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Frédéric Micout : L'enjeu derrière nos usages numériques

mardi 14 février 2017 à 23:46

J'ai eu récemment la chance de pouvoir faire une présentation de GNU/Linux à quelques personnes d'horizons variés et aux motivations diverses. J'avais bien entendu préparé mon intervention et j'avais prévu de pouvoir faire le grand écart afin de répondre à un éventail assez large de questions. En effet, je ne savais pas à l'avance qui j'aurais en face de moi.

La présentation s'est plutôt bien déroulée malgré un petit couac lorsque j'ai voulu présenter l'installation d'un système dans une machine virtuelle (l'effet Bonaldi, pour ceux qui se souviennent :p ). J'avais en outre prévu une petite présentation de l'historique ayant amené à la situation actuelle dans le logiciel libre en général, un focus sur ce qu'est une distribution GNU/Linux, un moment pour discuter de GNU/Linux au quotidien et un autre pour parler de quelques idées reçues.

Chose intéressante, et dont je veux parler dans ce billet, les interrogations de l'une des personnes venue assister à cette présentation. Il s'agissait d'un utilisateur Windows n'ayant pas apprécié la mise à jour quasi forcée vers Windows 10 et le côté intrusif de ce système, donc pas quelqu'un de spécialement technique à la base mais plutôt un utilisateur normal quoi. Un ami à cette personne lui avait conseillé d'installer (GNU/)Linux à la place parce que ce système protège la vie privée et qu'il ne décide pas tout seul de ce qui est bien pour vous.

En passant, j'étais un peu gêné car le système d'exploitation quel qu'il soit est capable de plein de choses, c'est sûr, mais il n'a pas directement vocation à protéger la vie privée de ses utilisateurs. Bon, dans le cas de Windows, la tendance va plutôt dans le sens opposé mais pour en revenir à GNU/Linux, même si cet environnement n'est pas curieux de nature concernant vos données, ce n'est qu'un outil. C'est votre usage de l'outil qui est le plus important là dedans.

L'idée que j'ai essayé de faire passer lors de cette présentation, c'est que l'enjeu important derrière nos usages numériques, c'est la confiance que l'on porte dans les systèmes que l'on utilise. Le mot "Confiance" est vraiment central. En fait, et c'est là ou je veux en venir, c'est qu'en fonction des outils qu'on utilise et des usages que l'on en a, on va tous consciemment ou non définir notre zone de confiance propre. Dans cette zone, on peut s'exprimer librement, expérimenter, penser quelque chose puis se dire que non, c'était une bonne grosse idée de merde, on peut avoir une certaine intimité, de la même manière que dans la vie réelle. Hors de cette zone, il y a tout ce qui est potentiellement public et que l'on peut donc vous reprocher ensuite. Par défaut, vous vous modérez, vous êtes prudent et vous montrez peut être même une nouvelle personne au monde qui vous entoure. Un être humain normal a besoin de ces deux zones.

Partant de là, la limite de la zone de confiance de l'utilisateur dont je parlais plus haut se situe à peu près entre ses mains et son clavier. C'est en tout cas se qui se passe à mon sens quand on ne peux pas faire confiance à sa propre machine car elle ne joue pas avec vous mais pour un autre. Comme dans la vraie vie, il me semble dangereux de ne plus avoir d'espace où avoir une vraie intimité. Une zone où cacher toutes ces choses auxquels on ne pense plus quand on prétend ne rien avoir à cacher par exemple. Agrandir et préserver cette zone demande de nombreux efforts mais c'est important et nécessaire. Tous ceux qui se cassent un peu la tête pour utiliser ou faire du logiciel libre, pour s'auto-héberger ou pour avoir un regard critique sur leurs pratiques en ligne ont probablement, consciemment ou pas, déjà fait ce constat bien avant moi.

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