Un hackerspace nantais
lundi 7 janvier 2013 à 00:00Suite à un rapide gazouillage, une réunion s’est aujourd’hui improvisée dans un bar de Nantes, dans l’optique de rassembler des gens intéressés pour la création d’un hackerspace. Compte-rendu.
Qu’est-ce qu’un hackerspace ?
Je ne pense pas qu’il y ait de définition académique. Alors voici ma définition très personnelle. Nous n’avons pas évoqué ce que nous pensions être un hackerspace, et il me semble pertinent de le faire à l’avenir.
Un hackerspace est avant tout un lieu d’échange. De fait centré sur la technologie, mais ce n’est pas une limite. En réalité, c’est un endroit autonome, aussi indépendant que possible, dans lequel les gens viennent partager leurs connaissances, compétences, expériences, et idées. Par nature, il est donc raisonnablement anarchiste. À mon sens, il y a 3 notions à respecter impérativement :
- ouverture. Parce que malgré l’image élitiste que les gens peuvent parfois avoir, il est important que le hackerspace soit ouvert à tous, et à tout. C’est à dire, en premier lieu, aucune discrimination. On accueille toute personne souhaitant y entrer, avant tout parce qu’on n’a pas à avoir de l’autorité sur elle. Ouvert à tout, également. Parce que quiconque veut faire quelque chose peut le faire. Ce n’est pas pour autant que tout le monde doit y participer, mais il ne faut pas, par exemple, décréter qu’un hackerspace ne fera pas de domotique, sous prétexte que ça ne semble pas suffisamment important pour mériter qu’on y consacre du temps. Ajouter des règles restrictives serait totalement contre-productif et à l’opposé des valeurs défendues.
- partage. Naturellement, c’est un lieu de mise en commun de connaissances. S’il n’est pas interdit d’entrer dans un hackerspace pour se poser sur un coin de table et bosser tout seul, il faut admettre que ça n’a pas vraiment d’intérêt et qu’il vaut mieux le faire chez soi. La véritable valeur ajoutée du hackerspace, c’est la possibilité de travailler ensemble, d’apprendre des autres, et d’apprendre aux autres ce que l’on sait faire, en retour (ou pas d’ailleurs, il ne s’agit pas d’« un prêté pour un rendu »), de mutualiser de l’outillage, et de partager ensuite au reste du monde ce que l’on conçoit, au travers des licences libres.
- fun. C’est peut-être surprenant de le trouver parmi les valeurs clés d’un tel lieu, mais c’est pour moi crucial. Les hackerspaces sont gérés par leurs membres, qui ne sont pas des employés. Personne n’est payé pour venir, alors il faut garder à l’esprit que, si les gens viennent, c’est par envie. Il est donc important de renouveler l’envie en prenant du plaisir à faire ce qu’on y fait, en toutes circonstances. Que ce soit en travaillant sur des projets ou en prenant soin du lieu, il est inefficace de le faire sous la contrainte. Ne forcez personne à travailler avec vous sur un projet : s’il n’intéresse personne, faites-le ailleurs (ou tout seul au hackerspace si vous voulez), mais ça ne sera pas un mal (ou une défaite personnelle). Juste pas la bonne opportunité.
C’est une définition très théorique, en fait, parce que je ne vois pas comment expliquer plus concrètement. Je pourrais expliquer ce qu’est le Nicelab, par exemple, mais chaque hackerspace est unique. En gros, on peut s’attendre à un bout de garage avec des barbu·e·s passionné·e·s qui bricolent des trucs étranges, codent pendant des heures en buvant de la bière, soudent ou dessoudent des appareils. Ou ça peut être complètement différent.
État des lieux
Je débarque fraîchement à Nantes, après avoir passé l’essentiel de ma vie à Nice. J’ai participé à la fondation du Nicelab, lancé en septembre 2011, et j’ai été depuis l’un des membres les plus actifs, ce qui me donne une certaine expérience pour faire la même chose en mieux ici. Car, bien qu’il y ait énormément de dynamisme, il n’y a pas encore de vrai hackerspace. En partie parce que les gens se sont focalisés sur la création du FAI local Faimaison, ce qui est une bonne chose. Maintenant que Faimaison tourne, et profitant de mon arrivée, j’ai commencé à secouer les choses pour relancer l’idée.
C’est un projet qui peut donc intéresser les gens de Faimaison, dont certains suivent l’idée de très près. Également les libristes de Linux Nantes, ou encore des hackers non-affiliés, qui seraient ravis de pouvoir partager leurs activités. Nantes est très dynamique à ce niveau, et entre Numerama et la Cantine Numérique d’un côté, et la myriade de start-ups technophiles de l’autre, un hackerspace sera une nouvelle pièce de brassage culturel.
Enfin, il y a déjà un fablab à Nantes, et d’après ce que j’ai compris, il est sur le point de faire une bouture. Les fablabs sont sensiblement différents des hackerspaces, entre autres pour leur finalité : même s’il est souvent possible dans un hackerspace de construire des choses, la finalité reste le partage de connaissances, et non la construction en soi. Peu importe que les gens viennent pour faire ou pas, dans un hackerspace. En bref, c’est assez complémentaire du hackerspace. Il y a d’ailleurs peut-être une opportunité là-dedans : le fablab pourrait fournir le local du hackerspace. Mais c’est pour l’instant une idée en l’air, et il faudra que tous les intéressés se rencontrent.
What do?
D’abord, en discuter. On l’a déjà fait ce soir, on était 4. Ce qu’on a rapidement dit, c’est qu’il semblait pertinent de s’installer en premier lieu à B17, le local associatif utilisé notamment par Faimaison et Linux Nantes. C’est un lieu sympa, grand, en centre-ville, très intéressant pour se retrouver. Il y a des PCs, du réseau, des tables, il n’y a pas besoin de plus pour lancer une dynamique. Si on peut y stocker une caisse de matériel et d’outillage pour faire un peu d’électronique de base, ça couvrira déjà 80% des activités que j’ai pu voir en un an d’existence du Nicelab. Alors certes, ça implique de mutualiser le lieu, donc de ne pas l’ouvrir comme bon nous semblerait, et ce sera compliqué d’y laisser du matériel un peu lourd (comme une perceuse à colonne). Mais il faut savoir faire des compromis, sinon on n’est pas prêts d’avancer. Et pour ne pas décider de trop de choses à 4, même si je suis assez partisan d’un fonctionnement faisocratique pour un tel projet, je proposerai dans les prochains jours de faire une nouvelle réunion, dans le but de faire connaissance et de commencer à échanger sur des projets. La suite se planifiera à ce moment, je n’ai pas de visibilité sur la façon dont les choses vont évoluer, étant donné qu’idéalement, il s’agira de la somme de ce que tous les membres y apporteront.