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alterlibriste : Il n'y a pas que le codage dans l'apprentissage numérique

mercredi 11 février 2015 à 23:10

Ce n’est pas parce que l’on apprend le fonctionnement des outils informatiques à l’école que tout le monde deviendra développeur tout comme ce n’est pas parce que l’on a fait de l’électricité en physique que nous sommes devenus électricien mais cela nous a permis de comprendre que ce n’était pas de la magie et qu’il fallait certaines conditions pour que cela fonctionne (du style : un circuit contenant une ampoule, une source d’énergie et un interrupteur ; si le circuit est fermé l’ampoule s’allume). C’est une base, après les formules complexes, si on n’en a pas besoin, on les oublie vite et si nécessaire, on va les rechercher pour savoir si l’ampoule en question peut être alimentée par ma source d’énergie.

Tout ça pour dire que l’algorithmique, dont je parlais dans mon billet précédent va permettre de comprendre la logique du fonctionnement de tout système informatique et éventuellement ses dysfonctionnements (c’est à dire que si un programme plante à un moment, en refaisant la même séquence d’opérations, il y a des chances qu’il plante à nouveau). Mais pour se débrouiller en informatique, il y a bien d’autres compétences nécessaires et la programmation n’est pas indispensable pour monter et configurer un système. Chacun a ses domaines de compétences et ses limites ; personnellement, je cale sur l’électronique et suis totalement dépassé en programmation mais si je trouve les tutoriels adaptés, je suis tout à fait capable d’installer n’importe quel système, de compiler des programmes ou de trifouiller les fichiers de configuration.

Mais reprenons au début : un système informatique commence par le matériel. Pour ceux qui connaissent les différents composants et la connectique, cela ne semble pas sorcier mais si l’on a eu entre les mains que des objets scellés dont même la batterie n’est pas remplaçable, cela devient déjà plus compliqué.
Après le matériel, il y a le système de base qui gère les composants aussi appelé BIOS. De même, celui qui ne s’y est jamais plongé n’a pas forcément les capacités de faire booter le PC sur tel ou tel périphérique ou paramétrer la vitesse du ventilateur en fonction de la température du processeur. Quelques détails important dans la mise en place d’une machine.
Puis vient l’installation du système d’exploitation. Elle est de plus en plus aisée mais passe par la partie un peu ésotérique de la partition des disques durs, des formats de systèmes de fichiers, de leur éventuel chiffrement, de la création du compte administrateur et du/des compte(s) utilisateur(s).
Une fois cela terminé, il y aura à configurer l’environnement de travail en fonction des besoins/habitudes/capacités de l’utilisateur et à installer les différents périphériques ainsi que tous les logiciels nécessaires. Reste à s’assurer que tout fonctionne.

Nous en avons enfin terminé avec la partie installation du système et je pense que c’est dans cette partie que j’ai le plus de capacités. Jusque-là, il n’a pas été question de la moindre ligne de programmation, tout au plus quelques modifications dans les fichiers de configuration. Et pourtant, toutes ces étapes sont indispensables au fonctionnement de n’importe quel objet numérique et tout a été fait pour que personne n’ait à s’en soucier car lorsqu’on achète un appareil, il n’y a rien d’autre à faire que de brancher (ou charger la batterie) et d’appuyer sur le bouton de mise en marche. C’est là le génie des systèmes propriétaires : avoir réussi à rendre captif tous les utilisateurs en imposant leur système tout comme l’industrie agro-alimentaire vend des repas tout prêts qui ne nécessitent plus de savoir faire la cuisine et encore moins de les cultiver.

Soyons francs, cette partie d’installation n’intéresse aucunement la plupart des utilisateurs qui ne souhaitent pas savoir comment ça fonctionne mais juste que ça marche. Finalement, pour pouvoir utiliser des logiciels libres, il faut déjà se libérer du matériel. Je reviendrai probablement dans d’autres billets sur les différents aspects du mot libre qui est souvent utilisé en dehors de la définition des logiciels libres mais pensez-vous que l’on soit tous libres d’utiliser les systèmes et logiciels que l’on souhaite ? Pas si on ne s’est pas libéré de ces contraintes matérielles. Un utilisateur qui ne s’en est pas libéré et qui vous a demandé de vous installer une distribution GNU/Linux parce qu’il le souhaite ou que vous l’avez convaincu est-il plus libre qu’avec un système propriétaire ? Pas du tout, il est maintenant dépendant de vous lorsqu’il aura un problème ou souhaitera modifier son système.

La liberté vient de l’affranchissement de toute dépendance à quelqu’un ou à quelque chose, l’idéal étant d’être capable de tout faire soi-même mais ce n’est jamais le cas. Et on a beau taper sur tou(te)s les Michus de la société, ils/elles n’ont pas envie ni besoin de savoir faire cela et dépendent de nous tout comme on dépend d’eux/elles pour faire un ourlet à notre pantalon, à nous préparer certains plats ou savoir quoi faire avec un enfant malade.
Parce que oui, nous aussi baissons les bras devant certaines difficultés alors qu’il nous serait possible de les surmonter si on voulait bien apprendre à le faire, mais cela ne nous intéresse pas forcément.

Et cela peut aussi arriver au niveau technologique même si on a de bonnes capacités de départ. Personnellement, j’ai abandonné toute velléité de comprendre le fonctionnement du combi tv/dvd-enregistreur/tnt/satellite des beaux-parents parce que chacun des appareils veut prendre le dessus et que si la séquence de mise en marche n’est pas bonne, on n’arrive jamais à ses fins. Pourtant, ma belle-mère très peu technophile a réussi à apprendre cette séquence (en foirant parfois des enregistrements quand même). Tout cela pour dire que même les gens qui ne comprennent pas peuvent arriver à utiliser correctement si on leur donne les bonnes consignes et qu’elles sont prêtes à apprendre et les respecter.

L’idéal est de pouvoir former les utilisateurs à se débrouiller seuls pour l’utilisation quotidienne et leur donner les moyens de régler les problèmes qui surviennent régulièrement. Souvent une prise de note peut être nécessaire mais ils sauront ensuite gérer les situations les plus courantes.

Inutile de vouloir faire apprendre à tout le monde comment installer un système par contre, il est important que les nouvelles générations sachent que cela est possible, qu’on leur montre comment le faire et comment trouver les façons de le faire. Car ceux que cela intéresse pourront développer ces capacités qui permettent à une partie de la société d’être libre face à la technologie et d’en faire profiter leur entourage. Voilà pourquoi je répète qu’un Raspberry Pi est bien plus intéressant qu’une tablette pour apprendre le numérique à l’école.

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