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Stéphane Laborde : Vénézuela : le revenu minimum baisse

mardi 28 janvier 2014 à 12:18

Zoom relativiste sur le Vénézuela aujourd’hui. Suite à la parution de ce post de Vénézuela infos qui annonce « augmentation du salaire et baisse du chômage ». J’ai voulu en savoir plus et utiliser l’approche relativiste pour mieux comprendre ce qui se passe chez nos amis Sud-Américains.

Hugo_Chavez (wikimedia)

Hugo Chávez 1954 – 2013 (wikimedia)

Le revenu minimum est donc annoncé dans ce post à 3270 bolivars « en hausse ». Mais un relativiste sait parfaitement que l’on ne peut aucunement se fonder sur l’unité monétaire pour se faire une idée correcte, mais qu’il convient d’utiliser l’unité relative, celle qui est en rapport à la masse monétaire par citoyen, (ou au Dividende Universel qui lui-même est déjà relatif).

Pour réaliser cette analyse il faut tout d’abord nous munir des éléments relativistes fondamentaux, à savoir : de l’espérance de vie des Vénézueliens qui s’établit à 74 ans, de l’évolution de la masse monétaire que l’on peut récupérer sur le site de la banque centrale Vénézuelienne (Agregados Monetarios -> Liquidez Monetaria), et enfin très important, surtout dans ce cas, de l’évolution de la population qui est en croissance non négligeable puisqu’elle est passée de 18 millions en 1990 à près de 30 millions aujourd’hui.

Munis de ces données annuelles nous pouvons réaliser une analyse du phénomène du point de vue de la Théorie Relative de la Monnaie, tout d’abord en faisant le calcul de la fourchette acceptable du Dividende Universel associé selon l’espérance ou 1/2 espérance de vie (ev ou ev/2).

Une donnée fondamentale qui non-seulement nous permettra de calculer une fourchette pour le Dividende Universel attendu, mais aussi nous permet d’avoir un point de repère quant à la création monétaire elle-même, puisque une masse monétaire libre croît au même rythme que le DU.

Avant tout chose voyons l’évolution de la masse monétaire par citoyen de 1990 à 2014 (qui est pour 2014 d’environ 40 000 bolivars par citoyen) :

Masse Monétaire Vénézuela 1990 - 2014

Masse Monétaire / Citoyen – Vénézuela 1990 – 2014 (courbe verte = croissance annuelle)

Premier constat : c’est sportif ! Très au delà du taux de symétrie temporelle de 9,76% / an, la croissance monétaire évolue de +20% à +70% par an. A noter que cette évolution monétaire n’a pas attendu l’élection de Hugo Chávez en 1998, puisque c’était déjà très sportif de 1990 à 1999.

Ceci étant dit il faut tempérer ce premier constat, puisque démarrant en 1990 avec 2 bolivars par citoyen, on peut considérer que le Vénézuela commence à peine à monétiser largement son économie. Ce n’est pas comparable à une économie largement monétisée depuis au moins une 1/2 vie (37 ans ici) toute phase d’initialisation (phase équivalente à une phase d’expansion) passant forcément par une période d’accélération non-inertielle.

On note que la tendance de cette croissance est tout de même exceptionnellement forte, erratique et ne montre pas pour le moment de signe de convergence vers une croissance temporelle symétrique (voir symétrie temporelle, la TRM en 5 points, la TRM en 2 points).

Maintenant voyons l’évolution du revenu minimum, par rapport à la masse monétaire par citoyen. Tout d’abord récupérons les données quantitatives.

RdB non-inconditionnel Vénézuela 1990 - 2014

SMIC quantitatif Vénézuela 1990 – 2014

Et maintenant ce qui nous intéresse vraiment, en relatif par rapport à la double masse monétaire.

Vénézuela SMIC relatif 1990 - 2014

Vénézuela SMIC relatif à la masse monétaire par citoyen 1990 – 2014

L’évolution de ce revenu minimum (mensuel) est donc en baisse régulière de 2004 à 2014 puisqu’il est passé de près de 12% / mois / double masse monétaire par citoyen à 3,98%. Là encore on notera que ce n’est pas un phénomène spécifique à la période politique puisqu’avant l’élection de Hugo Chávez il avait déjà subi une période de baisse de 1992 à 1996 passant de 7,79% à 4,39%.

Comparons ce qui est comparable, en France le SMIC mensuel en 2014 est de 1365 € par mois, soit 2,13 % / mois / double masse monétaire par citoyen.

Ce revenu minimum Vénézuelien est donc fort en comparaison, si fort, qu’il oblige à une création monétaire élevée pour être maintenu (une création monétaire par citoyen moyenne équivalente de 42% / an entre 2004 et 2014).

On perçoit donc ici une expression du lien irréductible entre monnaie minimale par citoyen et croissance monétaire que permet de comprendre la Théorie Relative de la Monnaie. L’un ne va pas sans l’autre. Donc qui dit arrêt de la croissance monétaire, dit forcément problème au niveau de la monnaie minimale par citoyen…

Les Vénézuéliens, eux, n’ont pas de problème sur cet extrême, mais sans doute un problème sur l’autre extrême, une croissance monétaire trop forte (et surtout non-libre puisque sans DU associé, donc non-symétrique dans l’espace).

Il semble donc bien que les fondements d’une monnaie libre sont bien ceux d’une monnaie évitant ces deux extrêmes…

Enfin pour finir, voyons ce que devrait être le Dividende Universel inconditionnel et cumulable au Vénézuela en 2014, pour une masse monétaire M3 de 1232 milliards de bolivars, une population de 30 millions de citoyens, et une espérance de vie de 74 ans :

Soit donc un Dividende Universel (DU) qui, s’il était mis en place au Vénézuela en 2014 devrait s’établir entre 398 bolivars / mois et 668 bolivars / mois conformément aux fondements d’une monnaie libre. Ce qui placerait le SMIC Vénézuélien actuel entre 5 et 8 DU, contre un SMIC français de 2,7 DU en 2014.

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