comprendre aux gens qu’ils se débrouillent mal. Mais ce ne sont que des machines de traitement de l’information : elles font exactement ce qu’on leur demande. Elles ne prennent pas d’initiatives, ne travaillent pas dans votre dos. Ce sont de délicates machines que nous avons conçues pour vous faciliter la vie, pas pour la compliquer. J’admets que nous n’avons pas tout réussi à ce niveau, qu’il y a des problèmes avec certaines interfaces que vous utilisez pour travailler. Mais alors, vous venez me voir et vous vous contentez de gueuler, comme si c’était une évidence, et que nous existions seulement pour vous rendre heureux (trouvez-vous une vie si c’est le cas) :

« Ça marche pas. »

Ok, super. C’est pas un rapport de bug, ça va vers /dev/null. « Ça » peut représenter un tas de trucs (du clavier au mainframe sur lequel vous êtes connecté, il y a au moins 10 systèmes que vous utilisez quotidiennement chaque jour sans même vous en rendre compte, et chacun d’entre eux peut être un « ça ». Ou n’importe quelle partie de l’un d’entre eux pourrait être ce « ça ». C’est comme entrer dans le service comptabilité et crier « Y’a un problème. ». Ils vous ignoreront probablement, et auront raison de le faire. Et vous allez faire quelques recherches pour trouver ce qui ne semble pas aller dans ce rapport financier, et pourquoi. Ça vous prendra probablement une bonne partie de la journée avant que vous puissiez formuler la problématique pour la soumettre. Pourquoi vous ne feriez pas la même chose avec les ordinateurs ? Ils sont remplis de messages d’avertissements et d’erreurs, vous savez, ceux sur lesquels vous cliquez à la vitesse de la lumière sans les lire. Les logiciels et composants ont des noms et numéros de versions extrêmement faciles à trouver, et des messages d’erreurs explicites (au moins pour moi). Alors pourquoi ne m’envoyez-vous pas un rapport de bug documenté, comme vous le feriez pour n’importe quel autre problème que vous rencontreriez ?

Vous allez me dire « J’y connais rien à ces ordinateurs. ». C’est vrai, ça n’est pas grave, mais ça veut dire que vous ne voulez pas que cette situation évolue. Vous reviendrez me voir dans deux semaines avec exactement le même problème, sans avoir fait l’effort d’apprendre à son sujet et de tenter de le résoudre. Et vous ne connaissez rien aux problèmes financiers, mais vous allez tenter de comprendre comment ça fonctionne, et d’apprendre. Alors l’argument qui vient ensuite, « Je suis pas ici pour apprendre. », est un mensonge. Vous apprenez chaque jour au travail, c’est pour cela que vous êtes meilleur aujourd’hui qu’il y a deux ans.

Alors, basiquement, je suis confronté quotidiennement à des gens qui ne veulent pas apprendre. C’est pour cela que je ne vous installerai plus aucun logiciel, parce que si vous le faites vous-même, vous apprendrez et comprendrez comment les choses fonctionnent.

Laissez-moi vous expliquer

Je vais pourtant passer beaucoup de temps à répondre à toutes vos questions. Vous devez savoir que la plupart des questions que vous me poserez seront triviales pour moi, et c’est pourquoi je vous donnerai une claque dans la gueule avec un « Read That Fucking Manual », et autres « va chercher sur le web, la réponse est sur la première page de résultats ». Je fais ça parce que ces questions sont inintéressantes pour moi, et parce que vous devez apprendre à apprendre par vous-même.

Je suis un farouche défenseur de la libre connaissance. Alors je tente de la partager avec ceux qui le veulent. Vous ne voulez pas faire cet effort mental ? Allez crever. Je ne me bougerai pas pour vous aider. Un jour, peut-être, vous viendrez me voir en me demandant comment contourner ce foutu DRM, ou comment naviguer sans être surveillé. J’essaierai de ne pas être rancunier, et je tenterai de vous expliquer exactement les mêmes choses que vous ne vouliez pas savoir auparavant. Alors je ne vais même pas essayer d’expliquer des choses à ceux qui ne posent pas de questions. C’est une perte de temps pour chacun, j’ai des choses plus importantes à faire, et vous avez probablement du porno à regarder.

Parce qu’il s’agit du problème principal. Vous pensez que l’informatique ou la connaissance ne sont pas nécessaires tant que vous avez ce que vous voulez. Mais un citoyen sans cerveau n’est pas plus un citoyen qu’un bovin (et les bovins sont vraiment stupides) ou un mouton, qui suit la masse parce que la masse sait probablement ce qui est bien pour elle. Qui la suit en étant heureux d’être un mouton dans l’enclos, jusqu’à ce que vous voyiez le couteau du boucher. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que vous mouriez terrifié avec le reste du troupeau, alors que le mouton noir criera « Je vous avais prévenu. Je vous ai averti. Et vous n’avez pas voulu écouter, vous avez ce que vous méritez ». Le mouton noir ne rira pas, il ne sera pas heureux. Même si vous lui aurez lancé de la merde au visage, même si vous avez ri de lui parce qu’il était maladroit à l’école, préférant parler avec les ordinateurs plutôt qu’aux moutons ordinaires.

Voici comment je me sens, à chaque fois que quelqu’un me demande « C’est quoi, ACTA ? », ou « Je suis emmerdé par tes conneries d’ordinateur ». Je suis triste parce que c’est ce qui nous a conduit là où nous en sommes. Avec des intérêts privés surpassant les publics. Avec des banques qui dirigent les États. Avec des industries culturelles tentant de se protéger, de faire passer des lois, et de fermer des sites web. C’est pour ça que j’enrageais contre vous quand Megaupload a été coupé par des compagnies étrangères. J’étais triste parce que nous avons tenté de vous avertir. Vous avez forcément entendu le message (avec Telecomix, nous avons touché la plupart des journaux nationaux d’Europe, même le Wall Street Journal a parlé de nous à propos d’ACTA), donc vous savez. Vous avez juste pensé que ce genre de saloperies n’arriveraient pas parce que ce sont des idées tristes, et que ça aurait changé votre humeur de la journée et la façon dont vous regardez le monde.

Vous ne voulez pas être brûlé par le monde extérieur. C’est compréhensible. Mais alors arrêtez de vous en plaindre. Ou tentez d’améliorer les choses.

Voici ce qu’on va faire

Nous. Les Hackers. Les gens bizarres en ville. Je peux parler pour chacun d’eux, autant qu’ils le peuvent pour moi. J’ai grandi dans un monde qui n’était pas fait pour moi. Je suis assez grand et très mince. J’ai été seul la majeure partie de mon temps à l’école, au moins jusqu’à mon bac. Alors j’ai utilisé tout le temps que vous avez gaspillé à aller faire la fête, à draguer des filles (ou des mecs, ou des poneys, NdR), à apprendre. J’ai appris à assembler moi-même mon ordinateur, à utiliser Linux à la manière forte (à l’époque des débuts d’Internet, j’avais besoin d’un autre ordinateur pour lire la documentation) avec personne pour m’aider. Je ne m’en plains pas, j’ai beaucoup appris. Et j’ai fait ça parce que je désirais savoir comment les choses fonctionnaient. Je voulais démonter le moindre objet pour l’adapter selon mes besoins. Vous faisiez l’exact opposé : vous vous adaptiez à votre environnement. Vous vouliez le truc que tout le monde voulait, vous laissez des personnes décider de votre avenir.

Nous, pendant ce temps, nous cherchions à comprendre comment le monde fonctionnait pour pouvoir le changer. Nous voulons le changer car il est défectueux, il ne fonctionne pas d’une façon qui convient à l’humanité. Alors nous apprenons. Lorsqu’une loi dont nous pensons qu’elle nuirait à certaines libertés apparaît dans un parlement, nous apprenons les processus démocratiques en Europe, au Sénat américain, au Parlement français. Nous avons appris comment sont faites les lois, nous avons lu d’immenses quantités de papier que personne n’était supposé lire, nous avons trouvé des failles et nous les avons exploitées pour tenter de subvertir le système. Nous réussissons par la connaissance, c’est notre arme. C’est pourquoi nous donnons beaucoup de conférences, de meeting formels ou pas, c’est pourquoi j’aime aller au CCC pour rencontrer des gens et apprendre ce qu’ils ont fait lors de l’année passée.

Un monde sans une totale ouverture et un partage libre de la connaissance est un monde que nous rejetons fermement.

C’est pourquoi je pleurais lorsque l’on me disait « Ferme-la, j’ai pas envie de savoir. ». Et puis j’ai appris à gérer la pression, le stress, la tristesse (merci à Hosni Moubarak et Bashar El Assad pour ça). Je ne me sens pas triste ou désolé lorsque mes compagnons humains meurent dans les rues pour leurs idées. Alors je ne pleurerai plus lorsque vous me demanderez de « réparer ces maudits trucs rapidement, je veux mon porno », ou quand je vous répéterai « Va brûler en enfer, va chercher sur le web, je me fous de ton porno », ou qu’un nouveau Megaupload arrivera, ou que vous ne serez plus capables de vous exprimer en sûreté en ligne. Ouais, c’est ce qui est en train d’arriver. Mais vous êtes trop fainéants pour le combattre. Je ne me torturerai plus la vie avec ça, je la vivrai, je ferai des trucs funs, j’essaierai de répondre aux questions que vous pourriez poser, mais je n’installerai pas ce foutu client Tor sur votre ordinateur.

[Traduction] Je ne vous installerai plus de logiciels

mercredi 8 février 2012 à 00:00

Panlithea : La Catatélie

mercredi 14 décembre 2011 à 00:00

Second flashback sur ce blog, et probablement pas le dernier. Il s’agit ici d’une nouvelle écrite et publiée en janvier 2010 sur mon précédent blog. Il s’agit de l’un des billets qui m’était le plus cher, il est donc logique que je le ressuscite ainsi. Au passage, il profitera d’un meilleur affichage, grâce aux web fonts offertes par CSS3. Et par la même occasion, j’en change la licence pour opter pour la licence CC-By-Sa du blog, ce qui en fait donc un texte réellement libre (gagnant la liberté de modification). J’ai également mis à profit mes nouvelles connaissances en typographie pour améliorer le texte (j’en reparlerai prochainement)

J’ai commencé à écrire un autre texte se plaçant dans l’univers de Panlithea, qui a longtemps stagné. Un peu de participativité ne faisant pas de mal, si ce texte vous plaît, n’hésitez pas à me harceler pour me motiver à continuer l’écriture :)

Et pour ce qui est des critiques déjà reçues sur cette nouvelle, essentiellement autour des termes obscurs utilisés, ça sera résolu dans les prochaines histoires, pour faire découvrir peu à peu l’univers.

Je me nomme Ponèrièn, et si vous lisez ceci, cela signifie que j’ai disparu, bien avant que vous puissiez prendre connaissance de ce souvenir. Voyez-le donc comme un vestige de mon passé, et de celui de mon peuple. Puissiez-vous en tirer les enseignements qui nous ont manqués.

Il y avait cette horrible sensation d’étouffement. Depuis deux odes déjà, les citoyens avaient commencé à ressentir peu à peu cette lourdeur dans l’air, certains même en tombaient malades et mouraient de façon inexpliquée. Le ciel crépitait au-dessus de nos têtes. Les redoutables agélasts, phénomènes qui jadis étaient heureusement rarissimes, s’étaient anormalement multipliés ; les nouvelles avaient fait l’état d’au moins une douzaine d’entre eux depuis le début de l’ode. Nul besoin alors de préciser les conséquences de ces catastrophes : un agélast ravageait la terre qu’il frappait, la rendant invivable pendant plusieurs ors.

Nous aurions déjà pu nous rendre compte de nos erreurs. Mais il n’en fut rien. Tous avaient conscience de la constante croissance démographique de notre peuple, qui se ressentait dans toutes les régions du monde. Et, en réalité, aucune mesure n’était prise pour prendre en compte les conséquences de cet inexorable pic. Il faut bien avouer que les simples citoyens comme moi n’avaient pas la possibilité d’interférer en quoi que ce soit les décisions politiques, émanant du Dessus : nous n’avions pas notre mot à dire. Et, bien que nous ne puissions pas savoir ce que pensaient ceux du Dessus, il nous semblait qu’ils étaient aveugles à la menace qui se profilait peu à peu. Non pas qu’elle nous était connue, mais il était évident que quelque chose se passait…

Nous n’en sûmes d’ailleurs pas plus. Quiconque analysait les actualités des différentes régions pouvait constater l’augmentation exponentielle des agélasts, mais leur origine était inconnue. La rumeur voulait que la lourdeur ambiante soit d’ailleurs liée à ce phénomène. Je n’étais pas de cet avis, pensant, comme certains chercheurs arcanistes, que leur augmentation aurait dû provoquer une sensation de vide. Je n’avais, certes, pas de connaissances approfondies en arcane magique, mais j’avais entendu parler, par le biais d’arcanistes de mon entourage, de la façon dont les agélasts consumaient l’arcane distillée dans l’air que nous respirions, et comment, à chacun d’entre eux, une quantité importante d’arcane disparaissait. Et pourtant, nous en ressentions les effets inverses sans que je puisse l’expliquer. Étouffés par une saturation de cette arcane, qui pourtant nous était essentielle pour vivre, nul n’osait mettre en cause notre ressource principale pour expliquer ce qui nous arrivait. Pour beaucoup, l’ignorance et le mystère étaient préférables au bouleversement qu’une telle vérité apporterait.

Malgré tout, peu à peu, le peuple prenait conscience de l’extrême gravité de la situation. Livrés à eux-mêmes, les citoyens étaient en proie à une terreur jamais connue. Nous n’avions plus aucune nouvelle de ceux du Dessus : nombre d’entre nous attendaient leur parole comme celle d’un messie, pour entendre la solution miraculeuse à ces phénomènes. Mais, dans tous les domaines de la vie politique, les Dirigeants semblaient nous avoir abandonnés soudainement. Les Sentinelles, véritables voix des Dirigeants, refusaient de parler.

C’est alors que le phénomène s’amplifia considérablement. Nul n’était préparé à endurer un tel déchaînement des éléments. Je fus moi-même témoin, à large distance fort heureusement, d’une déchirure de la terre. Jamais de telles catastrophes ne s’étaient alors produites sur Gælith : tout se mettait à trembler, puis se formait une effroyable faille dans le sol, n’épargnant nul bâtiment, nulle artiris. Leur structure ébréchée, les constructions s’affaissaient brusquement dans un fracas épouvantable. Des milliers de hurlements se joignaient au grondement des débris, représentant autant de vies prises par ces séismes.

La terreur régnait dans les yeux de chacun, la peur de perdre ses proches tenait aux entrailles, et je ne faisais pas exception. Les membres de mon clan vivaient tous dans un seul khori, qui, malgré sa vétusté, était considéré comme notre demeure. Et, de fait de son état, il était bien plus vulnérable face aux ravages mortels que représentaient les séismes. Je craignais beaucoup pour la vie des miens. Il était bien sûr totalement illusoire de penser que je pourrais les protéger d’un tel danger. Je me sentais malgré tout coupable de ne pas pouvoir être à leurs côtés si quelque chose survenait. Malheureusement, je n’y pouvais rien, car j’avais la chance d’avoir un bon travail, qui me permettait de maintenir pour mon clan un confort de vie acceptable, ce qui ne m’autorisait pas à me trouver près des miens. Et, à chaque instant, je redoutais d’apprendre qu’un nouveau séisme avait frappé. Cependant, je constatais que la terreur était commune. Tous n’avaient peut-être pas la crainte de voir s’éteindre un clan dans son intégralité en cas de désastre, mais tous couraient le risque de perdre des proches à tout moment. Les répercussions sur l’économie globale furent bien réelles : la productivité subissait une baisse historique, qu’il serait difficile de surmonter, quand bien même la situation s’améliorerait contre toute attente. Ceci dit, nous n’aurions jamais à nous préoccuper de ça… Car, même les plus optimistes, ou fous, d’entre nous, ne pouvaient nier que le pire pouvait encore arriver, et risquait fort de le faire.

Malgré tout, c’est une nouvelle positive que nous reçûmes. Pas aussi rassurante que nous l’espérions, d’ailleurs. Alors que le moral était au plus bas, que chacun d’entre nous déplorait des pertes, les Sentinelles, qui jusque là étaient restées silencieuses, se mirent soudain à répéter un unique et ultime message :

« Il est demandé à tous les citoyens de se diriger sans plus attendre au nœud de communication de niveau 1 le plus proche. Des instructions supplémentaires seront délivrées sur place. Il s’agit d’un ordre de première priorité. Abandonnez vos postes, et dirigez-vous à votre bouche de transfert. »

Ce message froid claqua soudainement en tous points de la Mégalopole. Partout dans le monde, les gens étaient priés de rejoindre en urgence les plus grands carrefours d’artiris, qui habituellement n’étaient que des points de passage. Ainsi, sommé d’obéir à l’ordre émanant directement du Dessus, je rejoignis ma famille, au sein du khori (j’avais perdu mon travail peu de temps auparavant), et nous partîmes. Le reste du clan devait nous suivre peu de temps après. Ce soudain message attisait les curiosités, parfois même les craintes, mais il était un ordre venant du Dessus, et était la seule chose positive, en ces temps sombres, à laquelle se rattacher.

Alors nous nous mîmes en route, en même temps que d’innombrables hommes et femmes panlithes. Jamais je n’avais vu telle affluence. Je n’avais que peu voyagé, certes, mais cette masse d’individus s’étendant à perte de vue avait quelque chose de redoutablement effroyable. Tous semblaient malgré tout faire preuve d’un calme serein, signe de la confiance totale que nous avions envers ceux du Dessus. Et, lentement, cette masse convergeait vers les artiris pour emprunter les voies de transport rapide. Cela avait pour effet de créer des goulots d’étranglement, ralentissant le flot d’individus. Je patientai nerveusement au milieu de la foule, me rapprochant petit à petit, suivi par ma compagne et mon tout jeune fils, de la file d’entrée de l’artiris. Autour de moi, les conversations trahissaient le stress partagé : on parlait d’incompréhension face à ce message, des récentes catastrophes, ici on pleurait quelque proche perdu, là on pestait contre l’urgence de l’ordre, à cause duquel on avait abandonné à la va-vite son poste ou son domicile. J’interceptai même des dialogues à voix basse osant le critiquer, ou bien remettant en question son authenticité, allant jusqu’à soupçonner un obscur ordre chaotique d’avoir planifié tout cela dans le but de nous détourner de notre travail. Bien entendu, il ne s’agissait que de rumeurs infondées, et résultant sans doute de quelque mauvaise plaisanterie. Pour ma part, j’avançais patiemment dans la file, portant mon enfant dans mes bras. Je gardais confiance en ceux qui décidaient pour nous, bien que la curiosité me poussait à me demander quelle était la raison de ce mouvement.

Tandis que je me perdais à ces réflexions, je regardai en l’air, par pur hasard. Ce que je vis me donna presque la nausée. L’archesphère était d’une couleur répugnante, très sombre, bien loin de la douce lueur mauve, apaisante et limpide. Je n’avais pas ressenti de changement de luminosité, alors j’en conclus que ce nouveau phénomène s’était manifesté progressivement ces derniers temps. J’eus un glacial frisson à observer la noirceur maléfique qui se dégageait du ciel. En observant plus attentivement, je remarquai des sortes de flashs de lumière étouffée au loin, comme si, loin au-dessus de nos têtes, l’air était parcouru de décharges. Cette étrange activité dans l’archesphère m’horrifia. Je fis part de mon désarroi à mes voisins, qui passèrent le mot. Bientôt, tous les regards étaient levés, et la terreur reprenait ses droits. Elle était d’autant plus intense qu’il n’y avait nul lieu d’où on pouvait échapper à une telle vue. J’aperçus des gens évanouis, rattrapés par leurs voisins tentant de les réveiller. D’autres, pris de panique, pensèrent que leur seule échappatoire serait la fuite déraisonnée. Ceux-là avaient sans doute bien des choses à se reprocher, pensais-je ironiquement. Je fus vite ramené à mes esprits, car la foule commençait à se presser et avançait de plus belle. Je fus bousculé à maintes reprises, et séparé de ma compagne, poussé vers l’avant. Malgré mes protestations, personne ne sembla s’intéresser de ce fait. Je continuais à avancer bien malgré moi, et quand j’acceptai enfin de suivre le mouvement, ancré dans l’idée de la retrouver dès la sortie de l’artiris – J’étais bien sot d’imaginer que le nombre de personnes serait moins important là-bas —, j’étais déjà à l’entrée de la paroi. Aucun répit ne me fut donné, et, poussé par la foule, je tombai dans le flux bouillonnant d’arcane, mon fils fermement blotti dans mes bras, pour être emporté à une vitesse folle dans ce torrent.

Autour de moi, je voyais défiler par les parois translucides le paysage de notre monde, Gælith, en proie à des phénomènes monstrueux. Rapidement, je pris de la hauteur par rapport à la cité, et, sans dépasser les hauts bâtiments, je survolais, dans l’artiris, les bas-quartiers et les khoris. En levant les yeux, je vis, plus nette que jamais, la couleur menaçante du ciel, zébré de lumières vives. Un grondement sourd se faisait entendre, semblant provenir de toutes directions simultanément. Et le paysage ne reflétait à mes yeux qu’horreur intense et implacable. La destruction était bien plus importante que ce que j’avais perçu jusqu’alors. La ville était en plein mouvement, les flots de mes concitoyens panlithes se dirigeaient inexorablement, tels des ruisseaux luminescents, vers les entrées d’artiris. Je ressentais de nombreuses présences au cœur de l’artiris, toutes interconnectées au réseau, et se dirigeant vers un même point. Séparées du torrent d’arcane dans lequel je flottais à toute vitesse par une membrane translucide qui m’apportait un doux sentiment de sécurité face au chaos qui se déroulait en extérieur, la peur et la destruction étaient omniprésentes, tant dans les mouvements frénétiques des panlithes en fuite que dans les formes disgracieuses des tours brisées. Soudain, devant mes yeux, un agélast frappa. Le temps sembla s’arrêter tandis que j’observais, impuissant, cette monstrueuse déflagration d’arcane. Tout d’abord, une colonne d’air s’assombrit subitement, au point de devenir parfaitement opaque, plongeant les alentours dans l’obscurité. Je sentis alors une froideur intense, et, si cet instant avait duré plus d’une fraction d’arc, j’aurais certainement ressenti un brusque étouffement. Malheureusement, il ne s’agissait que d’un prélude à la destruction. Car, au même moment où je me rendais compte de ce qu’il se passait, la déflagration arriva. Elle sembla apparaître de nulle part, dévorant littéralement tout ce qui se trouvait sous son passage. Une immense colonne, bien plus haute que les longues tours cristallines qui l’entouraient, constituée d’un feu d’arcane comme je n’en avais jamais vu, se déversa sur les maisons, tours et jardins artificiels. La puissance pure de la catastrophe fit s’ébranler le canal d’artiris dans lequel je circulais. La souplesse des matériaux permit à celui-ci de tenir le coup, du moins le pensais-je initialement. Car, et alors que, passée la première déflagration, l’agélast crépitait de façon inquiétante et se propageait dans l’air par de menaçants arcs d’énergie, j’entendis, loin derrière moi, un bris atroce. Aussitôt je compris que mon canal s’était rompu. Reprenant mes esprits, et ne pensant qu’à m’éloigner de cet agélast, qui sinon me dévorerait bientôt, je me reconcentrai sur le torrent d’arcane, qui commençait à s’écouler par la faille ainsi créée. Il me fallait impérativement lutter contre le courant, pour avancer coûte que coûte, et rejoindre au plus vite un croisement, où un nouveau flux pourrait me redonner de la vitesse. Je serrais toujours de toutes mes forces mon fils dans mes bras, au point qu’il montrait des signes d’étouffement. Paniqué, je desserrai mon étreinte, soucieux malgré tout de ne pas le lâcher dans le torrent. Mais la préoccupation première était notre survie, à nous deux. Je repensai à ma compagne, restée derrière, et une vision catastrophique s’imposa à moi : et si elle n’avait pu traverser ? Si la rupture du tuyau l’avait bloquée, ou pire, l’avait précipitée dans le vide, où elle n’aurait connu que la mort ? Ces pensées m’envahirent, tel un liquide glacé s’immisçant au plus profond de mon corps. Je l’avais laissée en arrière, et ainsi signé sa perte. J’aurais pu alors m’abandonner au désespoir, me laisser couler, suivant le cours du torrent, pour finir probablement de la même façon qu’elle, écrasé au sol… Mais ce ne fut pas le cas. Le profond instinct de survie fut infiniment plus fort, et je mobilisai toute ma volonté pour plier à mon désir le cours d’arcane. Ce n’était pas un exploit en soi, mais mon peuple avait perdu l’habitude de maîtriser ces énergies magiques. J’usai ainsi de tout mon pouvoir pour inverser le flot, nous permettant, à mon fils et moi-même, de reprendre notre route. Après quoi, je fus saisi d’une douleur fulgurante sur le haut de ma tête, au niveau de l’arclé, point de liaison entre mon corps et l’arcane. Le déploiement d’une telle force m’avait épuisé, et je m’évanouis, toujours porté par les flots arcaniques, sans pouvoir me diriger…

Je ne saurais estimer le temps pendant lequel je restai inconscient, mais lorsque je me réveillai, j’étais sorti de l’artiris. Alors que je reprenais mes esprits, ma première pensée alla à mon fils : où était-il, et surtout où étais-je, et comment m’en étais-je sorti ? Car sans contrôle arcanique pour me diriger dans l’artiris, je pouvais bien avoir dérivé indéfiniment dans le flux. C’est alors que je remarquai un panlithe qui m’était inconnu, penché au-dessus de ma tête. Encore faible, je distinguai difficilement ces quelques mots :

« Hé, vous allez bien ? Je vous ai trouvé dans les tuyaux, à la dérive. Je vous ai porté jusqu’à la sortie.

— Où est mon fils ? Je le tenais dans mes bras, où est-il ?, grommelais-je.

— J’ai pu le récupérer lui aussi. Il est allongé à côté de vous. Nous sommes dans une bâtisse abandonnée, tout près d’un nœud de communication. Je suis médecin, au fait. Dites-moi, la gratitude n’est pas votre fort, non ? »

Je toisai l’individu sans répondre. J’étais probablement trop groggy pour lui témoigner de bonnes manières. Au fur et à mesure que je reprenais conscience, je me rendis compte que j’étais effectivement allongé au sol, dans un bâtiment aux murs fissurés, et que mon fils était couché à ma droite, recroquevillé et inconscient. Je le saisis dans mes bras, cherchant à le réveiller.

« Il semble en bonne santé. Bien plus que vous, d’ailleurs. Vous montrez un état d’épuisement anormal. Que vous est-il arrivé ?

— Nous avons eu un incident en chemin. Un agélast — le visage du médecin se crispa en entendant ce mot — a frappé. Il a brisé l’artiris. Je crois… je crois que ma compagne était de l’autre côté… du mauvais côté. Bon sang, puisse Drëmathos rendre justice, pourquoi cela est-il arrivé ?

— Vous pensez réellement que Drëmathos peut y changer quelque chose ? Ce qui importe maintenant, c’est que ce sont les Dirigeants qui nous apportent le salut.

— Que voulez-vous dire ? Je ne sais même pas pourquoi nous sommes là…

— Quoi, on ne vous a rien expliqué ? — il m’examina longuement avant de continuer — Vu votre dégaine, vous devez venir d’un khori, je me trompe ? Bref, ils n’ont pas pris la peine d’expliquer les raisons, continua-t-il, avant de se diriger vers une lucarne, d’où filtrait une faible lumière. Avant que vous vous réveilliez, j’ai pu entendre des nouvelles : le Dessus a créé des portails pour évacuer la population. Ces trucs sont immenses, je n’ai jamais vu ça. Tout le monde doit y entrer, et il paraît qu’on sera sauvés de l’autre côté.

— (je me relevai, assailli par un mal de tête) Attendez, vous avez dit « évacuer » ? Vous plaisantez ? On va partir, comme ça, sans rien ? Sans même savoir si ma compagne est vivante ? (je bafouillais, cherchant des raisons de m’emporter contre cette décision visiblement irréfléchie)

— Par Hazzint, ouvrez les yeux ! Est-ce que tout ce qui se passe vous a réellement échappé ? Ne voyez-vous pas que le seul futur qui nous attend ici, c’est la destruction ? Le monde est en train de mourir, nous devons partir pour sauver le plus de monde possible. C’est ainsi. »

Le médecin s’était retourné vers moi, et avait crié ces derniers mots. Il n’y avait nul besoin d’être médecin pour lire la peur dans son regard.

« Vous pouvez vous lever ? Nous devons y aller, tout de suite. Je ne veux pas mourir bêtement pour vous avoir sauvé la vie ! Portez votre gosse, on ne peut pas attendre qu’il finisse sa sieste. Allons-y. »

Acquiesçant, je pris mon fils dans mes bras, et suivis celui qui nous avait sauvés, à regret, aurait-on dit. Il était visiblement très nerveux, et je m’inquiétais de la façon dont il avait pu nous porter secours. Si tel était son attachement au bien-être de ses semblables, j’espérais qu’il n’ait pas fait de mal à mon enfant. Quoi qu’il put en être, il représentait notre guide à ce moment. Nous sortîmes de la bâtisse aux murs fissurés qui nous avait abrités, et le spectacle qui s’offrit à moi me stupéfia. Je repensai immédiatement à la vision de l’impressionnant attroupement d’hommes et femmes panlithes autour de la bouche d’entrée de l’artiris, mais, si elle était comparable à celle-ci, ça l’était à bien plus grande échelle. Car, où que se posait mon regard, je ne voyais que le rayonnement violacé qui émanait de la peau de mes semblables. J’aurais été dans l’incapacité de déterminer combien d’individus pouvaient se tenir là, serrés les uns contre les autres, attendant leur tour pour fuir ce monde qui avait toujours été le nôtre, et qui aujourd’hui mourait. En regardant autour de moi, je remarquai que pas une voie n’était saturée de monde, et que, quels que soient leur origine ou leur rang, les panlithes étaient aujourd’hui sur un pied d’égalité devant leur seule chance de survie. Le médecin me somma alors de m’insérer dans la foule, et commença à jouer des coudes pour avancer plus vite. Je décidai de le suivre dans sa lancée, préférant m’en sortir rapidement. Scrutant la foule, je me pris à imaginer que ma femme se trouverait parmi ces gens, me cherchant elle aussi. Mais, si elle avait pu survivre, il aurait été irrationnel de penser que nous pourrions nous retrouver à un tel moment. Pour l’heure, mon désir le plus cher était de protéger mon fils.

Malgré la densité de la foule, je me surpris à pouvoir avancer bien plus rapidement que ceux qui m’entouraient. Sans doute dû à mon improbable sauveur, qui, au-devant de nous, n’hésitait plus à bousculer brutalement ceux qui étaient sur son passage. Son comportement m’étonnait de plus en plus. Je repensai à la peur qu’avait trahi son regard quelques arcans plus tôt, et la terreur m’envahit à mon tour : ses paroles, que j’avais un temps refusé d’admettre, s’imposaient maintenant à moi. C’était vrai. Gælith mourait véritablement. L’arcane qui composait sa terre et son air se décomposait peu à peu, et était arrivée à un stade où elle ne pouvait plus soutenir la structure du monde. Et nous allions bientôt partager son destin. C’est du moins ce qui aurait dû se passer, si nous n’avions pas cet échappatoire inespéré. Je ne l’avais d’abord pas vu à cause de l’opacité inquiétante de l’air, mais il se posait maintenant devant moi, atteignant des hauteurs inimaginables, rivalisant avec les bâtiments alentours : une structure en voûte, d’une largeur à sa base capable de faire tenir une bonne centaine de panlithes côte à côte, soutenue par d’épais filins cristallins reliés aux immeubles. La structure en elle-même était d’une matière indéfinissable, d’une profonde couleur noire, parsemée de symboles luminescents sur toute sa surface. Mais ce qui me coupa le souffle, fut l’intérieur même du portail. L’ouverture de l’arche semblait recouverte d’une membrane opaque et mouvante, ne représentant rien de ce qu’aucun panlithe n’avait connu. Elle laissait apercevoir à la fois de monstrueuses flammes arcaniques, mais également un vide immense, dont l’idée glaçait les entrailles. Je fus répugné à l’idée de devoir la traverser, mais j’entendis des voix au loin, des voix de Sentinelles, amplifiées magiquement :

« N’ayez crainte, le Portail Mega n’est pas un danger ! Il vous emmènera en lieu sûr. Soyez assurés que nus nous engageons à vous faire parvenir l’intégralité de vos biens une fois que vous serez passés de l’autre côté. Il vous suffira de vous manifester auprès d’une Sentinelle pour retrouver ce que vous avez perdu ici. Nous maîtrisons la situation, ne vous en faites pas. Nous vous demandons d’avancer au rythme de vos voisins. Ne vous bousculez pas. Tout le monde aura le temps de passer, nous le garantissons. Soyez patients, et gardez votre calme.

— C’EST FAUX ! »

Une pierre s’abattit sur la Sentinelle la plus proche de moi, bientôt suivie par plusieurs autres. J’aperçus, se tenant sur un monticule de gravats, quelques panlithes, plutôt jeunes, armés de débris de roches qu’ils lançaient en direction du messager. Celui qui venait de s’écrier prit la parole, s’adressant à son tour à la population :

« N’écoutez pas ces traîtres ! Ils mentent ! Ils n’ont pas idée de ce qu’ils font de vous ! En réalité, nous allons à un destin bien pire en franchissant cette abomination ! — il jura, avant de reprendre — Ouvrez les yeux, comment pouvez-vous ignorer que tout ce qui nous arrive leur incombe exclusivement ? En réalité, je vous le dis, leur but est de nous tuer tous ! Ils nous jettent dans ces monstres, cherchant à réaliser quelque rituel interdit ! N’entrez surtout pas là-dedans, vous m’entendez ? »

Il lança la pierre qu’il tenait dans la main, qui atteignit sur le visage du messager. Celui-ci cracha une gerbe de fluide, puis généra autour de lui une sphère protectrice, sur laquelle rebondirent les autres projectiles. Je me désintéressai de cet incident, ne prêtant pas crédit aux délires de cette bande de vandales. Cependant, tout le monde n’était pas de mon avis. Certains autour de moi commencèrent à évoquer des rumeurs de complot, dont il auraient entendu parler, souvent de source « parfaitement sûre ». Un vent de crainte commença à balayer la foule, tandis que les agresseurs scandaient leur propagande, intimant aux honnêtes gens de fuir. Comme s’il fallait préférer une mort certaine à ce portail. Je maugréai mon mépris face à leur stupide action, tandis que je continuais d’avancer. De près, le portail était encore plus impressionnant. La membrane, qui pourtant n’était qu’à quelques pas, semblait malgré tout toujours aussi lointaine. La nébuleuse de flammes éthérées était tout bonnement terrifiante, mais je me résolus à ne pas laisser la frayeur m’arrêter si près de la délivrance. Au seuil du portail, plusieurs personnes s’étaient arrêtées, médusées. L’une d’elles se trouvait juste devant moi, une vieille femme tremblotante, tétanisée par la vision qui s’offrait à elle. Pris d’un accès de colère, motivé par un instinct tenace de survie, tel que celui qui avait sans doute porté le médecin un peu plus tôt, je poussai brusquement, d’un coup d’épaule, la femme en avant, au travers du portail. Celle-ci trébucha, et disparut au travers de la membrane, laissant apparaître une légère onde à sa surface. Autour de moi, les regards étaient horrifiés, passant de l’endroit où cette femme avait disparu à mon visage, déformé par la colère, et surtout horrifié par ce que celle-ci m’avait fait faire. Je portais toujours mon fils contre moi. Rassemblant mon courage, je baissai la tête, et traversai le portail. Mes pensées allaient toutes à mon fils, vieux d’à peine deux odes, espérant de toutes mes forces qu’une vie meilleure l’attendrait de l’autre côté, qu’il serait sain et sauf.

Je n’avais pas pensé que c’est moi qu’il aurait fallu protéger…

Panlithea : La Catatélie

mercredi 14 décembre 2011 à 00:00