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Pourquoi pas Diaspora ?

vendredi 28 juin 2013 à 13:51

Après notre annonce d'un prochain réseau social estampillé "made in m0le", certains nous ont demandé pourquoi nous n'avions pas opté pour le challenger Diaspora. Les explications valaient bien un petit billet.

the_road

Tout avait si bien commencé...

Diaspora. Ce nom évocateur ne dit peut-être rien à certains d'entre vous, mais il y a une poignée d'années, il a suscité beaucoup d'espoir chez ceux qui n'ont jamais aimé le pouvoir intrusif de Facebook. Moi le premier.

On est au printemps 2010 et quatre étudiants américains annoncent leur volonté de créer une alternative libre à Facebook. Ils ont bien compris que le principal danger du réseau social bleuté est sa centralisation des données.

Le fonctionnement de l'alternative, présentée grossièrement, est simple : chaque utilisateur héberge ses données sur un serveur propre et décide de ce qu'il veut partager et avec qui, un peu comme avec le système P2P.

Les quatre étudiants lancent une levée de fonds via Kickstarter pour un futur développement de Diaspora. C'est le jackpot : plus de 125 000 dollars sont récoltés en quelques jours. Signe indéniable que l'idée d'un réseau social décentralisé plaît et qu'un public est prêt à payer pour qu'il voie le jour.

Une éternelle version alpha

C'est à l'aube de l'automne 2010 que sort la première version de Diaspora. Jusqu'ici tout va bien, et le rythme de développement est assez optimal. Des invitations sont lancées et les plus curieux peuvent commencer les tests.

Le truc en plus de Diaspora, après ces premiers tests, ce sont incontestablement ses Aspects. Pour la faire simple, il s'agit de groupes ("Amis", "Famille", "Travail", "Programmeurs") dans lesquels on peut assigner plusieurs de ses contacts.

Du coup, quand vous voulez partager quelque chose avec seulement une partie de vos contacts, il n'y a rien de plus simple : il suffit de sélectionner le.s Aspect.s à qui c'est destiné !

Bien sûr, l'alpha est une alpha, et à part quelques centaines d'aficionados dont je fus, le bouche à oreille a du mal à fonctionner. Qu'à cela ne tienne, la machine est lancée, et la V1 devrait être maniable dès la fin d'année.

Janvier 2011, toujours rien. Bon c'est pas grave, sûrement un peu de retard, ce sera bon pour février. Ah, non ? Mars, peut-être ? En fait, en octobre 2011, soit un an et demi après la première levée de fonds, les quatre pères de Diaspora appellent encore à donner des sous.

Aïe, aïe, aïe. Surtout qu'entre temps....

Google+ encercle le concept d'Aspect

En juin 2011, soit un an et deux mois après l'annonce du développement de Diaspora, Google lance Google+. Déjà très sonné par le bide incomparable de Wave, le géant de Mountain View espère se remettre en selle sur le marché des réseaux sociaux.

La particularité de Google+ ? Être visuellement très proche de Facebook, mais en permettant de trier ses contacts en "Cercles" à qui l'on peut destiner tel ou tel message. Simple, facile, bien plus évident à manier que les listes Facebook d'alors.

Tiens, mais ça ressemble quand même pas mal aux Aspects de Diaspora... Mais trop tard, l'idée de filtre qui aurait pu être associé à un challenger libre est dans l'imaginaire collectif maintenant attaché à Google, qui n'est pas pour autant moins intrusif que son collègue bleu...

Un drame qui précède un abandon

C'est le 14 novembre 2011 que Diaspora annonce le décès d'Ilya Zhitomirskiy, l'un des quatre étudiants à l'origine du réseau social libre. Il avait 22 ans, et la police s'oriente vers la piste du suicide. Les atermoiements de Diaspora n'en seront évidemment que plus forts.

Quelques saisons plus tard, c'est en août 2012 que les créateurs lâchent la bête : Diaspora est maintenant un "projet communautaire". Mais il faut peut-être comprendre que ses créateurs préfèrent simplement arrêter les frais.

Un peu dommage, car un appel à l'intelligence collective avant l'arrivée de Google+ aurait peut-être permis de lancer une dynamique capable de sortir un réseau digne de ce nom avant la "nouveauté" de Google.

On ne peut désormais plus réécrire l'Histoire, et la moitié des créateurs de Diaspora se consacre maintenant à makr.io, un service de partage d'images libre.

Contrairement à Framasoft qui considère que cette ouverture du projet pourrait être sa planche de salut, je doute que le buzz suscité en 2010 se reproduise auprès de la communauté libriste. Le développement de Diaspora a été trop lent, et après l'heure , c'est plus l'heure.

L'estocade technique

Peut-être Diaspora est-il au moins assez simple à intégrer techniquement pour se propager ? Je répondrai en reprenant fidèlement le récent commentaire de Nono, qui avait tenté le coup sur m0le en août 2012 :

Dans un premier temps, l'engouement suscité par Diaspora commençait à disparaître (non pas diminuer, vraiment disparaître).

Et surtout qu'après quelques bonnes heures passées à (juste) essayer de lancer une instance, je devais me résigner : échec cuisant.

Des dépendances qui n'en finissaient plus, des docs qui se contredisaient entre les versions anglaise et française, les compatibilités et les versions de certains paquets Debian, voire source, à compiler : un Capharnaüm sans nom.

Bref, Diaspora, j'ai assez perdu de temps avec :-)

Epilogue

Après avoir pensé à Jappix pour notre réseau social "made in m0le", nous penchons, grâce aux conseils de letroll (qu'il en soit encore remercié ;-) ), vers Movim. Histoire à suivre, donc !