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Philippe Scoffoni : LibreOffice au catalogue des Solutions Cloud Pro de Bouygues Telecom

dimanche 17 novembre 2013 à 14:58

Bouygues Telecom propose une offre de support à ses clients sur le logiciel de bureautique libre LibreOffice. Si l’apparition de cette offre est très positive, sa mise en œuvre n’est pas sans rappeler les erreurs commises par le passé avec l’implémentation des systèmes d’exploitation GNU/Linux sur les Netbook. Mal ficelé, mal supporté, ce fut l’échec. Qu’en est-il de cette offre dont certains points sont assez dérangeants  ?

Voilà une découverte pour le moins étonnante que l’on m’a communiquée par mail ce samedi. Je vous laisse juger :

bouygues-libreoffice

Ca fait drôle non ? On trouve cette offre dans le catalogue Solutions Cloud Pro de Bouygues Telecom. Soyons clairs, je ne suis pas en train de vous faire une publicité déguisée ou un article sponsorisé. Mais l’apparition de ce type d’offre est en effet très intéressante.

Tout d’abord, elle viendrait contredire mon dernier article sur les difficultés de LibreOffice à s’implanter dans les entreprises. Si Bouygues se fend d’une offre c’est qu’il y a un marché. Mais où donc alors ? Dans les entreprises de moins de 10 personnes, chez les artisans et autres toutes petites structures si l’on se réfère à la cible affichée pour cette offre.

Dans mon article, l’étude de Forrester portait sur un panel de leurs clients donc des grosses boutiques. Le genre de grosses boutiques qui n’adresse pas une offre comme celle-ci. Je maintiens qu’au-delà d’une certaine taille (disons 25 salariés) la pression des outils Microsoft devient prégnante. Elle diminue dans les très grosses structures qui peuvent se permettre de leur faire un pied de nez. C’est ce que l’on constate dans certaines de nos administrations utilisant la suite bureautique libre.

J’ai quoi pour 3,50 € HT par mois ?

Si l’offre est marquetée « cloud », j’ai bien l’impression qu’il n’en est rien. L’utilisateur a la possibilité de télécharger LibreOffice et de disposer des mises à jour. Voilà, qui fera déjà sourire les libristes et lancer un « Et donc ? ». Ce n’est pas tout et bien heureusement, un lien vers un outil de tchat web a été intégré. C’est grâce à lui qu’est dispensé un support à l’utilisation du logiciel.

Est-ce que cela vaut 3,50 € HT par mois ? Somme toute, même si le support est réduit à la portion congrue, je dirais que oui. Si je dois choisir entre acheter une licence Microsoft Office 2013 à 220 € HT sans support (pour une version Petite Entreprise) et payer 42 € HT par an pour un outil qui semble similaire, mais pour lequel j’aurais un support a minima et toutes les mises à jour sans supplément, j’avoue que je me laisserais tenter par LibreOffice.

L’offre de Bouygues est plutôt « intelligente ». J’avoue que j’en serais presque à applaudir des deux mains. Sauf erreur toujours possible, c’est la première offre portée par un très gros distributeur qui voit le jour en France. Elle donne à LibreOffice une visibilité très intéressante dans ce qui semble être son cœur de cible aujourd’hui.

Confusions

Tout d’abord ce chapitre de la présentation de l’offre concernant le support :

support-bt-loo
Là c’est un gros mélange et de quoi bien embrouiller l’utilisateur sur qui fait quoi et les responsabilités des différents acteurs. Si je lis sans trop me casser la tête, je comprends que le support est « assuré par LibreOffice ». Or quand on lit le contrat, on constate que Bouygues s’appuie sur une société : Onutcorp Services domiciliée en Espagne au capital de 3000 € et qui n’a visiblement pas de site web. Ce point me refroidit un peu. Étonnant que ce ne soit pas une société française et étonnant que Bouygues travaille avec un aussi petit partenaire. Si j’étais mauvaise langue, je dirais que cela sent le montage financier. Bref l’offre est loin d’être claire et semble être issue d’un joyeux « mashup » de ressources prises à droite et à gauche.

Reste à savoir si The Document Foundation verra quelques remontées financières. Là, je reste également sceptique. Au vu des échanges sur la liste de diffusion, celle-ci n’a pas été impliquée. Et visiblement Bouygues devrait recevoir un coup de fil ou courrier de leur part prochainement.

Cependant je ne saurais que trop conseiller à The Document Foundation de trouver un compromis (avec pourquoi pas des retombées financières) pour ne pas tuer une initiative qui est positive, bien que mal montée. Je m’assurerais aussi des compétences de la société chargée du support. Rien de pire s’il n’était pas à la hauteur, car c’est évidemment LibreOffice qui en payerait le prix.

Dommage que l’offre soit réservée aux clients des offres de services Bouygues Telecom, sinon j’aurais bien fait un test, voire conseillé à certains de mes clients de l’essayer, pour évaluer la qualité du support fourni.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 17/11/2013. | Lien direct vers cet article

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