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alterlibriste : Quand les politiques décident sur ce qu'ils ne connaissent pas

lundi 4 juillet 2016 à 16:53

En lisant le bel article de commémoration d’Erwan Cario à Michel Rocard, je me suis interrogé sur les capacités informatiques de ceux qui gouvernent et font les lois.
Ce domaine n’est pas une exception, ils n’ont en général qu’une vision très lointaine ou biaisée de la plupart des sujets sur lesquels ils décident pour nous.
Michel Rocard avait eut la sincérité d’avouer que les outils technologiques n’étaient pas sa tasse de thé (il faut aussi se remettre dans le contexte quinze ans en arrière) mais il a pourtant agi pour éviter les brevets logiciels parce qu’il en a compris l’enjeu, comme quoi, ce n’est pas impossible.

Qu’en est-il à l’heure actuelle où les lois prévoient d’un côté une priorité, puis une préférence puis plus rien du tout pour favoriser les logiciels libres ?

Les gens qui nous gouvernent sont un peu plus jeunes que Michel Rocard mais ils étaient déjà adultes (et probablement dans la politique) lors de la percée de l’informatique dans les années 90, de l’internet dans les années 2000 et des réseaux sociaux et appareils mobiles depuis 2010.
Quelles sont leur utilisation des outils informatiques ?
Probablement pas de bureautique réalisée par leurs secrétaires et assistants, sans doute un peu de recherche sur internet, la gestion de leurs pages web est laissée à leur équipe de comm’ et on va leur accorder qu’ils doivent majoritairement savoir manier Twitter afin de s’envoyer les petites phrases qu’ils réservaient auparavant aux caméras (ça permet aussi de s’occuper lors des assemblées).

Donc en gros, il utilisent un téléphone et peut-être une tablette pour visualiser du contenu pendant leurs déplacement ; les claviers physiques ne doivent pas leur être très familiers.
Et après on s’étonne qu’ils veulent équiper les écoles avec les mêmes outils ?
Ce n’est finalement que leur propre vision du monde de l’informatique ; même pas sûr que le mot système d’exploitation leur évoque quelque chose de précis. Finalement, ils ont a peu près le même niveau que nos parents et ont très probablement peur de toute technologie qu’ils ne connaissent pas. Quand on pense que l’accès au téléphone de la chancelière allemande n’était pas un problème pour les services de renseignements américains...

Oui, parce qu’avec ce niveau d’appréhension d’une technologie, leur parler de libertés logicielles, de neutralité du net, de vie privée, de sécurité, c’est comme si un agriculteur voulait leur expliquer comment on fait pousser des pommes de terre. Donc ils ne s’en remettent qu’a ceux qui les conseillent ou ont un intérêt dans l’affaire, à savoir les lobbies et grands groupes. Des assos comme la Quadrature du Net ont bien essayé, mais ils ne font pas le poids et surtout n’ont rien à proposer en échange.

Ils auraient pourtant tout à gagner à libérer l’informatique des services publics et pourraient même tenter ce qu’ils appellent de leur voeux comme un OS ou un cloud souverrain. Projet qui se vautrera lamentablement en gaspillant les deniers publics s’ils font faire ça par une entreprise et de façon fermée. Il n’y a qu’à penser à leur magnifique dernière invention concernant le Système d’Alerte et d’Information des Populations (SAIP) : pour les détails, et pour boucler la boucle, je vous renvoie vers le 56Kast du même Erwan Cario qui en faisait une excellente critique, en bref, une appli valable que sur Android et IPhone pour en principe être alerté en cas d’attaque terroriste ou autre catastrophe alors qu’il existe une norme internationale pour envoyer des SMS à tous les téléphones autour d’une antenne émettrice mais pas activée en France...

Bref, un jour les décideurs se mettront peut-être à réfléchir ou demanderont les différentes possibilités à ceux qui savent, en attendant, heureusement qu’il y a eu quelques exceptions qui se sont intéressés au sujet pour éviter de faire des bêtises.

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