Quelques notes.
http://blogs.gplindustries.org/sites/default/files/PolitiqueMarchésPublics.pdf
Cyrille Béraud.
Cyrille.beraud@savoirfairelinux.com
Dans le but d’aider les entreprises d’ici à pénétrer de nouveaux marchés, et en vue d’accroître son propre recours à
l’innovation, le gouvernement québécois favorisera, dans le cadre de ses appels d'offres publics, l’achat de produits innovants.
( … ) En favorisant l’innovation au moyen des marchés publics, l’État québécois contribuera à accélérer la mise en marché de
technologies innovantes et de technologies propres développées par des entrepreneurs d’ici, par l’entremise des achats publics. »1
préserver les investissements déjà réalisés;
ouvrir les marchés publics aux petites et moyennes entreprises québécoises;
tirer profits des logiciels libres et des technologies ouvertes.
Imaginons la situation simple d'un organisme public ayant identifié le besoin d'une solution logicielle. Il lance un appel d'offres et reçoit deux offres
équivalentes en terme de fonctionnalités et au même prix. L'une est construite sur des logiciels privateurs, l'autre s'appuie sur des logiciels libres.
Les deux offres sont au même prix, mais ont-elles la même valeur pour l'État ?
Il est facile de montrer que, si le prix est le même, cette valeur est très différente. Ce différentiel de valeur, non-pris en compte dans les appels
d'offres est, d'après nous, l'obstacle principal à l'adoption des logiciels libres dans les organismes publics:
C'est un service – l'État loue le logiciel. Il ne possède ni le logiciel ni les codes sources. |
C'est un bien (un actif) – l'État possède le logiciel et les codes sources. |
Le logiciel ne peut pas être copié, ni redistribué. Les restrictions d'usages sont généralement très importantes. |
Le logiciel peut être copié, redistribué - sans frais pour l'État - par exemple dans d'autres organismes qui en profiteraient. |
Le logiciel ne peut pas être modifié ou ajusté selon les besoins. L'État ne peut pas capitaliser. C'est une dépense courante. |
Le logiciel peut être modifié, ajusté selon les besoins, amélioré. C'est une solution sur laquelle l'État peut capitaliser. C'est un investissement. |
Seul le fournisseur peut fournir du support, la maintenance et l'évolution de la solution. (situation monopolistique). |
L'évolution, le support et la maintenance peuvent être réalisés par plusieurs entreprises (marchés concurrentiels). |
L'État ne peut pas garantir la sécurité de sa solution. |
L'État peut garantir la sécurité de sa solution. |
La différence essentielle entre les deux solutions est la valeur patrimoniale de la solution. Celle-ci se résume dans le premier item du tableau :
dans le cas de la solution en logiciel libre, l'État possède un actif. Dans l'autre cas, il est juste locataire.
Dans un cas il possède un patrimoine qu'il peut faire fructifier, dans l'autre, il ne possède rien (ou pas grand chose).
Schématiquement, les critères de la politique d'achat du gouvernement du Québec s'articulent autour de deux paramètres : le prix (P) et la qualité (K).
Un contrat est adjugé au plus-bas soumissionnaire dont le prix est ajusté par la qualité. Ce prix « ajusté » est calculé ainsi :
avec
Les critères permettant de calculer la valeur de K sont par exemple, en fonction du contexte : la capacité de relève du fournisseur, l'expérience
des ressources proposées, l'existence d'un système de gestion de la qualité (ISO), etc...
Nous proposons d'introduire un nouveau paramètre d'ajustement établissant la valeur patrimoniale (V) de la solution proposée.
avec et
Les critères permettant de calculer la valeur V pourraient être :
Critères pour le calcul de la valeur patrimoniale d'une solution logicielle |
Respect du cadre commun d'interopérabilité du gouvernement du Québec |
Absence de restrictions d'usage |
Droit de modifier le logiciel |
Droit de copier le logiciel |
Droit de redistribuer le logiciel |
Possession de la propriété intellectuelle |
Nous suggérons de fixer arbitrairement la valeur de V à 0,4 pour les contrats inférieurs à 1M$ et laissons le soin aux DPI de
fixer V pour les contrats de valeurs supérieures.
1. Permet de préciser le rôle et les responsabilités des acteurs :
Aux politiques, de délimiter le périmètre patrimoniale de ses systèmes d'informations.
À la fonction publique de mettre en œuvre ce périmètre en jouant sur la valeur de V.
2. Ne pas opposer logiciel libre et logiciel privateur. Mais plutôt en terme stratégique : identifier les périmètres où l'État a intérêt
à être locataire ou propriétaire (Services ou biens).
3. Préservation des investissements déjà réalisés.
Les projets déjà engagés peuvent être protégés en ajustant le coefficient V. Le locking fournisseur jouant au maximum lorsque V est au minimum.
4. Accès des PME/PMI en TIC aux marchés publics :
Le logiciel libre est la voie qui permet aux petites et moyennes entreprises d'accéder aux marchés publics. En effet, dans le modèle conventionnel,
l'obstacle principal est la gestion du risque. Le risque de défaillance d'une petite entreprise est important et pourrait avoir des conséquences graves
pour les MO. Dans le contexte du libre, les MO possèdent les sources et le marché du support et de la maintenance est ouvert et concurrentiel.
Le risque est donc beaucoup plus faible.
5. Permet à l'État d'accéder aux technologies innovantes de manière raisonnée en optimisant la gestion du risque.
6. Permettre à l'État d'obtenir aux meilleurs prix les meilleurs produits et services; Puisque le coefficient V favorise les solutions qui s'organisent
autour d'un marché ouvert et concurrentiel.
7. Minimise les impacts négatifs d'une approche favorisant le plus bas soumissionnaire. Même si le prix reste le paramètre central, l'introduction
du coefficient V réduit son emprise et donc les stratégies commerciales agressives et déloyales.
8. Permet de construire des appels d'offres autour d'un ensemble de critères lisibles, simples, tangibles et incontestables.
1http://www.mesrst.gouv.qc.ca/recherche-science-et-technologie/politique-nationale-de-la-recherche-et-de-linnovation-pnri/politique-nationale-de-la-recherche-et-de-linnovation-2014-2019-investir-dans-la-recherche-et-linnovation-cest-investir-dans-le-quebec/#c10323
Il y a quelques jours, la presse annonçait la mise à l'écart de Henri-François Gautrin, député de Verdun (PLQ).
Aujourd'hui on annonce le départ de la vie politique de Marie Malavoy, députée de Taillon (PQ).
J'ai rencontré plusieurs politiciens ces dernières années pour leur parler de l'importance du logiciel libre pour le Québec.
Marie Malavoy et Henri-François Gautrin, je les ai rencontrés tour à tour comme membre de l'opposition et puis comme membre du gouvernement.
Pour avoir travaillé avec eux deux à quelques reprises, je veux témoigner du fait que le mouvement du logiciel libre au Québec perd deux alliés de poids.
J'ai beaucoup appris à leur contact et beaucoup des avancées que nous avons faites au Québec leur sont soit directement ou indirectement redevables.
Nous verrons bien comment les cartes vont être redistribuées...
À bientôt, je vous donne rendez-vous dans quelques jours pour faire le bilan de l'action du gouvernement Marois concernant le logiciel libre.
La revue Relations m'a demandé un article sur le logiciel libre dans le cadre du numéro de décembre 2013 sur le thème du don. Il est maintenant en ligne!
http://www.cjf.qc.ca/fr/relations/article.php?ida=3274#!
«
Du consentement de l’Assemblée pour déroger aux article 84.1 et 185 du Règlement, M. Bédard, ministre responsable de l’Administration gouvernementale et président du Conseil du trésor, conjointement avec M. Gautrin (Verdun), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Le Bouyonnec (La Prairie), Mme David (Gouin) et M. Ratthé (Blainville), propose :
QUE l’Assemblée nationale souligne la Journée internationale du logiciel libre qui avait lieu le 21 septembre;
QUE l’Assemblée salue toute initiative en vue de l’édition et de la diffusion de logiciels libres au Québec, et qu’elle encourage le gouvernement à poursuivre ses efforts pour promouvoir l’utilisation du logiciel libre au sein de l’administration publique.
Du consentement de l’Assemblée, la motion est adoptée.
»
La licence GPL et ses dérivées ne sont que des mots. En consentant librement à y subordonner le fruit de notre travail, nous avons commencé à changer le monde. La motion adoptée par l'Assemblée nationale, ce ne sont aussi que des mots, elle sera ce que nous en ferons.
Ce sont nos amis de l'APRIL qui ont le premier saluer l'événement : http://www.april.org/lassemblee-nationale-du-quebec-adopte-une-motion-sur-le-logiciel-libre
Jean-François Ferland de Direction Informatique a fait un très bon papier : http://www.directioninformatique.com/le-quebec-salue-le-logiciel-libre/21900
Pierre Asselin du journal le Soleil a aussi salué d'une bien belle manière cet événement :
http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201309/24/01-4692812-la-loi-du-code.php
Vous trouverez ici le lien sur le communiqué de presse de FQCIL et APELL : http://www.newswire.ca/fr/story/1230753/la-fqcil-et-l-apell-saluent-l-adoption-par-l-assemblee-nationale-du-quebec-d-une-motion-sur-le-logiciel-libre
(...) Le service public du numérique éducatif devra « utiliser en priorité des logiciels libres et des formats ouverts de documents ».
Le contraste est très frappant avec la politique de Marie Malavoy ministre de l'éducation au Québec.
Il y a encore des pays où la politique ne se résume pas à faire de la business avec des multinationales et n'est pas ravalée à de la communication creuse.