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Politique du Netz : Les opérateurs téléphoniques nous font payer 100 000 fois plus cher que nécessaire

mercredi 28 novembre 2012 à 01:04

Un rapport de l’OCDE passé relativement inaperçu explique pourquoi les opérateurs de téléphonies n’améliorent pas les connexions à Internet des entreprises et des particuliers européens : en forçant leurs clients à utiliser la téléphonie classique plutôt que la téléphonie par Internet ils pratiquent des tarifs trop élevés de cinq ordres de grandeur.

Ce rapport cité par Glyn Moody décrit à quel point l’architecture horizontale d’Internet surpasse l’architecture verticale des réseaux de téléphonie classiques en terme d’efficacité et remarque que pour 99,5% des connections sur Internet aucun accord écrit n’a dû être signé. (Au contraire en téléphonie classique vous ne pouvez même pas vous abonner sans accord écrit). Ce rapport se base sur ces observations pour affirmer que l’industrie des télécommunications n’a pas à se mêler d’Internet à la prochaine réunion de l’ITU (International Telecommunications Union), en accord avec  la récente résolution du Parlement européen.

Mais ce rapport souligne aussi un autre phénomène : Internet offre bien plus de services que les services de téléphonie traditionnels à un coût moindre de cinq ordres de grandeur. En d’autre termes, l’industrie des télécommunication fait actuellement payer ses services de téléphonie cent mille fois trop cher par rapport au prix des connexions Internet. (Ce qui est en accord nos précédentes observations évaluant à exactement zéro les prix à venir des communications vocales et du stockage de données, l’OCDE ayant probablement plus de poids que ce site). Si les opérateurs de téléphonies parviennent à maintenir cette situation, c’est parce qu’ils contrôlent fermement les accès au marché, ayant racheté tous les petits fournisseurs d’accès à Internet alors que celui-ci commençait à se démocratiser. Développer les accès à Internet en fonction des intérêts des consommateurs n’est pas dans leur intérêt, ils ne le font donc pas.

Cette position de gardien ne leur sert pas uniquement à empêcher le développement du réseau — elle leur sert aussi à empêcher les infrastructures actuelles de menacer leurs profits obscènes (pensez par exemple aux applications de voix sur IP pour smartphones et à la façon dont la plupart des opérateurs de téléphonie sabotent le débit de Skype).

Il est difficile d’appréhender cette énorme aberration — un surcoût de cinq ordres de grandeur — voici un exemple plus parlant.

Si votre facture de téléphone était de 500 euros l’an dernier, elle aurait dû être d’un demi-cent d’après l’OCDE.

La performance du modèle Internet est sans rapport avec celle des formes traditionnelles de communication vocale. Si le tarif du trafic Internet était exprimé en prix à la minute de communication vocale, il serait de 0.0000008 $ par minute cinq ordres de grandeur moins élevé que les tarifs usuels.

Nous avons déjà évoqué cette situation absurde où nous devons l’absurdité de payer à la minute pour une connexion de 9,6kb/s, qui ne peut être utilisée que pour les communications vocales, alors que nous avons à notre disposition une connexion sans restriction à des débits de plusieurs Mb/s.

Où vont tous les bénéfices de ces surtaxes ? Les opérateurs de téléphonies ne rendent pas leurs comptes publiques. La plupart de cet argent est investie dans la maintenance d’un réseau de téléphonie obsolète, servant à brider le développement d’Internet, qui est largement plus efficace et n’est pas sous la coupe d’une petite élite. Le reste entretient des sociétés qui n’ont pas évoluées vers des stratégies fondées sur le réseau — des sources sûres mais officieuses affirment que Deutsche Telekom a à elle seule un sureffectif d’au moins 100 000 employés.

Il n’est pas dans l’intérêt public d’entretenir des emplois qui n’apportent rien à la société (sans quoi nous en serions encore à labourer les champs à la main et à détruire les machines à tisser). Si nous pouvions mettre en phase l’industrie des télécommunications et l’intérêt public cette industrie serait décimée, mais la nouvelle génération serait libre d’entreprendre et la croissance économique exploserait dans de nouveaux secteurs. C’est dans l’intérêt de tous.

Bon, de tout le monde sauf cette industrie. Jusqu’à ce que cette situation change — et il faudra probablement passer par des réformes politiques pour cela, en commençant par la neutralité des réseaux, puis en ouvrant le développement des réseaux à d’autres acteurs que les sociétés de télécommunication — nous continuerons à subir ces surcoûts et le développement de l’accès à Internet restera bridé, stoppé sur place puis retardé.

Article original de Falkvinge.

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